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Risque chimique au travail : la mesure en temps réel en plein essor

Mesurer en temps réel les polluants dans l'atmosphère des lieux de travail permet d'améliorer la prévention du risque chimique. Cette métrologie présente toutefois des limites et ne peut remplacer les mesures conventionnelles.

TECHNIQUE  |  Risques  |    |  L. Radisson
Risque chimique au travail : la mesure en temps réel en plein essor

"La mesure en temps réel de polluants dans l'atmosphère des locaux de travail s'est démocratisée ces dernières années. Elle permet de répondre à de nombreux enjeux de prévention des risques chimiques", explique l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) qui a consacré une journée technique à cette question le 12 février dernier à Paris.

La métrologie en temps réel (MTR) au poste de travail peut être mise en oeuvre pour améliorer la sécurité des opérateurs et des installations, détecter une atmosphère explosive ou inflammable, un manque d'oxygène ou la présence de composés toxiques, irritants ou corrosifs. Elle permet aussi d'améliorer la prévention via une étude de postes, la préparation d'une stratégie de prélèvement, la protection collective ou la formation, explique Olivier Witschger, responsable du laboratoire de métrologie des aérosols à l'INRS – Centre de Lorraine.

"Techniquement, il faut distinguer les gaz et vapeurs d'un côté, les particules de l'autre, car les techniques de mesure sont différentes", explique le chercheur. Le mesurage peut se faire à point fixe ou sur opérateur, et peut être couplé avec une observation de l'activité, par vidéo ou par observation directe. Ce qui permet d'identifier les sources de pollution et d'établir des cartographies permettant d'identifier les zones où les travailleurs sont le plus exposés et où doivent être menées des actions de prévention. "Les techniques de mesure en temps réel ont également une vertu pédagogique indiscutable en prévention", ajoute Eddy Langlois, responsable d'un laboratoire de recherche à l'INRS.

Pics de poussières divisés par 37

En matière de prévention, un exemple d'utilisation de la mesure en temps réel assistée par la vidéo (technologie Captiv) est donné par la Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) Centre-Val-de-Loire. Cette technologie est mise en oeuvre après une campagne de prélèvements d'atmosphère dite "conventionnelle" (méthode MétroPol). Elle permet "d'identifier, de caractériser et de visualiser les pics d'exposition aux polluants lors d'une phase de travail", explique Daniel Fouché, référent technique "émissions polluantes" à la Carsat. Une méthode qui a fait ses preuves. L'étude d'un poste d'ensachage dans une entreprise agroalimentaire a permis de corréler les niveaux d'empoussièrement mesurés avec les phases de travail. Suite à cette étude, le poste de travail a été revu dans son ensemble et a permis de réduire l'exposition moyenne de 3,9 mg/m3 à 0,27 mg/m3 et les pics de poussières de farine de 21,4 mg/m3 à 0,57 mg/m3. Soit des pics divisés par 37.

Le groupe Total illustre, quant à lui, les applications de la MTR en matière de sécurité avec le déploiement de détecteurs dans ses raffineries et sites pétrochimiques, en particulier des détecteurs de gaz. "Sur les différents sites du groupe, les détecteurs de sécurité gaz sont tous câblés et raccordés à un automate de sécurité dédié dit « Feu & Gaz »", explique Jean-Yves Ollivier de Total Raffinage Chimie. Les détecteurs sont associés à des actions de sécurité décrites dans des logigrammes implantés dans l'automate Feu & Gaz. "En cas de dépassement de seuils, l'automate F&G déclenche des actions spécifiques : allumage de feux à éclats, déclenchement de sirène, mise en sécurité process, évacuation de l'unité par le personnel présent", détaille le représentant de Total.

L'enjeu de la qualité des mesures

Si les avantages présentés par la MTR apparaissent de plus en plus clairement aux industriels et préventeurs, notamment avec la miniaturisation des instruments et des capteurs spécifiques, ces technologies présentent toutefois de nombreuses limites. Ainsi, Eddy Langlois de l'INRS pointe un manque de sélectivité posant problème en cas de pollutions multiples, les difficultés d'étalonnage en fonction des mélanges, l'influence de paramètres environnementaux, l'état de l'appareil dépendant de sa bonne maintenance ou encore son temps de réponse. "L'enjeu est de garantir la qualité des mesures", résume Olivier Witschger, alors que de nombreux challenges sont à relever comme celui posé par les nanoparticules.

"La métrologie en temps réel ne remplace pas la métrologie conventionnelle", rappelle aussi Xavier Simon du laboratoire de métrologie des aérosols de l'INRS. En particulier, elle ne permet pas de vérifier le respect des valeurs limite d'exposition professionnelle (VLEP), pour lesquelles la réglementation exige le prélèvement des substances chimiques et leur analyse différée.

Se pose aussi la question du traitement des données recueillies, les enjeux se situant précisément au niveau du couplage avec les données de prélèvement, mais aussi de l'interprétation des pics et de la représentation de ces données. Du nouveau devrait arriver sur le marché cette année avec la déclinaison du dispositif Dactari mis au point par l'INRS. Un dispositif qui permet de cartographier l'exposition d'un salarié à plusieurs polluants, dont les niveaux varient dans le temps et dans l'espace, prenant en compte ses déplacements au sein d'un atelier.

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