Avec la crise liée à la Covid-19, le système électrique se trouve face à une «situation inédite», selon les mots de François Brottes, le président de RTE, le réseau de transport de l'électricité. EDF a annoncé une moindre disponibilité de son parc nucléaire pour la fin de l'année. Ses prévisions de production ont donc été revues à la baisse : 300 TWh pour 2020, contre 380 TWh en 2019. La raison ? Un certain nombre d'opérations de maintenance et d'arrêts de réacteurs ont dû être reportées avec le confinement et devront donc être réalisées dans les prochains mois.
Résultat : dès la fin octobre ou le début du mois de novembre, RTE sera vigilant quant à la sécurité électrique. Cette vigilance est, d'habitude, particulièrement élevée en janvier et février, mois les plus froids. Mais cette année, le déficit de production nucléaire devrait être de 6 GW en novembre et décembre, et de 3 GW en février 2021. Si le réseau français peut s'appuyer sur les interconnexions avec les pays voisins (10 GW estimés pour cette période), d'autres mesures seront nécessaires pour aborder plus sereinement la saison froide. La ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, a donc annoncé, jeudi 11 novembre, de nouvelles mesures d'efficacité énergétique et de maîtrise de l'énergie pour gagner quelques gigawatts de consommation. Elle doit également réunir les principales parties prenantes (fournisseurs, opérateurs d'effacement, élus, bailleurs sociaux…) pour leur demander de faire des propositions complémentaires dès juillet.
La ministre a assuré que cette situation ne remettait pas en question la politique énergétique de la France. Au contraire : « Dépendre d'une seule source d'électricité à 70 % n'est pas la meilleure façon d'être résilient », a-t-elle déclaré.
Économies d'énergie, effacement, offres tarifaires
Dès le 1er juillet, le ministère va inciter l'installation de dispositifs de pilotage et de régulation du chauffage chez les particuliers, avec un coup de pouce de 150 € via les certificats d'économies d'énergie (CEE). Soit « près de la moitié du coût d'installation ». L'objectif est d'installer 20 000 à 40 000 dispositifs chaque mois.
Le ministère prévoit également la mise en place, dès juillet, d'un bonus pour les contrats de performance énergétique (CPE) dans le tertiaire. « Le bonus sera d'autant plus élevé que les CPE fixeront des garanties d'économies d'énergie ambitieuses et sur une durée longue », précise le communiqué de presse.
Les capacités d'effacement de consommation vont également être sollicitées pour gagner 1 à 2 GW supplémentaires. Le ministère annonce un doublement du plafond de rémunération de ces capacités en 2021, qui était jusque-là fixé à 30 000 € par mégawatts dans les appels d'offres. L'objectif est de gagner 500 MW d'effacement, le plus tôt possible, a indiqué la ministre. Un bonus sera donc accordé aux opérateurs dont les capacités seront disponibles dès novembre.
Élisabeth Borne souhaite par ailleurs développer l'effacement tarifaire. « Les offres existantes sont sous-exploitées, il faut les relancer », souligne-t-elle. La ministre lancera des réflexions avec les fournisseurs d'énergie en vue de préparer un appel d'offres pour le mois de septembre.
De son côté, RTE va généraliser le dispositif d'information EcoWatt au niveau national. Expérimenté en Bretagne et en PACA depuis plusieurs années, ce dispositif alerte les ménages volontaires des périodes de tension sur le réseau pour qu'ils décalent leur consommation.