D'une durée d'exploitation de 22 ans, ce contrat devrait permettre au groupe français de générer un chiffre d'affaires total consolidé de 434 millions d'euros, incluant la part construction de la nouvelle usine. Veolia Eau assurera l'exploitation tout d'abord de l'usine de dessalement existante (d'une capacité de 12 000 m3/jour) puis, celle de la nouvelle unité qui prendra le relais début 2009 à l'issu des travaux.
Dans son communiqué, le groupe précise que l'usine, d'une capacité de 80 200 m3/jour, permettra l'approvisionnement en eau potable des 350 000 habitants de la région de Sharqiyah. Sa réalisation sera assurée par Veolia Eau Solutions & Technologies (VWS), en consortium avec la société Bahwan Engineering Company, pour un montant total de 111 millions d'euros, dont 52% pour VWS, responsable de la conception, du process et des achats d'équipements. Bahwan Engineering Company sera responsable de la construction et de l'installation des équipements.
L'eau de mer sera en majeure partie captée depuis une vingtaine de puits creusés sur le rivage et en complément par une prise d'eau en mer, explique la division Eau de Veolia Environnement dans son communiqué. Ce mode complémentaire d'approvisionnement offrira, selon la société, une grande flexibilité en termes de débit dans la production d'eau potable et une grande sécurité de fonctionnement, particulièrement en été, saison de prolifération d'algues.
Dans le cadre de cette nouvelle installation, l'eau de mer sera soumise à un prétraitement par flottation et filtres sous pression, permettant d'éliminer algues et résidus. Elle sera ensuite dessalée par passage sous très haute pression à travers deux étages de membranes d'osmose inverse (8 trains d'osmose inverse au premier étage et 4 trains au second), puis reminéralisée en phase de post-traitement. Afin d'optimiser le bilan énergétique et environnemental de l'installation, le projet a privilégié la récupération d'énergie, qui constituera une part importante de celle nécessaire au fonctionnement de l'ensemble, souligne Veolia Eau dans son communiqué.
L'osmose inverse est un procédé de dessalement qui utilise la technologie membranaire. À la différence de l'osmose “naturelle”, qui favorise la migration du solvant de manière à équilibrer les concentrations de chaque côté de la membrane, l'osmose inverse consiste à forcer l'eau sous pression à travers une membrane, qui est imperméable aux sels en suspension. Utilisé pour dessaler l'eau de mer ou les eaux saumâtres, ce procédé joue un rôle pour approvisionner en eau potable des régions privées de ressources naturelles suffisantes, sous l'effet combiné de la démographie et de la géographie.
Aujourd'hui, la production mondiale d'eau douce à partir d'eaux saumâtres ou salées dépasse 25 millions de m3 par jour. Les principaux pays producteurs sont : l'Arabie Saoudite (25 %), les États-Unis (15 %), les Émirats Arabes Unis (10 %) et le Koweït (5 %). Le développement de la technologie de l'osmose inverse a permis de réduire les coûts et de participer au développement de la filière. Entre 1990 et 2001, le procédé est passé de 40 à 53% de part de marché et devrait atteindre les 70% à l'horizon 2020. L'Espagne, l'Algérie et la Chine ont déjà choisi le dessalement d'eau de mer pour assurer leur approvisionnement en eau potable.
Le procédé présente pourtant un inconvénient de poids puisqu'un investissement de prêt de 6 KWh est nécessaire à la production d'un m3 d'eau potable.