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Actu-Environnement

G7 : le secteur de la mode se fixe une première série d'engagements volontaires

Trente groupes mondiaux du secteur de la mode signent un pacte pour réduire leur impact sur le climat, la biodiversité et les océans. Ces engagements volontaires sont pris dans le cadre du One Planet Summit et du G7.

Gouvernance  |    |  P. Collet

Ce vendredi 23 août, le secteur de la mode prend une série d'engagements volontaires en matière de climat, de biodiversité et de protection des océans. Ce "Fashion pact" est présenté à Emmanuel Macron dans le cadre d'une rencontre entre le président de la République et les entreprises et groupes d'engagement du G7. Le pacte sera aussi présenté aux chefs d'Etat réunis au G7 de Biarritz, du 24 au 26 août.

A ce stade, le Fashion pact réunit 30 groupes, représentant près de 150 marques. Les secteurs du sport (Adidas et Nike par exemple), de la grande consommation (Gap, H&M et Inditex qui détient Zara notamment), du luxe (Chanel, Hermes et Keiring) et de la distribution (Carrefour, Galeries Lafayette et La Redoute) sont représentés.

Impacts sur le climat, la biodiversité et l'eau

En mai dernier, le président de la République confiait à François-Henri Pinault, PDG de Kering, la mission de mobiliser le secteur de la mode pour qu'elle adopte des pratiques plus compatibles avec les enjeux environnementaux. Inscrite dans le cadre du One planet summit, la démarche devait aboutir à l'occasion du G7, explique le ministère de la Transition écologique qui s'est penché sur les impacts environnementaux du secteur. Ceux-ci sont loin d'être négligeables : 10 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), selon les Nations Unies (soit autant que le transport aérien et maritime réunis), 20 % des rejets d'eau polluée industrielle, 20 à 30 % des micro-plastiques présents dans les océans, ou encore près de 25 % de l'utilisation mondiale de pesticides pour la seule production de coton…

Le résultat de la mission confiée à François-Henri Pinault prend la forme d'engagements volontaires portant sur trois domaines : le climat, la biodiversité et les océans. Ceux-ci reprennent les grands enjeux, à savoir rendre le secteur compatible avec la trajectoire à 1,5°C de réchauffement climatique, protéger et restaurer les écosystèmes et réduire les impacts négatifs sur les océans. Pour l'instant, le pacte rassemble des groupes totalisant environ 20 % de l'activité du secteur, dont le chiffre d'affaires global est évalué à plus de 1.500 milliards d'euros par an. "C'est un point de départ", explique Keiring. Du côté du ministère, on voit dans cette initiative un "moment historique" de nature à faire bouger les lignes. En effet, le ministère estime que dès lors que 20 à 30 % d'un secteur s'engage, la masse critique nécessaire au basculement de l'ensemble du secteur est atteinte.

Une approche incitative

Reste une difficulté : l'écrasante majorité des impacts de la mode n'est pas directement causée par les signataires, mais par leurs sous-traitants. Chez Keiring, on estime à 90 % la part des impacts du groupe générés en dehors de ses frontières juridiques. Les engagements pris visent donc surtout à inciter les sous-traitants à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement. Sur la forme, le pacte privilégie une obligation de résultats, plutôt que de moyens, explique Keiring. Pour autant, seulement trois engagements sont chiffrés, et à des horizons lointains : réduire les émissions carbone et compenser la part résiduelle d'ici 2050, atteindre 100 % d'énergies renouvelables en 2030 (pour les activités réalisées en propre par les signataires) et bannir le plastique des emballages en 2030.

Pour le reste, le Fashion pact propose de "soutenir", "encourager", "privilégier" ou encore "promouvoir" les bonnes pratiques. Et de citer l'adaptation aux impacts des changements climatiques, l'agriculture "régénérative", pour améliorer la biodiversité et renforcer le stock de carbone des sols, et le développement de matériaux sans impact sur les espèces clés et les écosystèmes. Figurent aussi l'innovation en vue de réduire les rejets de micro-plastiques venant du lavage des textiles, ou encore l'éducation des consommateurs sur l'entretien des vêtements.

Quant au contrôle des progrès, il reste à préciser. En septembre prochain, François-Henri Pinault organisera une réunion et un diner rassemblant les directeurs généraux des groupes signataires pour détailler la mise en œuvre du pacte. Une chose est certaine : il n'y aura ni label, ni mécanisme formel de sanction. La menace de "sanctions réputationnelles" est suffisamment forte, justifie le ministère de la Transition écologique qui mise sur le "name and shame" et les réseaux sociaux.

Réactions8 réactions à cet article

Voilà qui ressemble comme 2 goutes d'eau (polluée...) à une bonne vielle opération de "greenwashing"! Quasiment pas d'objectifs chiffrés, ni contrôle ni sanctions, difficile de faire plus bidon!
Quant aux sous-traitants, ils ne sont pas "hors des frontières juridiques" des donneurs d'ordres auxquels ils sont liés par des contrats qui pourraient aisément contenir des normes environnementales (et sociales dans un secteur bien connu pour son exploitation de la misère du monde)!

adjtUAF | 23 août 2019 à 09h38 Signaler un contenu inapproprié

Voyons, cher adjtUAF, un peu de patience et d'humanité compréhensive!

On n'invite pas autour d'une table des industriels de la mode qui fournissent de l'emploi (ô combien) et qui acceptent de s'y asseoir (à la table), en les menaçant de sanctions; ce qui ne pourrait que les inciter à quitter la table. alors qu'ils montrent enfin, ne serait-ce que par leur présence, leurs dispositions à négocier (ce qui me semble représenter déjà un bon pas). Alors surtout que les inflexions sur le consumérisme avancées par le "Fashion pact" ne sont pas "roupie de sansonnet".

Poudre au yeux? Pas si sûr. La prise de conscience affichée par certains de ces provocateurs à l'hyper-consommation, dont ils pourraient commencer d'apercevoir les dangers après de nombreuses tergiversations (je l'admets), pourrait-elle être cette fois la petite graine, mieux semée et apte à contenir et réguler la volonté croissante de profit?

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 23 août 2019 à 12h05 Signaler un contenu inapproprié

C'est très mode, les engagements volontaires en matière d'environnement, avec moult propositions à "soutenir", "encourager", "privilégier" les "bonnes pratiques" (ce qui sous-entend que la profession sait pertinemment qu'existent des mauvaises...). Ca ne coûte pas cher et on espère toujours que cela puisse rapporter. Gageons que de somptueux galas de bienfaisance seront certainement organisés pour la jet-set afin de célébrer cette extraordinaire initiative.
Pour autant, il faut que ce secteur extrêmement polluant (et très préoccupant aux plans social, sanitaire et peut-être bien même fiscal...) évolue. Au point où l'on en est, et puisqu'il semble qu'il faille en passer par là, allons-y pour le Fashion act. Toutefois, l'effet auprès des fashion addicts sera-t-il mesuré ?

Pégase | 27 août 2019 à 09h18 Signaler un contenu inapproprié

Pacte déjà signé par 80 entreprises. Quelle réalité? Extrait du site Greenpeace juillet 2018 : le rapport Destination Zéro : impacts de sept ans de campagne Detox sur l’industrie du vêtement. Il décrit les progrès significatifs accomplis par 80 entreprises du textile engagées à réduire leurs usages et rejets de produits chimiques dangereux d’ici à 2020.
Ce rapport survient sept ans après le lancement de la campagne Detox de Greenpeace, visant à engager l’industrie textile à mettre un terme aux pollutions des rivières et des océans. Le rapport offre pour la première fois un aperçu général des principales étapes franchies par toutes ces entreprises, dont 29 marques de mode, de vêtements de sport, du luxe, de la grande distribution et du vêtement de plein air, ainsi que de nombreux fournisseurs. Ensemble, ces entreprises représentent 15 % de la production mondiale de vêtements.

Annette | 27 août 2019 à 14h27 Signaler un contenu inapproprié

C'est bien ciblé bobo tout ça. Et du beau et bon greenwashing institutionnalisé. Bravo aussi pour le message : ce sont donc les sous-traitants qui causent l'impact, Kering étant évidemment exemplaire.
Quel cynisme !

Albatros | 27 août 2019 à 14h46 Signaler un contenu inapproprié

Mis à part les remarques d'Euplectes (mais d'où sort cet optimisme ?? :-D ), je rejoins les avis sur cette magnifique opération de green-washing.
On n'invite pas, on convoque. On parle bien de l'état ? Ou alors on reconnait (et comme ça ce sera fait) que ce sont les grands patrons qui dictent le programme au chef de l'état... Il s'agit d'un secteur polluant et peu responsable socialement, alors pourquoi se priver ?
Quand aux si nombreux emplois, on parle juste des enfants ou de tous ceux qui font des fringues à 1€ vendu 30€, dans des conditions de travail lamentables et payés 1/10 000ème de ce que gagne les grands patrons de ces marques ???
Comme souligné par Albatros, on dit que c'est la faute aux sous-traitants (comme si les grandes marques ne pouvaient pas leur imposer quoi que ce soit... à part un prix produit ras les pâquerettes) et on "espère" les "inciter".

Aucune sanction mis à part la sanction réputationnelle ? Pardon si je n'ai pas assez fait attention mais suite aux reportages et incidents sur les conditions de travail dans les usines de fabrication (plutôt gênante pour la réputation), il s'est passé quoi ??? A part des déclarations d'intention, des incitations ou autres non engagement ? Ah oui je sais, le secteur a encore gagné quelques milliards... Bref

Tombour | 27 août 2019 à 17h01 Signaler un contenu inapproprié

Du coté des ministères, on voit "un moment historique"... Qu'ils disent que ce n'est que de la poudre aux yeux, là ça aurait été historique ! Ou que l'interprofession déclare n'en avoir rien à faire de l'environnement et de leurs employés (sous traitance comprise) et que tout ce qui leur importe c'est le résultat financier, là aussi ça aurait été historique !
Mais pourquoi pas un ministère qui ne prendrait pas tout ce qu'il peut ramasser pour en faire la Une et dire qu'ils ont fait de grandes choses ?

A quel moment on a eu plus de budget "Communication" que de budget "Intelligence mise au service de la population" dans les ministères, je ne situe pas très bien quand c'est opéré le basculement ?

En relisant le texte je redécouvre (passé inaperçu tellement c'est anecdotique) qu'il y a des objectifs chiffrés !
Alors soit c'est renvoyé à 2050 (lol), soit ça ne concerne que l'épaisseur du trait (100% ENR sauf que ça ne concerne que 10% des impacts et que le pacte ne concerne que 20% des grandes marques, donc 2% d'ENR soit moins que dans le mix électrique français ! Réussir à faire passer ça pour une avancée, chapeau bas !) et enfin un objectif qui n'en est pas un : bannir les emballages plastique alors que la réglementation va (devrait) l'imposer à peu près dans le même calendrier que celui mis en avant...

Alors finalement, est-ce qu'il y a autre chose que du greenwashing dans ces déclarations ?

Tombour | 27 août 2019 à 17h20 Signaler un contenu inapproprié

Dernier point de progrès envisageable mais absent, même des belles déclarations d'intention : arrêter le matraquage publicitaire et marketing visant à consommer toujours plus ??
Parce que limiter les pesticides sur les champs de coton, produire avec + d'ENR, etc, si c'est pour toujours pousser à la surconsommation, le résultat sera à peine perceptible !

Au siècle dernier, on m'avait présenté un concept "sobriété / efficacité / EnR". Je m'aperçois qu'il pourrait bien s'appliquer à de nombreux secteurs autre que l'énergie.
Tant qu'aucun frein au consumérisme (poussé, forcé, inculqué, choisissez le terme qui vous semble le plus adapté) ne sera mis, on peut continuer à œuvrer, tout juste pour que ce soit mieux que si c'était pire mais au final le mur continue de se rapprocher, et je ne trouve pas qu'on ralentisse beaucoup ;-)

Tombour | 27 août 2019 à 17h24 Signaler un contenu inapproprié

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