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Actu-Environnement

Biodiesel : une étude allemande juge "douteux" les critères de durabilité européens pour l'huile de colza

Energie  |    |  P. Collet

"Dans la plupart de nos scénarios, le biodiesel produit à partir d'huile de colza n'atteint pas les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) inscrits dans la directive de 2009 relative à la promotion de l'utilisation de l'énergie produite à partir de sources renouvelables." Telle est la conclusion d'une étude réalisée par Gernot Pehnelt et Christoph Vietze, deux chercheurs de l'Université Friedrich Schiller située à Iéna (Land de Thuringe en Allemagne), et publiée dans le numéro d'août 2012 de la revue scientifique de l'université dédiée à la recherche économique.

"Comptes tenus de ces résultats et du manque de transparence dans les calculs réalisés par l'Union européenne (UE), nous supposons que l'UE semble préférer les valeurs type et par défaut, issue d'un consensus politique, à celles scientifiquement prouvées".

Confirmation des résultats de l'Ademe

En avril 2012, un avis publié par l'Ademe indiquait que 2/3 des évaluations environnementales des agrocarburants de 1ère génération tenant compte des changements d'affectation des sols concluent au non respect des critères de durabilités établis par l'UE, et en particulier s'agissant de l'objectif de réduction de 35% des émissions de GES.
L'étude ne détaillait pas les résultats selon les cultures utilisées et rappelait simplement que "les biodiesels diffusés en France sont majoritairement issus de colza".
Les seuils européens "sont plus que douteux"

"Ni la valeur type (1) de réduction des émissions de GES inscrite dans la directive pour le biodiesel produit à partir d'huile de colza (45%), ni même la valeur par défaut (2) (38%) ne peuvent être validées par nos analyses", précise l'étude, intitulée Incertitude sur la réduction des émissions de GES du biodiesel produit à partir d'huile de colza (3) , soulignant qu'"en outre, la plupart de nos scénarios indiquent que le biodiesel produit à partir d'huile de colza n'atteint pas le seuil de 35% requis par la directive européenne pour être considéré comme un agrocarburant durable". En l'occurrence, sur les douze comparaisons, effectuées à partir des six scenarios élaborés par les scientifiques et deux valeurs de références pour les émissions de GES du diesel, quatre atteignent une réduction de 35%, deux sont conformes à la valeur par défaut de 38% et aucune ne franchit la barre des 45%.

"En résumé, nous ne sommes pas capable d'atteindre les économies d'émissions de GES inscrite en annexe de la directive", annonce les chercheurs allemands qui soulignent qu'"en conséquence, les valeurs prévues pour l'huile de colza sont plus que douteuses".

Pour arriver à cette conclusion les chercheurs ont réalisée une analyse du cycle de vie (ACV), de la culture du colza à la combustion du biodiesel, en utilisant la méthodologie et les valeurs de base inscrites dans la législation européenne. Ils précisent par ailleurs n'avoir utilisé que des données publiques et avoir été prudents dans leur approche en prenant des valeurs moyennes. L'étude tient compte des changements d'affectation des sols.

1. Il s'agit d'une estimation de la réduction représentative des émissions de gaz à effet de serre qui est associée à une filière donnée de production de biocarburants.2. Il s'agit d'une valeur établie à partir d'une valeur type et pouvant, dans des conditions précisées dans la directive, être utilisée à la place de la valeur réelle.3. Consulter l'étude.
http://zs.thulb.uni-jena.de/servlets/MCRFileNodeServlet/jportal_derivate_00224352/wp_2012_039.pdf

Réactions2 réactions à cet article

Est-ce que cela étonne quelqu'un ? On se doutait bien que les lobbys avaient frappé très fort en imposant aux parlementaires européens et aux commissaires et à leurs conseillers, l'idée que les agrocarburants étaient neutres en GES. Voyez le travail des agriculteurs: entre la mise en culture des parcelles et la récolte: il faut déchaumer, (voire labourer), semer, traiter (produits chimiques qu'il faut fabriquer en amont), avant de récolter. Puis vient la phase de transformation chez le producteur du diester. On pressent bien qu'il y a beaucoup d'énergie grise et d'intrants dans tout ce cycle qui font perdre de l'intérêt au diester. Je ne parle même pas de l'épuisement des sols et du fait qu'on choisit d'affamer les populations en dévoyant l'utilisation de l'agriculture. Toute personne qui a vécu un peu au contact du monde agricole et de l'industrie chimique perçoit bien que les décisions en faveur des agrocarburants de première génération étaient pilotées par la cupidité d'un petit nombre et méprisaient profondément les besoins alimentaires fondamentaux de la population mondiale. Et bien sûr nos élites européennes ont avalé la proposition en applaudissant des deux mains: pauvres technocrates consanguins qui n'ont grenouillé que dans leurs instituts puis dans des bureaux feutrés, plus intéressés par leur propre avenir que par celui des populations au bien desquelles ils prétendent œuvrer. Voyez la situation économique mondiale dans laquelle ces "spécialistes" nous ont coduits.

Aloyse | 23 août 2012 à 14h25 Signaler un contenu inapproprié

Il faut savoir que lorsque l'on produit des biocarburants à partir de colza , on produit également du tourteau pour les bovins,ovins ,porcins,vollailes.Ce tourteau est riche en protéïnes,fibres,sels minéraux,contient des acides gras insaturés permettant l'augmentation de la qualité du lait dans ses valeurs nutritives. La production des tourteaux de colza recouvre actuellement 60% du besoin français en protéïne pour l'alimentation animal contre 30% avant la production d'ester de colza (le biocarburant) . Ce tourteau est moins onéreux que celui du soja et de qualité supérieure.Lorsque l'on transforme une partie de l'huile de obtenue lors de la trituration des graines de colza en biocarburant on obtient de même un sous produit ( la glycérine) qui servira de produit de base à l'industrie comestique, pharmaceutique.L'ester de colza est un adjuvant au gasoil servant de complément de carburant mais permet surtout de lubrifier les moteurs ( sans cet ester , on ajoute du soufre dans le gasoil qui a les mêmes propriétés).
Les biocarburants sont accusés de faire monter le cours des céréales et d'affamer les pays les plus pauvres dans le monde et aussi de produire des gaz à effets de serre . la comission européenne risque de revenir sur sa décision de diminuer de 10 % ( ce qui était envisagé en 2020)à 5 % le taux d'incorporation des esters d'huiles végétales de première génération (palme,soja,colza,tournesol )dés 2014.
pb: englobage des huiles végétales sur le résultat CO2

PEARL76 | 01 juin 2013 à 12h32 Signaler un contenu inapproprié

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