
Face à ces menaces, plusieurs études ont été menées pour mieux comprendre et anticiper les conséquences du changement climatique sur les forêts métropolitaines. Une mission a été confiée par le gouvernement à Bernard Roman-Amat, Directeur délégué du Centre de Nancy d'AgroParisTech-ENGREF, afin de réaliser un état des lieux des connaissances et de proposer un programme d'actions qui permette d'adapter les politiques. Les conclusions de cette mission ont été remises hier à Jean-Louis Borloo, Ministre de l'Écologie du Développement et de l'Aménagement durables et à Michel Barnier, Ministre de l'Agriculture et de la Pêche. Ce rapport identifie cinq chantiers prioritaires notamment en matière de biodiversité, au sujet de laquelle il préconise de préparer l'adaptation de la partie française du réseau Natura 2000 au changement climatique et de mettre en place d'ici la mi-2010 un complément au programme des réserves biologiques intégrales de l'Office Nationale de Forêts (ONF). En complément, le rapport confirme l'importance de disposer avant la fin 2010 d'un test grandeur nature de la « trame verte » évoquée à l'occasion du Grenelle de l'environnement.
Dans le domaine de la gestion des risques, le rapport insiste sur le besoin de renforcer les moyens de surveillance coordonnés par le Département de la Santé des Forêts (risque sanitaire), d'intensifier la restauration des terrains en montagne pour limiter l'érosion et d'étendre géographiquement le déploiement de la politique de prévention des incendies.
Il est également question de soutenir la production ligneuse. Pour cela, le rapport propose d'inciter financièrement au remplacement des peuplements vulnérables et de consacrer au moins 10 % des moyens publics à l'installation de boisements pilotes et ce, dès 2010.
En termes de Recherche-Expérimentation-Développement, le rapport souligne l'importance de renforcer dès 2008 le soutien par l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR) des recherches sur le changement climatique et la forêt. Le rapport propose par ailleurs de charger le Groupement d'intérêt public sur la recherche sur les écosystèmes forestiers (GIP ECOFOR) d'une coordination nationale sur ce sujet et de confier à l'Office national des forêts (ONF) le soin d'initier une « recherche action » en forêt publique.
Le rapport s'attache enfin à des propositions en matière de gouvernance publique et suggère de moduler les politiques en fonction des enjeux et donc des grandes zones géographiques. Il insiste en outre sur la nécessaire coordination des deux ministères sur le sujet et propose à cet égard de créer d'ici fin 2008 un site web dédié au plan d'action « forêts et changement climatique» des pouvoirs publics et à son avancement. Le rapport demande par ailleurs l'intégration avant fin 2009 du changement climatique dans les référentiels de certification forestière et enfin de mettre en place une offre de formation pérenne à la gestion de crise pour les décideurs et les acteurs de terrain.
Toutes ces préconisations présentées officiellement hier ont déjà été prises en considération dans les débats qui se sont déroulés à l'occasion des Assises de la Forêt organisées en janvier dernier par le ministère de l'agriculture. Le plan d'action global en faveur de la forêt qui en a découlé intègre donc ces recommandations. Le sénateur Philippe Leroy, président du comité Grenelle « forêt » doit en assurer la mise en œuvre.