Le covoiturage constitue donc un mode de transport alternatif à l'autosolisme et limite la congestion automobile. Mais il reste encore marginal en France, contrairement aux voisins allemands ou belges. Trois millions de Français l'ont pratiqué, même une seule fois, en 2009, selon l'Ademe qui vient de publier une nouvelle étude sur le sujet. Cette enquête, arrêtée en juin, vise à mieux cerner les usagers des services de covoiturage organisé et mesurer les impacts environnementaux associés à cette pratique.
En France, l'Ademe a recensé au moins 200 services de covoiturage organisé, c'est-à-dire des structures de mise en relation des covoitureurs. Parmi les principaux services, les acteurs nationaux grand public, (le plus souvent par l'intermédiaire d'Internet à l'image de Covoiturage.fr, 123envoiture.com, Easyvoiturage.com…),''drainent plus spécifiquement les trajets occasionnels'', selon l'agence. Figurent aussi des services spécialisés dans le domicile-travail (entreprises, zone d'activité, administrations, inter-entreprises…) et ceux locaux tout public et généralistes. Quelques services se sont aussi positionnés sur des cibles plus particulières (clients des entreprises, étudiants, évènementiel…).
L'agence a ainsi analysé une quarantaine de ces services de covoiturage et mené une enquête auprès de 2.207 inscrits. Elle a en outre étudié une trentaine de diagnostics PDE (Plan de Déplacement Entreprises) en France.
Plus d'inscrits que d'usagers
Résultats : le taux moyen d'usagers est de 10% pour les services ''entreprise'' (à destination des salariés) et de 4% pour les services ''tout public locaux''. ''Le passage à l'acte ne concerne qu'une faible partie des inscrits'' : pour 100 inscrits en entreprise, il n'y aurait seulement que 8 usagers ! Les services ''entreprise'' comptent d'ailleurs le plus d'inscrits (8% en moyenne contre 0,5 % pour les ''tout public locaux''), âgés entre 35-45 ans. En revanche, sur les sites tout public, les covoitureurs sont plus jeunes.
1 tonne de CO2 économisée/an/covoitureur en moyenne
Concrètement, les usagers covoiturent, dans l'ensemble, pour moitié régulièrement (plusieurs fois par semaine) et pour moitié occasionnellement. Ils sont majoritairement deux par voiture. Les trois quarts des usages correspondent à un report modal de la voiture individuelle ; l'autre quart correspond à un report depuis les transports en commun.
Les usagers covoiturent principalement sur des trajets domicile travail (sur des trajets de moins de 60km) que ce soit ceux issus des services ''entreprise'' (81% de trajets domicile-travail) ou ceux issus des services ''tout public locaux'' (67%). Les sites non desservis par les transports en commun, les horaires décalés… contribuent au covoiturage en entreprise.
Côté impacts environnementaux : 1 tonne de CO2 par an serait évitée par covoitureur en moyenne pour les services ''entreprise'' contre 1,2 tonnes de CO2 pour les services ''tout public locaux''.
Un système de transport à optimiser
Le premier critère d'incitation au covoiturage est ''financier'' tandis que le principal frein à la pratique réside dans les modalités ''d'offres d'appariements'', conclut l'Ademe. Or, le nombre d'appariements ''s'accroît avec le nombre d'inscrits''. L'agence plaide par conséquent pour une rationalisation des approches, une concertation entre les services de covoiturage ''au niveau d'un territoire ou bassin d'emplois'' et une ''mutualisation accrue des bases de données des services''. Les mises en relation directement sur un lieu physique (guichets) ne représentant qu'une ''portion marginale des solutions rencontrées''.
Seul un quart des service enquêtés propose également des aires de covoiturage. Ces infrastructures contribuent pourtant au développement de l'offre et ''sécurisent la pratique'', selon l'Ademe qui recommande en outre de proposer des incitations en nature (vidange gratuite, lavage de la voiture…). Le nombre d'infrastructures tout comme une communication adéquate mise en place (au lancement et dans la durée) du service de covoiturage favorisent également le nombre d'usagers, estime l'agence.
L'outil de mise en relation ''privilégié'' des services de covoiturage reste l'Internet. L'arrivée du covoiturage en temps réel, dit dynamique, vient optimiser le système couplé à la géolocalisation. Le covoiturage, qui utilise les technologies de l'Internet mobile et du GPS, permet en effet de mieux synchroniser l'offre et la demande.