En cette période de crise sanitaire du coronavirus, le Gouvernement recommande de continuer à privilégier le télétravail, lorsque cela est possible. L'Agence de la transition écologique (Ademe) a étudié, en juillet dernier, l'impact du travail en ligne à domicile qui a été plébiscité par les salariés pendant le confinement. Dans une nouvelle étude publiée le 22 septembre, l'Ademe prévient toutefois des « effets rebond » qui pénalisent les bénéfices environnementaux de cette pratique. L'agence a mené une enquête terrain auprès de 26 organisations françaises comptant 350 000 salariés. Ces entreprises ont été interrogées sur leur politique en matière de télétravail actuelle et future, permettant de caractériser les éventuels effets rebond. Ainsi, l'absence de trajets quotidiens pour aller au bureau est le principal avantage des télétravailleurs. Un jour de télétravail permet en effet de réduire de 69 % le volume des déplacements du jour. L'Ademe estime que la réduction des trajets domicile-travail génère un bénéfice environnemental moyen de 271 kilogrammes équivalent carbone (kg eqCO2) annuels, par jour de télétravail hebdomadaire.
Pour les entreprises, l'agence ajoute aussi des bénéfices, en intégrant les réductions des surfaces immobilières qu'il induit, quand il est couplé « au flex office ». C'est-à-dire lorsque les collaborateurs d'une entreprise ne disposent plus de poste de travail attitré. La balance environnementale globale du télétravail augmente de 52 % par jour de télétravail hebdomadaire, si le télétravailleur est en flex office. Cela représente une baisse des émissions carbone de 234 kg eqCO2/an pour chaque jour de télétravail hebdomadaire supplémentaire. Le flex office génère donc un effet rebond positif qui englobe la réduction de l'emprise foncière mais aussi la baisse des consommations énergétiques associées au sein de l'entreprise. Le télétravail réduit également les consommations de « bureaux » (papier, encre, fournitures, gobelets, décoration, vidéoprojecteurs, etc.).
La visioconférence parmi les effets rebond défavorables
En revanche, l'Ademe identifie quatre effets rebond directs et « défavorables » qui réduisent en moyenne de 31 % les bénéfices environnementaux du télétravail : les déplacements supplémentaires, la relocalisation du domicile, l'usage de la visioconférence et les consommations énergétiques du domicile. Ainsi, la consommation d'énergie et la sollicitation des serveurs nécessaires aux services de visioconférence génèrent, en moyenne, des émissions de l'ordre de 2,6 kg eqCO2/an, pour un jour de télétravail hebdomadaire. À noter : une minute de visioconférence émet 1g de CO2, souligne l'Ademe. La consommation d'énergie au domicile augmenterait aussi de 20,7 kg eqCO2/an pour un jour de télétravail hebdomadaire.
L'Ademe pointe aussi les changements d'utilisation du véhicule pour des trajets personnels. Par exemple, les parents amenaient les enfants à l'école lors du même trajet en voiture que pour aller au bureau et continuent de le faire en télétravail. La proximité avec le lieu de vie suscite aussi de nouveaux déplacements quotidiens des télétravailleurs (micro-shopping, transport d'un proche, etc.). Ces effets rebond généreraient ainsi une hausse des émissions de 67,7 kg eqCO2/an, pour un jour de télétravail hebdomadaire. Les télétravailleurs pourraient en outre s'éloigner davantage du lieu de travail, en changeant de région qui pourrait être moins bien desservie. Ce qui entraînerait une augmentation de la distance parcourue en voiture.
L'Ademe conclut que les bénéfices environnementaux sont « significatifs et justifient l'encouragement du développement du télétravail». Néanmoins, l'agence prévoit de poursuivre son évaluation des effets rebond à plus long terme.