L'Agence de la transition écologique (Ademe) a publié, ce lundi 28 février, une étude qui vise à accompagner les acteurs agricoles et forestiers à mettre en œuvre des démarches d'adaptation au changement climatique. L'agriculture et la forêt sont parmi les premiers secteurs impactés par les aléas climatiques. Les agriculteurs « sont et seront notamment confrontés à des baisses de rendements dus à des périodes de sécheresse plus fréquentes et plus longues, des gels tardifs plus fréquents ou encore une modification du cycle végétatif », souligne l'Ademe. Le changement climatique entraîne aussi « une dégradation de l'état sanitaire des massifs forestiers, avec des dépérissements importants de certaines forêts et certaines essences, ainsi qu'une augmentation du risque incendie ».
Des démarches d'adaptation hétérogènes entre les filières
Dans le secteur forestier également, les démarches d'adaptation sont principalement présentes où les projets sont articulés autour de l'amont forestier d'essences spécifiques (frênes, chênes, hêtres, résineux, etc.) ou sur le choix des essences. Ces projets sont majoritairement portés par des acteurs nationaux et territoriaux.
Pour les deux secteurs réunis, seulement 13 % des démarches étudiées vont jusqu'à la mise en œuvre de solutions « concrètes » d'adaptation. La majorité d'entre elles se concentrent sur la partie « Recherche et Innovation ». « Des solutions existent déjà et sont accessibles, mais sont pour la plupart des solutions à court terme mises en œuvre en réaction à ces catastrophes, tandis qu'il faudrait aussi les intégrer sur un horizon de long terme », explique l'Ademe. « Cette anticipation est notamment nécessaire pour préparer les systèmes de production aux évolutions climatiques attendues, minimiser les dommages et relativiser le coût des actions à mettre en place ».
Huit démarches pour s'inspirer
L'Ademe a sélectionné huit démarches d'adaptation qu'elle juge les plus pertinentes (quatre dans le secteur agricole et quatre dans le secteur forestier) menées en France, au Québec ou en Italie. Elle en retire plusieurs recommandations pour aider les acteurs à élaborer leurs stratégies d'adaptation.
Dans le secteur agricole et les filières agro-alimentaires, ces démarches « demandent du temps, et sont de préférence à conduire collectivement avec les différents acteurs concernés », estime l'Ademe. C'est d'ailleurs une approche similaire qui a été choisie dans le cadre du Varenne agricole de l'eau. L'enjeu est également de « poursuivre et de valoriser les travaux de la recherche » sur la vulnérabilité et la résilience des productions agricoles en France, dans le contexte d'évolution du changement climatique à des horizons de moyen-long terme : 2030, 2040, 2050. Et « en incluant la dimension territoriale, par exemple à l'échelle régionale ».
Dans le secteur forestier, l'Ademe préconise d'agir à l'échelle des massifs forestiers homogènes, « en favorisant la concertation et la réalisation de diagnostics de vulnérabilité, et la création de dispositifs de gestion de crise et d'observation ». Elle recommande en outre la mise en place de pratiques sylvicoles « "sans regret" en tenant compte des court, moyen et long termes, et des enjeux de protection des sols et de la biodiversité ». Les Assises de la forêt et du bois lancées en octobre dernier, et dont les conclusions sont attendues dans quelques semaines, devraient accentuer la prise en compte de ces enjeux.