L'accélération du développement des énergies renouvelables (ENR), incarnée notamment au niveau européen dans le cadre du nouveau plan RePowerEU, ne permet pas seulement de décarboner l'énergie consommée, mais également d'alléger la facture. Dans deux nouvelles études, présentées à l'occasion des Assises européennes de la transition énergétique, à Genève, l'Agence de la transition écologique (Ademe) estime les bénéfices économiques directs et indirects du développement des ENR.
D'une part, dans de nombreux cas, leurs coûts de production se défendent face aux énergies alternatives fossiles, comme le gaz naturel. D'autre part, la diminution des importations de combustibles fossiles, entraînée par leur développement, permet de faire une économie majeure sur la facture énergétique de la France.
Un coût de production toujours plus compétitif
« Les énergies renouvelables électriques étudiées sont les énergies les plus dynamiques en France métropolitaine ces dernières années », atteste l'Ademe dans sa première étude. Entre 2010 et 2020, grâce notamment à l'amélioration des conditions de financement, le coût actualisé de production du mégawattheure (LCOE) par l'énergie photovoltaïque a baissé de 80 %, de 40 % pour l'éolien terrestre et de 10 % pour la méthanisation en cogénération. Et l'Ademe affirme que le coût de chacune de ces énergies restera inférieur au prix du marché de gros de l'électricité, à la suite de sa hausse massive en 2022. « Pour les installations photovoltaïques de 3 à 9 kWc en zone méditerranéenne, la compétitivité de la filière photovoltaïque permet déjà le développement d'installations en autoconsommation économiquement rentables », précise même l'agence.
Cette dynamique n'est néanmoins pas uniforme sur l'ensemble du spectre des ENR. S'agissant de la chaleur renouvelable, la compétitivité des technologies exploitées en France, en 2020, varie en fonction des conditions d'utilisation. Dans les logements individuels, seul le LCOE d'une chaudière à bois était légèrement inférieur à celui d'une chaudière au gaz (89 €/MWh contre 104 €/MWh). Toutes les technologies (comme les pompes à chaleur et le solaire thermique) restaient cependant plus compétitives qu'un radiateur électrique individuel (206 €/MWh). Autrement dit, « qu'il s'agisse des secteurs collectifs ou industriels, les soutiens publics s'avèrent nécessaires pour faire face aux coûts d'investissements beaucoup plus élevés des solutions ENR et aux risques perçus sur l'évolution des prix du bois et des énergies fossiles », résume l'Ademe. Plus exactement, la valorisation de combustibles solides de récupération (CSR), l'utilisation d'une chaudière à biomasse ou de panneaux solaires thermiques au sol dans le sud de la France présentent un avantage économique face au gaz seulement dans le secteur industriel.Le coût du biométhane injecté dans le réseau de gaz, quant à lui, dépassait largement le prix du gaz sur le marché mondial avant la crise actuelle des prix de l'énergie : entre 85 et 122 €/MWh contre 9,3 €/MWh. Cependant, en décembre 2021, avec un prix de marché presque doublé (autour de 188 €/MWh), l'ensemble des technologies non électriques citées ont été plus compétitives, quel que soit le contexte d'utilisation.
Des économies de facture et de bilan carbone
Les économies de consommation d'énergies fossiles ont également été de nature financière. Toujours selon l'Ademe, la facture énergétique de la France a été réduite de 22 milliards d'euros en vingt ans, grâce à la diminution des importations de combustibles fossiles. Les exportations de biocarburants et d'électricité renouvelable ont même rapporté 18 milliards durant la même période. D'ici à 2028, la France devrait encore économiser au moins 6,4 milliards, si ce n'est plus. Et l'Ademe de conclure : « cette étude ayant été conduite avant la forte hausse récente des prix des énergies fossiles en particulier, les bénéfices sur la facture énergétique de la France devraient être supérieurs aux estimations fournies. »