Si une majorité de Français aspire à une société plus équilibrée et plus sobre, les attentes et aspirations évoluent différemment selon la classe d'âge, la catégorie socioprofessionnelle...
Les Français ont-ils changé de perspectives et d'aspirations avec la crise de la Covid-19 ?
Pour le savoir, l'ObSoCo a réactualisé l'Observatoire des perspectives utopiques, élaboré en 2019 avec le soutien de l'Ademe, de BPI-France et de la Chaire ESCP-E.Leclerc Bearing Point. L'étude a été réalisée en ligne du 6 au 13 mai 2020 auprès d'un échantillon représentatif de 1 888 personnes. Elle confirme une aspiration des Français à une société plus équilibrée et plus sobre, mais révèle aussi des écarts croissants entre les différentes classes d'âge et les différentes catégories socioprofessionnelles.
L'utopie écologique fait le plus d'adeptes
« Un an plus tard, les préférences des Français à l'égard des trois systèmes utopiques semblent à première vue remarquablement stables : 55 % privilégient l'utopie écologique, 31 % l'utopie sécuritaire et 14 % l'utopie techno-libérale (pour respectivement 55 %, 30 % et 15 % en 2019) », analyse l'Ademe. « Pour autant, derrière cette apparente stabilité, l'analyse approfondie des résultats révèle des évolutions significatives et riches d'enseignements sur la façon dont les Français vivent, interprètent et s'approprient l'épisode sans précédent qu'est la crise sanitaire de la Covid-19 ».
L'utopie écologique tend vers une organisation de l'économie et de la société plus équilibrée et plus sobre, résumée par « moins mais mieux ». L'utopie techno-libérale est axée sur le progrès, la science et la technologie. L'utopie sécuritaire se traduit par une nostalgie du passé et un souci de préserver son identité et sa singularité face aux influences étrangères. Après la crise, l'utopie écologique compte plus de supporters (58 % contre 55 % en 2019) et un peu moins de détracteurs (4 % contre 5 % l'année dernière). Au contraire, l'utopie technico-libérale compte légèrement plus de détracteurs (19 % contre 17 %) et moins de supporters (29 % contre 30 %). « L'utopie sécuritaire gagne trois points de supporters, avec 18 % d'opinions très favorables ».
Forte évolution des jeunes vers l'utopie écologique
L'utopie écologique tend vers une organisation de l'économie et de la société plus équilibrée et plus sobre, résumée par « moins mais mieux ».
Si l'on compare les profils des partisans de chacun des systèmes utopiques, et leur évolution entre les deux vagues de l'enquête,
« sur de nombreux thèmes, l'écart se creuse entre le haut de l'échelle sociale, et le bas ou le niveau intermédiaire. Les tendances de fond s'accentuent ». L'utopie écologique est plus forte parmi les catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+) mais recule de neufs points dans les CSP intermédiaires, au profit de l'utopie sécuritaire. Chez les 18-24 ans, l'utopie écologique gagne du terrain (72 % contre 61 %) au détriment de l'utopie sécuritaire. L'effet
Greta Thunberg et des marches pour le climat ? Le phénomène est inverse chez les 65-70 ans, qui délaissent l'utopie écologique (40 % contre 51 %) au profit des deux autres utopies.
Sur le fond, « l'aspiration à consommer moins mais mieux progresse chez les CSP+, mais diminue fortement chez les CSP- qui, dans de plus fortes proportions qu'il y a un an, ne souhaitent pas changer leurs habitudes ». Même tendance pour « l'aspiration à travailler moins (quitte à gagner moins) [qui] se concentre sur les répondants situés en haut de l'échelle sociale, alors que le mouvement inverse est observé parmi les CSP- et intermédiaires ». Par ailleurs, l'enquête révèle des attentes face au creusement des inégalités, comme la limitation des très hauts salaires. Mais, dans le même temps, l'idée d'augmenter les minimas sociaux ou la solidarité recule, tout comme le soutien à un revenu universel.
Les activités qui ne semblent pas indispensables
Une majorité de répondants estime que les industries, les transports polluants (comme l'avion) et les délocalisations ne sont pas indispensables pour le pays et la société. Une part importante remet en cause la production de masse, intensive, et la consommation de masse.
À l'inverse, la plupart souhaite une relocalisation des activités économiques, un renforcement des services publics, de la solidarité et de l'entraide. ''On trouve également une déclinaison économique de cette dimension autour du soutien au petits commerces, aux circuits courts et au bio.''
En parallèle, l'enquête montre
« un approfondissement généralisé des aspirations au repli voire à la fermeture qui fait d'ailleurs directement écho à la façon dont la crise sanitaire a été gérée, en France comme ailleurs, par la fermeture des frontières ». Cela se traduit par un regard critique sur la mondialisation, une aspiration à plus de local ou au « made in France », un moindre soutien à l'Union européenne et à l'immigration, et par plus d'attentes en matière de sécurité. Par ailleurs,
« la crise semble avoir exercé un effet ambigu sur le rapport à la science et à la technologie », note l'ObSoCo.
Enfin, comme l'avait déjà montré le mouvement des Gilets jaunes, la plupart des répondants aspire à davantage d'horizontalité dans la prise de décision politique, mais aussi dans les entreprises.
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Note Télécharger les principaux résultats de l'enquête Plus d'infos
Note Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, aujourd'hui Agence de la transition écologique
Note Banque Publique d'InvestissementArticle publié le 16 juin 2020