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Actu-Environnement

L'AEE appelle l'Union européenne à freiner l'incorporation des agrocarburants

Alors que les institutions mondiales s'alarment de la hausse des prix alimentaires, l'Agence Européenne de l'Environnement relance la polémique sur l'objectif européen d'incorporation de agrocarburants en préconisant sa suspension.

Agroécologie  |    |  F. Roussel
Après l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et la Banque mondiale, c'est au tour de l'Agence Européenne de l'Environnement (AEE) d'émettre des doutes quant à l'intérêt des agro(bio)carburants. Le comité scientifique de l'AEE recommande en effet la réalisation d'une nouvelle étude scientifique sur les risques environnementaux et les avantages de ces carburants fabriqués à partir de végétaux (blé, betterave, maïs…). En attendant les résultats de cette étude, l'agence conseille de suspendre l'objectif européen d'incorporation fixé à 10% à l'horizon 2020 dans le paquet climat-énergie.

Composé de 20 scientifiques indépendants issus de 15 Etats membres, le comité scientifique de l'AEE justifie sa position en évoquant ses craintes concernant les pressions environnementales additionnelles qui résulteraient de l'augmentation de la production d'agro(bio)carburants que ce soit en Europe ou à l'extérieur de l'Europe dans le cas d'importation. Le conseil scientifique de l'agence estime que la production d'agro(bio)carburants de première génération n'emploie pas de façon optimale les ressources en biomasse en ce qui concerne l'économie d'énergie fossile et à la réduction de gaz à effet de serre. L'AEE encourage par conséquent les technologies de production directe de chaleur et d'électricité à partir de biomasse parce qu'elles sont plus économiquement concurrentielles et plus efficaces écologiquement que la production de carburants pour les véhicules, explique-t-elle. L'AEE ajoute que l'utilisation de biomasse doit nécessairement se faire de concert avec des améliorations d'efficacité énergétique ce qui à son avis n'est pas encore le cas pour la majorité des applications dans le domaine des véhicules à moteur.

Le conseil scientifique de l'AEE estime en outre que les surfaces arables nécessaires pour atteindre l'objectif de 10% excèderont les disponibilités européennes et ce, même si une contribution considérable des agro(bio)carburants de deuxième génération est assurée. Les conséquences de l'intensification de la production d'agro(bio)carburants augmenteront de ce fait les pressions sur les sols, l'eau et la biodiversité, conclut l'AEE. Même si l'Union européenne prévoit de définir des critères de durabilité pour éviter ces pressions environnementales, l'Agence est convaincue que l'Union européenne devra se tourner vers d'autres pays exportateurs pour satisfaire ses besoins. Or, le conseil scientifique rappelle qu'il est difficile de surveiller les conditions de fabrication à l'extérieur de l'Europe : la destruction accélérée des forêts tropicales dues à la production croissante d'agro(bio)carburants peut déjà être observée dans plusieurs pays en voie de développement, précise-t-il.

Malgré ces critiques, Barbara Helfferich, porte-parole du commissaire à l'Environnement Stavros Dimas a affirmé à l'AFP qu'il n'était pas question pour l'instant de suspendre l'objectif fixé pour les agro(bio)carburants. La Commission envisage tout de même de supprimer les subventions dédiées à ces cultures.
La France risque d'ailleurs de ne pas apprécier vu l'intérêt que le pays porte aux agro(bio)carburants. En février dernier, le Ministre de l'agriculture et de la pêche Michel Barnier, a réaffirmé que le gouvernement continuait de soutenir la politique de développement des agro(bio)carburants. L'objectif est clair : 7% en 2010. Convaincue que cet objectif est un facteur de développement d'emploi sur les territoires et d'indépendance énergétique, la France semble espérer beaucoup des critères de durabilité que doit définir l'Europe prochainement.
Mais pour l'association de protection de l'environnement Greenpeace, ce soutien est uniquement économique : il faut cesser de se voiler la face : le volontarisme français en matière d'agro(bio)carburants repose davantage sur des considérations économiques, c'est-à-dire offrir des débouchés à l'agriculture industrielle intensive et rentabiliser des investissements industriels que des considérations environnementales, estime Jérôme Frignet. L'association encourage par conséquent la France à remettre en cause la participation significative des agro(bio)carburants aux objectifs français en matières d'énergies renouvelables à l'image de l'Allemagne qui après avoir évoqué un objectif d'incorporation de 10% d'éthanol d'ici à 2009 a fait marche arrière.

Réactions7 réactions à cet article

AGRO OUI, BIO NON

II faut prendre ses responsabilités et ne pas mettre bio à toutes les sauces

Surtout quand l'OJD vous classe en bonne position

De même qu'on parle de "néga-watt", il faut parler de "néga-carburant" qui est une excellente "source" pour faire face à la pénurie qui s'annonce et nous coute de plus en plus chère.

Sprikritik | 17 avril 2008 à 06h51 Signaler un contenu inapproprié
Faut arreter

Je ne comprends pas comment un gouvernement ose encore proner les agrocarburants. Surtout avec l'arrivée des émeutes dans le monde et la flambée des prix des biens d'alimentation. La principale cause est la culture des céréales à destination des carburants. Qui sommes nous, Français, pour mettre dans notre voiture ce que pouurrait manger un africain en une année ?

Anonyme | 17 avril 2008 à 09h23 Signaler un contenu inapproprié
Re:AGRO OUI, BIO NON

Si vous voulez faire les articles à nos places...n'hesitez pas à nous aider!!! on a beaucoup de boulot!!!

Anonyme | 17 avril 2008 à 11h15 Signaler un contenu inapproprié
Attitude de l'Etat français

Encore une fois nous sommes en dessous de tout. Ce n'est même plus surprenant ! La France refuse de prendre en compte les progrès de la recherche et de nos connaissances. Cela simplement en raison d'une application de principes économiques qui n'ont plus cours, ou peut-être pour défendre des intérêts particuliers mais certainement pas ceux de la collectivité.

Jerome | 17 avril 2008 à 16h54 Signaler un contenu inapproprié
Re:Faut arreter

Du biocarburant pour les 4x4-tous-trottoirs de nos écolos-pipos des villes... Je pense effectivement qu'il y a des attitudes plus responsables ! et tout particulièrement en ce moment, car nous sommes sur le point de vivre une grave crise alimentaire.
Bien entendu, arrêter de rouler au biocarburant ne résoudra pas la faim dans le monde...
Mais ce n'est pas parce que l'on a "tout" que l'on peut se permettre autant de cynisme.

Céline | 18 avril 2008 à 09h38 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Faut arreter

Il y a des moment il faut être responsable.
Petit retour en arrière, il y a plus de 20 ans, l'Europe "surproductrice de produits agricoles" se voie dans l'obligation de stocker ses excédents, L'éthanol était déjà un enjeu en régulant ces excéd.,en maintenant ainsi des prix rémunérateurs pour les agriculteurs, par se simple fait il aurait maintenu des prix élevés qui auraient soutenu les productions locales au travers le monde, ( et oui, il est plus facile pour des gouvernements assistés de pays en voie de dév. d'acheter des produits sur les marché mondiaux à pas cher en muselant sa popul. par des aides alimentaires que de développer leur agricuture pour une autonomie alimentaire, mais là il n'y a plus de pot de vin et l'arrivé d'une vrai démocratie n'est pas ds leurs intérêts.). A cette époque, le pétrole coulait à flot, et les lobbies pétroliers ont tout fait pour écraser l'ethanol. Aussi est arrivé l'atout écologique, il est réèl, et même s'il n'est pas gigantesque (1.4 pour 1 issu du pétrole utilisé pour le produire, de la plante à la pompe).
Effectivement on peut s'en passer, et faire "l'autruche", car il y aura deux armes essentielles demain l'énergie et l'alimentaire. Mais sans pétrole comment pourrons nous travailler demain? L'agriculture bio!! les rendements sont diviser par trois,les prix pour permettre à l'agri. de vivre dignement devrons être multiplier par trois et il y aurait une économie à deux vitesses, celle des "paysans trimmant comme des malades en travaillant sans confort comme autrefois et les autres(je n'ose pas y penser!) . Il faut anticiper, ou accepter de régrésser gravement, demain (10 ou 15ans) de nouvelles énergies seront maîtrisées, à ce moment l'éthanol issu de denrées agric. n'aura plus sa place, mais il nous aura permis de tenir.

ercat | 19 avril 2008 à 15h56 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Re:Faut arreter

Ok pour le flash back.
Mais attention à ce que l'on met sous la terminologie "réserves disponibles de pétrole" ! En réalité, les exploitants entendent par là "ce qu'il est économiquement acceptable d'exploiter, compte-tenu des sommes à engager". Ainsi, plus le prix du baril monte, plus cette barrière recule ; ce qu'il était inenvisageable d'extraire et de traiter il y a 10 ans est aujourd'hui en plein boom (typiquement : les nappes pétrolifères situées au Nord du Canada, à faible profondeur, en mélange avec du sable, qui sont exploitées à la pelle sur des 100aines de km²).
Pour reprendre ton expression : "on a largement de quoi tenir". Et comme tu le dis : chaque période connait Sa Bonne Solution... qui ne manque pas de se périmer au bout de quelques années !
Dans le cas présent, et selon moi, il faudrait effectivement opérer une marche arrière dans nos modes de consommation, et réintégrer la notion de partage. Ici et maintenant, cela se traduirait par l'arrêt des cultures destinées à faire rouler nos 4x4 au biocarburant pour permettre à tout le monde d'avoir du pain.
Arrêtons le cynisme.

Céline | 21 avril 2008 à 09h53 Signaler un contenu inapproprié

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