Annoncé en janvier, le pré-déploiement de l'affichage environnemental se concrétise dans l'hôtellerie. Une quinzaine d'établissements s'est déjà engagée à afficher les impacts environnementaux d'une nuitée, selon une méthode validée par l'Ademe.
Aujourd'hui, le prix et le confort font partie des principaux critères de choix pour une nuit d'hôtel. Mais demain, l'impact environnemental pourrait devenir un autre critère de sélection pour le consommateur. C'est l'objectif du pré-déploiement de l'affichage environnemental dans l'hôtellerie, lancé le 16 mars en marge du salon du tourisme. "Avec le développement de la consommation de masse, le consommateur a la possibilité de choisir et de dicter ses choix. Cela implique que les producteurs puissent se distinguer et cela a entraîné l'émergence des services marketing, avec une tendance au toujours plus, analyse Alexandra Bonnet, chef de service économie et évaluation du développement durable au Commissariat général au développement durable (CGDD). Pour nous, l'une des manières de lutter contre cette tendance est de fabriquer une nouvelle norme pour le consommateur : l'impact environnemental".
Annoncé en janvier dernier par la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, le pré-déploiement de l'affichage environnemental se concrétise aujourd'hui avec l'établissement des premières étiquettes pour les hôteliers engagés dans la démarche. Ils étaient une quinzaine le 16 mars, mais l'objectif est d'atteindre 100 établissements engagés. Les secteurs du textile et de l'ameublement et deux acteurs de l'alimentaire et de l'électronique se sont également engagés dans ce dispositif.
7% d'économies possibles pour les hôteliers
Concrètement, l'étiquette environnementale donnera une note environnementale globale (de A à E) pour une nuit d'hôtel et un système de curseurs et d'indicateurs chiffrés pour aller plus loin. Ils renseigneront le consommateur sur l'impact climatique, la consommation d'eau et de matières non renouvelables et l'achat de produits bio et écolabellisés pour une nuitée.

Ces impacts sont calculés sur les principaux postes : l'unité d'hébergement, le petit déjeuner, les espaces verts et la piscine, la location de linge (et son entretien), l'accueil. "Les informations sont récoltées sur une année entière, car l'impact environnemental de l'hôtellerie est très dépendant de la météo. Cet impact est ensuite divisé par nuitées et comparé à une référence, qui se situe au milieu de l'échelle", explique Hubert Vendeville, dirigeant de Betterfly tourism, qui accompagne les hôteliers volontaires. "Les hôteliers auront également la possibilité d'exprimer sur un format A4 leurs efforts ou leur plan d'amélioration d'impact environnemental", ajoute-t-il.
Ecolabel et affichage environnemental
L'affichage environnemental vise à entraîner toute la filière dans une démarche de progrès. L'écolabel européen distingue, quant à lui, les produits et services les plus respectueux de l'environnement tout au long du cycle de vie. Fin 2016, 668 hébergements touristiques avaient obtenu ce label écologique en Europe. Il garantit que des actions sont menées pour économiser l'eau et l'énergie, trier les déchets, utiliser des produits nettoyants écolabellisés…
Car les cent établissements accompagnés s'inscriront dans une
démarche sur trois ans, avec une première étiquette d'état des lieux, réactualisée chaque année afin de prendre en compte les
améliorations liées à la mise en œuvre d'un plan d'actions sur les différents postes (éclairage, équipements électriques, eau, chauffage/ventilation/climatisation, consommables - produits d'accueil, petit déjeuner, produits d'entretien).
"A priori, les leviers d'amélioration environnementale sont les mêmes que les leviers économiques : économies d'énergies, de matières premières, amélioration logistique… Lors de l'expérimentation réalisée en 2011, des baisses significatives d'impact et de coûts ont été enregistrées", indique Alexandra Bonnet
.
L'affichage environnemental permettrait de réduire les coûts de 7% dans l'hôtellerie, "soit 50 centimes à 2€ pour une nuitée dans un hôtel de taille moyenne. Ils réalisent en moyenne 10.000 nuitées par an, cela représente donc 10.000 € d'économies", selon Hubert Vendeville.
Apporter la preuve des allégations environnementales
Pour l'experte du ministère de l'Environnement, l'affichage environnemental est également un facteur de différenciation important et s'inscrit dans la "compétitivité hors prix". "Les récentes études sur les consommateurs montrent que certains veulent agir en faveur de l'environnement, quitte à payer plus cher. C'est quelque chose de nouveau et de fondamental, explique Roland Marion, chef du service produits et efficacité matières de l'Ademe. Notre objectif est de donner une information juste et comparable pour qu'ils puissent réduire l'impact environnemental de leurs actes d'achat s'ils le souhaitent".
Aujourd'hui, difficile de s'y retrouver pour le consommateur… "Il n'est généralement pas capable de vérifier par lui même la véracité des informations environnementales communiquées. L'affichage environnemental a pour but de permettre à l'entreprise de délivrer un message crédible, fiable et robuste, afin d'obtenir la juste rétribution de ses efforts", analyse Alexandra Bonnet.
D'autant que la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a introduit une nouvelle obligation : chaque allégation environnementaledevra pouvoir être prouvée par la présentation des principales caractéristiques environnementales des produits. L'affichage environnemental et les outils mobilisés pour calculer l'impact des produits et services apparaissent donc comme l'une des réponses à cette nouvelle obligation.
Les impacts environnementaux bientôt affichés sur certains produits et services (article paru le 17/02/2017) L'affichage environnemental va être prédéployé dans cinq catégories de produits et services à partir de mars. L'objectif : fournir davantage d'informations aux consommateurs sur les impacts environnementaux de leurs achats. Lire la news
Acyvia, un outil pour évaluer les impacts environnementaux de l'agro-alimentaire (article paru le 14/03/2017) Après plus de trois ans de travail, l'Ademe présente un outil facilitant les analyses de cycle de vie dans l'agro-alimentaire. Co-construit avec les acteurs, il pourra être utilisé pour l'affichage environnemental ou des démarches d'éco-conception. Lire la news
Affichage environnemental : les notations doivent être sélectives pour motiver l'amélioration (article paru le 30/01/2012) Christophe Nadal, consultant du bureau d'étude Ekotica, revient sur la complémentarité de l'affichage environnemental avec des actions d'amélioration continue de la performance environnementale des produits. Lire la news
Quand l'affichage environnemental révolutionne les relations avec les fournisseurs (article paru le 09/07/2012) Depuis un an, plus de 150 entreprises testent l'affichage environnemental des produits. Trois industriels spécialisés dans l'ameublement et la chaussure reviennent sur leur propre expérience et les mutations générées tout au long de la supply chain. Lire la news
Affichage environnemental : un facteur de compétitivité à consolider (article paru le 19/11/2013) Alors que des travaux européens démarrent sur l'empreinte environnementale des produits, le gouvernement remet son rapport au Parlement sur l'affichage environnemental. Il se prononce pour une poursuite des travaux, sans trancher sur les modalités. Lire la news
Les Français consomment des produits "verts" pour des raisons écologiques (article paru le 05/01/2017) Les raisons écologiques expliquent mieux le choix de consommer des produits durables que le niveau de revenus. Cette conclusion d'une enquête du ministère de l'Environnement confirme son intention de développer l'affichage environnemental. Lire la news
Les consommateurs feraient confiance à l'affichage environnemental obligatoire (article paru le 21/06/2016) Une enquête du CGDD montre que les consommateurs seraient sensibles à un affichage environnemental pour choisir leurs produits de consommation. Elle pointe également la nécessité du caractère obligatoire du dispositif. Lire la news
Note Grand hôtel Le Florence (Nice, 06), hôtel Alteora (Chasseneuil du Poitou, 86), hôtel Amiral (Nantes, 44), hôtel Barrière Le Majestic (Cannes, 06), hôtel Barrière Le Westminter (le Touquet, 62), hôtel d'Aragon (Montpellier, 34), hôtel de France (La tour du pin, 38), hôtel Le Normandy Deauville (Deauville, 14), hôtel Les Trésoms (Annecy, 74), hôtel Mas de l'Oulivie (Baux de Provence, 13), Impérial Palace (Annecy, 74), Le Valmoret (Magnant, 10), Resort Barrière Ribeauvillé (Ribeauvillé, 68), Royal hôtel (Versailles, 78)Article publié le 20 mars 2017