C'est ce vendredi que commence l'expérimentation nationale sur l'affichage environnemental. Pendant un an, cette phase expérimentale devrait permettre d'étudier les conditions de la généralisation de ce dispositif à l'ensemble des produits fabriqués et consommés en France, généralisation décidée lors des travaux du Grenelle de l'environnement. 168 entreprises ou groupements d'entreprises ont répondu à l'appel du gouvernement. Chacun de ces volontaires devrait tester une manière d'afficher les caractéristiques environnementales des produits, en se basant sur les principes généraux définis par le plateforme Ademe/Afnor, chargée de plancher sur le sujet à la suite du Grenelle.
Principes généraux de l'affichage environnemental
L'affichage environnemental doit permettre de fournir ''une information complète basée sur une approche multicritère des impacts environnementaux'' des produits. L'information doit porter sur l'ensemble du cycle de vie du produit, de sa fabrication (extraction de matières premières, production) à sa destruction, en passant par sa distribution (transport…) et sa consommation (utilisation…).
Alors que de nombreux pays planchent sur un affichage CO2 des produits (Royaume uni, Japon…) et que plusieurs initiatives privées en France se sont concentrées sur ce seul indicateur (Casino, E.Leclerc, Alter Eco, HopCube…), la France a fait le choix d'une information multicritère. Outre l'impact CO2, deux autres indicateurs pertinents devraient renseigner sur les principaux impacts environnementaux du produit affiché. La plateforme Ademe/Afnor a été chargée de définir les impacts spécifiques les plus significatifs de chaque catégorie de produits. Par exemple, deux autres indicateurs ont été définis pour les chaussures et la maroquinerie : épuisement des ressources naturelles non renouvelables et eutrophisation, pour le mobilier : acidification de l'air et productions d'oxydants photochimiques, pour les couches jetables, épuisement de ressources énergétiques et déchets ultimes.
Ces indicateurs sont définis par catégorie de produit car l'affichage doit permettre au consommateur de ''comparer les produits de même catégorie'' et de ''pouvoir arbitrer ses choix d'achat en fonction des critères de prix, de qualité et de pressions sur l'environnement''. Autrement dit, entre deux marques de couches, laquelle a le moins d'impact sur l'environnement ?
''Au-delà de l'enjeu direct d'information des consommateurs et d'accompagnement aux changements de comportement, le futur affichage des caractéristiques environnementales des produits représente également un facteur de compétitivité pour les entreprises'', expliquait le ministère de l'Ecologie lors de la conférence de presse présentant l'expérimentation, en mars dernier. L'étiquette énergie pour l'électroménager est souvent citée en exemple. Lancée en 1995, elle a été pionnière dans l'information environnementale. Au départ, elle a davantage incité les industriels à améliorer leur offre de peur d'être mal classés (note F ou G) que les consommateurs, peu sensibilisés à cette nouvelle information. En quelques années, l'étiquette énergie a permis de tirer l'offre vers le haut.
Un vaste chantier pour améliorer les connaissances des impacts
Mais les parties prenantes préviennent que le dispositif d'affichage environnemental n'aura de sens que si les données fournies sont fiables et robustes. L'expérimentation menée en 2009 par la fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) et l'association nationale des industries alimentaires (ANIA) sur 300 références alimentaires et non alimentaires a souligné quelques limites ou freins à l'affichage multicritère. D'une part, les données nécessaires pour l'évaluation de l'ensemble du cycle de vie des produits ne sont pas toujours disponibles. D'autre part, le degré de précision des données collectées ne permet pas de distinguer les références au sein d'une même famille de produits en fonction de leurs impacts. C'est pourquoi l'ADEME travaille à la mise en place d'une base de données publique qui devrait permettre de fournir des données génériques (moyennes) dans un premier temps pour combler le manque de données spécifiques (réelles).
Si les premières démarches menées sur l'affichage environnemental se sont concentrées sur l'indicateur CO2, c'est parce que c'est la donnée la plus simple à quantifier et collecter. D'autres indicateurs, comme l'écotoxicité ou l'impact sur la biodiversité, sont beaucoup plus difficiles à renseigner, du fait d'un manque de connaissances scientifiques. ''Leur quantification apparaît toujours complexe, reconnaît le ministère de l'écologie, mais elle est également incontournable pour éviter une vision partielle ou déformée des impacts environnementaux de notre consommation''. Ainsi, des études ont déjà été lancées, à l'instar d'AgriBalise, menée par l'INRA, qui vise à fournir des données de cycle de vie pour les 40 matières premières agricoles les plus consommées en France.