Sous les feux de l'actualité, cette substance entre dans la fabrication du polycarbonate, un plastique rigide et transparent utilisé dans de nombreux récipients alimentaires, notamment les biberons. Une évaluation de l'exposition des consommateurs avait été lancée par l'Afssa après publication d'un avis en février 2010 dans lequel l'agence reconnaissait pour la première fois l'existence de ''signaux d'alerte'' sur d'éventuels effets sanitaires du BPA.
Niveau moyen d'exposition 50 fois inférieur à la dose journalière tolérable
L'agence a donc recueilli 769 données sur les teneurs en BPA dans les aliments. Dans les sodas, les valeurs les plus basses retrouvées sont inférieures au seuil de détection, et les plus hautes vont jusqu'à 17 microgrammes par kilogramme (µg/kg) d'aliment. Pour les conserves de légumes, de poissons et de plats cuisinés, les valeurs les plus basses sont elles aussi inférieures au seuil de détection, et les plus hautes vont jusqu'à 128 µg/kg d'aliment.
Quant à la migration à partir d'ustensiles ménagers en polycarbonate, seuls les biberons ont été pris en compte. ''On trouve pour les biberons et les premiers dosages sur les produits infantiles des valeurs basses ou inférieures au seuil de détection'', affirme l'Afssa. Ces récipients alimentaires cristallisent les inquiétudes sur le BPA : le Sénat français a adopté à l'unanimité en mars dernier une proposition de loi pour suspendre la commercialisation des biberons fabriqués à base de Bisphénol A. Ils sont déjà interdits au Canada et dans plusieurs Etats des Etats-Unis depuis 2008.
Le niveau moyen d'exposition des consommateurs français au bisphénol A est de 1 µg/kg de poids corporel par jour, soit 50 fois inférieur à la dose journalière tolérable (DJT) fixée par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), affirme l'Afssa.
Chauffer moins fort les récipients contenant du BPA
Toutefois, l'agence recommande ''un étiquetage systématique'' des produits contenant du BPA pour éviter que les consommateurs ne les chauffent pendant trop longtemps. ''La présence de BPA dans les aliments est principalement due à sa migration à partir des matériaux au contact, ce phénomène étant accentué par le chauffage'', rappelle l'Afssa.
Elle recommande aussi ''une mobilisation de l'industrie (…) pour mettre au point des substituts du BPA pour les usages alimentaires'' ainsi que la réévaluation des ''limites de migration spécifique du BPA''.
Des recommandations qualifiées ''d'hypocrites'' par le Réseau Environnement Santé (RES) : ''la dose de 1µg/kg/jour représente un risque de santé publique considérable'', estime André Cicolella, porte-parole du RES. ''Cette dose induit chez le rat des effets sur la reproduction sur plusieurs générations'', ajoute-t-il. Le RES demande par conséquent que l'Afssa intervienne clairement auprès de l'agence européenne pour que l'avis de celle-ci attendu en Mai soit conforme aux bonnes pratiques en matière de fixation des normes et qu'une norme soit fixée à 1 nanogramme par kilo et par jour.
Article publié le 27 avril 2010