Avec une augmentation des surfaces cultivées, des candidats à la conversion toujours présents et un recul limité de son chiffre d'affaires, la bio s'en sort mieux que l'agriculture conventionnelle. Les chiffres de l'Agence bio en témoignent.
Contrairement aux idées reçues, le bio se porte plutôt bien, en France. Telles sont les conclusions de l'Agence bio qui publiait, ce vendredi 10 juin, les chiffres-clés de son secteur pour 2021. Avec une surface de près de 2,8 millions d'hectares consacrés à ce type d'agriculture, soit plus de 10 % du total sur le territoire, pour 58 000 fermes, l'Hexagone se situe même en position de chef de file en Europe. Enclenchée ces dernières années, cette dynamique perdure malgré un léger ralentissement du nombre d'hectares en conversion : moins 1 % par rapport à 2020.
L'année dernière, le nombre d'hectares exploités en bio s'est ainsi accru de 9 %. « On sent un engouement chez les jeunes, notamment, qui sont de plus en plus nombreux à vouloir s'investir dans cette agriculture », confirme Loïc Guines, président de l'Agence bio. Certaines filières poursuivent leur développement, comme celles des plantes à parfum aromatiques et médicinales (+ 27 %) ou celle des fruits à coques (+ 14 %), dont près de la moitié des surfaces est aujourd'hui en bio.
Des records à conforter dans le cadre de la PAC ?
Avec plus de 20 % de ses surfaces certifiées, la France est aussi devenue le premier pays cultivateur de vignes exploitées en bio. En parallèle, 4,17 % des fermes sont sorties de ce circuit en 2021, essentiellement en raison d'une cessation d'activité ou du départ à la retraite des exploitants. Le secteur rassemble par ailleurs 19 % de l'emploi agricole, soit 200 000 équivalents temps plein. Les retouches sur le Plan stratégique national (PSN), demandées par la Commission européenne au gouvernement français en matière de soutien à l'agriculture bio, joueront sans doute un rôle dans la stabilisation du secteur.
Le ministère de l'Agriculture – désormais également ministère de la Souveraineté – vient déjà de réhausser les exigences de la certification Haute Valeur environnementale (HVE). Reste à savoir quelle plus-value sera ou non accordée au bio. « Sur les aides à la conversion, le gouvernement a compris qu'il fallait y mettre du budget. C'est plus compliqué en ce qui concerne les aides au maintien. Mais les discussions sont en cours », commente Loïc Guines, qui rappelle, au passage, l'existence d'autres financements pour structurer ou stimuler le secteur, comme le programme Ambition bio ou le Fonds avenir bio.
Une demande qui ralentit
Face à la chute des ventes dans l'alimentaire en général, le bio a donc plutôt bien résisté
Laure Verdeau, directrice de l'Agence bio
Les exploitants vont cependant devoir composer avec un marché un peu moins vigoureux en 2021 que les cinq années précédentes, avec une baisse de 0,5 % du chiffre d‘affaires par rapport à 2020, quoiqu'avec de grandes différences selon les
circuits. En effet, si une réduction de 4 % est bel et bien enregistrée en grandes et moyennes surfaces (50 % des débouchés) et de 2 % en magasins spécialisés (27 % de la distribution), les chiffres sont en hausse de près de 8 % pour les ventes en direct, de 6 % auprès des artisans et de 20 % dans la restauration hors domicile, collective ou commerciale. «
Face à la chute des ventes dans l'alimentaire en général, depuis la pandémie de Covid-19, qui a fait perdre 5 milliards d'euros au secteur dans son ensemble, le bio a donc plutôt bien résisté », constate Laure Verdeau, directrice de l'Agence bio. Aujourd'hui, la France figure d'ailleurs à la deuxième place des consommateurs de ces produits dans l'espace européen, derrière l'Allemagne. Mais l'arrivée des nouvelles fermes risque de changer la donne. Déjà autosuffisant en lait, œufs et graines, le pays va devoir offrir de nouveaux débouchés à une production en croissance.
Les consommateurs et la restauration à la rescousse
« Ces producteurs bio qui arrivent sur le marché ont pris une décision rationnelle au moment de leur conversion, avec des croissances à deux chiffres en bio. Il s'agit maintenant de les accueillir, de se tenir prêts pour soutenir leur engagement », souligne Laure Verdeau. L'essor du marché (entre 4 et 7 %) dans la plupart des pays voisins, sauf la Suède et la Finlande, laisse espérer des marges de progression non négligeables aux acteurs du secteur. De l'ordre de 5 à 6 %, avancent-ils. À condition de trouver les bons leviers à actionner. Afin de renforcer leur puissance respective, l'Agence bio s'est associée, en mars dernier, avec les interprofessions (Cniel, Interfel, Interbev, Cnpo, Synalaf, Cnipt, Intercéréales, Terres Univia) et la Maison de la Bio. Une première.
De cette réunion est née une campagne de communication, lancée le 30 mai. Une autre première. Son objectif : éclairer les consommateurs sur les atouts de cette agriculture, préservation de l'environnement, de l'eau et de la biodiversité comprise. « Un sur deux se déclare mal informé, notamment sur les règles, les contrôles et les garanties », note Laure Verdeau. Mais la restauration hors domicile, collective ou commerciale, pourrait aussi représenter un relai intéressant. Si toutes les cantines incluaient les 20 % de bio dans leur approvisionnement, comme le prévoit la loi Egalim, elles apporteraient 1,4 milliard d'euros au marché, estime l'Agence bio. « Dans la Drôme, la part des produits bios dans les cantines des collèges atteint 42 %, bien au-delà des 20 % prescrits par la loi Egalim. Donc, c'est possible ! » insiste Laure Verdeau.
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