Prélever la trésorerie de l'Agence française pour la biodiversité (AFB) pour financer le Centre national pour le développement du sport. Tel est l'objet d'un amendement gouvernemental au projet de loi de finances rectificatives pour 2017 (PLFR 2017) que l'Assemblée nationale a adopté mardi 5 décembre.
Le texte prévoit que le prélèvement de 27 millions d'euros sur les "ressources accumulées" de l'AFB sera opéré avant le 31 décembre 2017. "L'AFB, créée cette année, a accumulé 97 millions d'euros de trésorerie en raison d'un décalage entre ses dépenses et ses recettes pendant sa première année. Ce prélèvement ne porte donc pas atteinte à ses capacités à assurer ses missions", a justifié Olivier Dussopt. Le fruit d'un arbitrage budgétaire "pur et assumé", a défendu le tout nouveau secrétaire d'Etat chargé de la fonction publique.
"Déjà fin 2016, l'Etat avait ponctionné 70 millions d'euros sur la trésorerie de l'Onema en guise de cadeau de naissance à l'AFB. C'est donc en deux ans près de 100 millions d'euros qui sont soustraits à la capacité de l'agence à assurer en premier lieu ses interventions et subventions, actions qui nécessitent une trésorerie suffisante pour pouvoir envisager des projets pluriannuels", s'indigne après ce vote le syndicat SNE-FSU Biodiversité.
"Cette manœuvre de Bercy est grave", s'indigne France Nature Environnement (FNE). "Après les ponctions financières envisagées en 2018 sur les agences de l'eau, cet amendement adopté est un nouveau signe négatif de la part du Gouvernement, qui ne peut porter une politique ambitieuse en matière d'eau et de biodiversité s'il réduit les crédits des opérateurs publics chargés de ce domaine", pointe Christian Hosy, coordinateur du réseau biodiversité de la fédération d'associations.
Ce prélèvement sur les ressources de l'AFB à travers le PLFR est en effet opéré alors que le Gouvernement prévoit, à travers le projet de loi de finances pour 2018 (PLF 2018) cette fois, d'augmenter la contribution des agences de l'eau à l'AFB. Le principe "l'eau paie le sport" en passe de supplanter celui selon lequel "l'eau paie l'eau" ?