Un enfant jouant sur une plage bretonne avec des algues vertes. Un homme, un maïs OGM braqué sur la tempe. Une tête de mort formée par des cadavres d'abeilles, victimes des pesticides…
Ce n'est ''pas seulement un coup de poing médiatique, mais aussi l'occasion de proposer des solutions et d'ouvrir un dialogue'', explique FNE. Opération réussie ? Le monde agricole ne parle plus que de ça et de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer cette campagne. La méthode est très critiquée. Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture, a même pris la plume dans le Libération du 16 février pour contester ''des raccourcis inacceptables sur le vieux refrain 'agriculteurs = pollueurs'.'', qualifiant la campagne publicitaire de ''provocation'' et de ''scandale''.
Une campagne jugée ''provocante'' et contre productive
Pour le Forum de l'agriculture raisonnée respectueuse de l'environnement (FARRE), ''FNE a choisi de rompre les fils du dialogue en lançant une campagne qui reprend les grosses ficelles de la communication : la provocation. (…) Ce n'est pas en désignant des boucs émissaires mais c'est en cherchant des solutions ensemble que nous parviendrons à relever un tel défi''.
Même sentiment pour la région Bretagne : ''ces attaques caricaturales ne permettront pas de résoudre la question des algues vertes. Au contraire, elles risquent de réduire à néant les efforts des acteurs de terrain et de raviver les clivages''.
Bruno Le Maire, très critique vis à vis de l'initiative de FNE, explique pour sa part qu' ''accompagner un mouvement n'est pas le précipiter. Nos agriculteurs sont soumis à une concurrence européenne sans merci. Nous leur demandons de résister au dumping par les prix de pays qui ne respectent pas les mêmes critères environnementaux. Si nous ne sommes pas raisonnables, nous aurons sauvé une certaine idée de l'agriculture, mais les agriculteurs aurons disparu''.
FNE justifie sa campagne : ''notre agriculture est malade. Nous importons des OGM pour alimenter notre bétail alors que nous nous interdisons d'en cultiver et que le consommateur n'en veut pas. Des tonnes de lisier (…) (…) des marées d'algues vertes. L'emploi massif de pesticides dangereux contribue au déclin des abeilles et des autres pollinisateurs''. Et d'expliquer : ''notre rôle est d'alerter l'opinion''.
Provoquer pour ouvrir le dialogue ?
''Nous souhaitons que la campagne d'affichage de France nature environnement soit uniquement prise comme une alerte qui appelle à se réunir, pour réellement résoudre les problèmes qui nous sont posés'', explique Jean-Luc Toullec, président de Bretagne Vivante, association membre de FNE. L'association estime que ''le principe provocateur de cet affichage intervient en réaction au recul de l'État sur les problèmes environnementaux en agriculture, (''L'environnement, ça commence à bien faire !'', selon N. Sarkozy). Il répond aussi à l'attitude d'une frange de la profession agricole qui, confrontée à une grave crise financière, tente d'imputer ses difficultés à une réglementation environnementale qui serait trop contraignante. Nous le disons haut et clair : ces agriculteurs se trompent d'ennemi''.
Europe Ecologie/Les Verts font la même analyse : la campagne de FNE ''marque le ras-le-bol de décisions politiques d'encouragement à un système productiviste sans limite au delà de la région bretonne (…). [Elle]dénonce certaines politiques qui imposent à marche forcée un développement de l'agriculture contraire aux attentes de la société, des consommateurs,d es contribuables et des agriculteurs respectueux de l'environnement, ou encore des jeunes, nombreux, qui souhaitent entrer dans le métier, mais dont les portes sont de plus en plus fermées''.