Les agriculteurs, comme les associations, sont dans l'expectative à la veille de la conclusion des Etats généraux de l'alimentation par le Premier ministre. L'une des annonces pourrait concerner la montée en gamme de l'agriculture.
Le Premier ministre Edouard Philippe conclura les Etats généraux de l'alimentation (EGA) le 21 décembre prochain. Ses annonces sont attendues fébrilement par les différentes parties prenantes. Après cinq mois de travaux, les participants aux EGA sont plus que jamais dans l'expectative quant à l'issue finale. Chacun des 14 ateliers a réalisé une synthèse des mesures discutées, parmi lesquelles le gouvernement pourrait piocher. Mais très peu d'informations ont filtré sur la forme que prendront ces annonces. "Nous n'avons cessé de demander des éclaircissements sur la finalité politique de ces EGA. Par qui sera fait l'arbitrage final ? Sans réponse, on en conclut qu'ils seront rendus par le seul gouvernement, sans les parties prenantes", regrette Cyrielle Denhartigh, responsable des politiques Agriculture au réseau Action climat (RAC). "C'est un flou absolu", confirme Jacques Caplat, référent agriculture d'Agir pour l'environnement. "Le risque des EGA était de sortir avec une profusion de solutions, sans vraiment de cohérence. Il est important qu'une synthèse cohérente et pragmatique soit faite au niveau ministériel", analyse Claude Cochonneau, président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA).
Seule certitude : le président de la République a annoncé, lors de son discours à Rungis le 11 octobre, la présentation d'un projet de loi en 2018. "Les propositions que l'ont fait doivent être concrétisées rapidement, pas dans six mois, estime Sébastien Windsor, président de la Chambre d'agriculture de Seine-Maritime. Si ce n'est pas le cas, il faudra refaire le processus car le consensus ne sera plus là".
Un tiers de bio et un tiers de HVE en 2030 ?
Alors que la première partie des EGA était consacrée à la rémunération des agriculteurs, la seconde abordait les problématiques environnementales et sanitaires. "Le Président de la République souhaite une montée en gamme de l'agriculture. Face aux Espagnols, aux Polonais qui sont dans une stratégie low cost, la montée en gamme est une manière de protéger nos marchés. Mais certains la confondent avec le tout bio", explique Olivier Allain, coordinateur des EGA.
La certification environnementale et la HVE
Depuis 2011, les exploitations agricoles peuvent s'engager dans une certification environnementale menant à la qualification Haute valeur environnementale (HVE). Un premier niveau permet, via un autodiagnostic, de vérifier que l'exploitation s'inscrit dans une démarche de progrès. Le deuxième niveau est délivré lorsque 16 exigences sont respectées sur la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la fertilisation et la gestion de la ressource en eau. Un système d'équivalence a été mis en place pour reconnaître des démarches pré-existantes. Seul le niveau 3 permet d'obtenir le label HVE. Pour y prétendre, les agriculteurs ont une obligation de résultats, évaluée à l'aide d'indicateurs précis.
L'une des mesures phares issue des EGA fixe des objectifs ambitieux en la matière : convertir, d'ici 2030, un tiers de l'
agriculture en bio et un tiers en Haute valeur environnementale (HVE). Le dernier tiers devrait être au minimum engagé au niveau 2 de la
certification environnementale menant à la HVE. Un objectif intermédiaire est également fixé : 15% de bio, 15% de HVE et 25% de niveau 2 d'ici la fin du quinquennat, en 2022.
"C'est important de donner un horizon à l'agriculture en définissant vers quels types de pratiques elle doit tendre. Si cette volonté est affirmée par le gouvernement, il faudra consacrer de gros moyens à la recherche et à l'accompagnement des transitions", analyse Jacques Caplat. L'ingénieur agronome craint cependant que la HVE ne fasse une concurrence déloyale à la bio, alors qu'elle porte sur
"des progrès environnementaux minimes".
Les chambres d'agriculture, de leur côté, maintiennent qu'il ne faut pas opposer les agricultures : "Nous devons être présents sur tous les marchés nationaux et ne pas les saturer", réagit leur président. L'APCA demande la mise en place d'un fonds d'investissement de 500 M€ pour l'innovation et la mise en place de dispositifs, avec l'Inra et les instituts techniques, pour faciliter le transfert vers les agriculteurs. De même, elle souhaite la mise en place d'un accompagnement financier au changement, comme pour les conversions à l'agriculture biologique, pour compenser les surcoûts et les pertes de revenu. "La prise de risque quand on change de système est un frein à la transition", estime Sébastien Windsor.
Rendre les exploitations plus autonomes
Les EGA ont réaffirmé la nécessité de préserver les sols agricoles et de redonner à l'agriculture française son autonomie, notamment pour l'alimentation du bétail. Dans ce but, la polyculture élevage doit devenir le modèle de référence à la plus petite échelle possible, a estimé l'atelier 11. "Ce point a fait l'objet d'un grand débat, il y a encore des blocages", raconte Jacques Caplat. L'APCA soutient également que ce modèle permet d'assurer l'alimentation du bétail par des productions de la ferme et la restitution d'éléments fertilisants au sol. Mais elle promeut davantage les démarches collectives qu'un changement de modèle à l'échelle de l'exploitation. "Il ne faut pas un modèle unique de production, mais une diversité de systèmes", explique Sébastien Windsor. L'APCA se félicite d'ailleurs du lancement, en première partie des EGA, des plans de filières, qui permettent aux agriculteurs de définir eux-mêmes les solutions à mettre en œuvre, plutôt que de se les voir imposer. Les associations ont quant à elles demandé, sans succès, à être associées à l'élaboration de ces plans de transition agricole : "C'est comme si on demandait à Monsanto seul de faire un plan de sortie des pesticides", ironise Laure Ducos, chargée de campagne Agriculture pour Greenpeace.
L'autonomie porte aussi sur la question des intrants. "Il a été question de fixer des obligations de résultats dans le cadre d'Ecophyto mais la mise en œuvre reste floue", explique Jacques Caplat. De même, la volonté de séparer les activités de vente et de conseil de produits phyto a été réaffirmée. "Le débat sur les phytosanitaires prend une tournure irrationnelle, estime Claude Cochonneau. Nous avons besoin d'une combinaison de solutions et de temps pour nous adapter. La société doit également être prête à payer le prix et les conséquences d'une baisse des phyto".
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