"En 2013, les ventes de produits bio pour la consommation à domicile ont progressé de +9%", indique l'Agence bio, groupement d'intérêt public en charge du développement et de la promotion de l'agriculture biologique. Si bien que 49% des Français consomment des produits bio au moins une fois par mois, révèle la 11e édition du baromètre Agence Bio/CSA.
Ce qui permet à l'Agence d'affirmer, au moment où s'ouvre la 15e édition du Printemps Bio, que "le développement de la consommation de produits bio est une tendance de fond". En effet, "le marché est structurellement en augmentation, avec une croissance moyenne de l'ordre de 10% par an des achats par les ménages de 1999 à 2005", explique-t-elle. "En 2006, la croissance s'est accélérée. De 2007 à 2012, le marché a doublé". Ce qui laisse toutefois entendre qu'avec une croissance de +9%, la hausse s'est toutefois légèrement ralentie.
"Les évolutions sont contrastées par secteur de produits et circuit de distribution", relève toutefois l'Agence bio. De 2012 à 2013, les taux de croissance les plus élevés en chiffre d'affaires ont été enregistrés par la vente directe (+17,2%), les artisans-commerçants (+14,5%) et les magasins spécialisés organisés en réseau (+12,4%). Les magasins bio indépendants ont connu une baisse de -2,3%. Quant aux grandes surfaces, elles ont connu une hausse inférieure à la moyenne générale (+6,5%) mais elle détiennent toujours la part de marché la plus importante (46,4%).
Si l'on considère maintenant les familles de produits, de 2010 à 2013, la palme de la croissance revient aux vins (+56%), devant l'épicerie et autres boissons (+36%), puis les produits "traiteur et surgelés" (+34%).
Nombreux sont les consommateurs qui font appel à plusieurs circuits de distribution. Certains produits sont en effet plus facilement achetés dans un circuit que dans un autre. Dans le secteur des fruits et légumes, 42% des ventes sont effectuées via les magasins spécialisés, devant les grandes surfaces (30%) et la vente directe (27%). Dans celui de l'épicerie et autres boissons, 51% des ventes sont effectuées en magasins spécialisés et 47% en grandes surfaces. En revanche, dans le secteur de la crèmerie, ce sont les grandes surfaces qui reprennent la main (67%) devant les magasins bio (24%) et la vente directe (8%).
"La vente directe est spécialement développée dans les secteurs du vin et des fruits et légumes, devant la viande (…) et les fromages et autres produits laitiers", indique l'Agence bio. Quant aux artisans-commerçants, leurs ventes portent majoritairement sur le vin, les viandes, le pain et la farine.
Perspectives de croissance
Les statistiques pourraient croître encore. En mars 2014, 24% des consommateurs de produits bio déclaraient avoir l'intention d'augmenter leur consommation au cours des six mois suivants et 71% de la maintenir.
D'autant que si la tendance 2013 se confirme cette année, la hausse des prix reste contenue. Elle a été la plus forte pour les fruits et légumes (+7% tout de même), et la viande bovine et ovine (+5%). Mais elle est restée modérée pour les volailles (+3%), la charcuterie-salaison (+2%), les produits de la mer (+3%), les produits "traiteur et surgelés" (+2%). Les prix ont en revanche baissé pour le lait (-5%), les produits laitiers (-1%), les œufs (-2%), les jus de fruits et de légumes (-2%).
L'enjeu de l'origine des produits
Les Français se disent par ailleurs très attentifs à l'origine des produits (58%), devant le mode de production (50%) et les contrôles (47%). L'enquête montre que 75% des produits bio consommés en France viennent de l'hexagone. La quasi-totalité des viandes, des volailles, des œufs, du lait, des produits laitiers et des vins en proviennent. Les importations concernent des produits exotiques (café, thé, cacao, bananes et autres fruits exotiques) et des spécialités gastronomiques étrangères, des produits peu disponibles en France (riz, produits aquacoles, agrumes, etc.), ainsi que "des achats relais de l'offre française et/ou des compléments de gamme" (céréales, fruits et légumes, etc.).
Face à ce souci de l'origine des produits et aux perspectives de croissance, la question de l'offre se pose. Les chiffres des surface certifiées bio sont rassurants. Ces dernières ont en effet augmenté de 9% entre 2012 et 2013, représentant environ 1,1 million d'hectares. "Le défi qui s'annonce pour la bio est celui du renforcement de la production pour répondre à la demande nationale et internationale", souligne toutefois l'Agence bio. En effet, "après une phase de conversion importante entre 2009 et 2011, qui a permis de réduire de manière substantielle les importations de produits bio, l'engagement en bio de surfaces et d'animaux entre dans une phase de consolidation", indique-t-elle. En d'autres termes, le nombre de surfaces en conversion ralentit et pourrait ne pas suffire aux besoins.
Le développement de l'élevage bio est aussi contrasté. Alors que les élevages de bovins, ovins et caprins continuent leur progression, ceux de poulets et de porcs sont en recul.
En termes d'acteurs, la filière comptait 26.500 producteurs en mai 2014 et 12.577 opérateurs en aval (transformateurs, distributeurs, importateurs) fin 2013. Economiquement, le marché des produits bio était estimé à 4,56 milliards d'euros en 2013.