Les surfaces bio françaises pourraient doubler d'ici 2015, selon une étude du Centre d'études et de prospective (Cep) du ministère de l'Agriculture basée sur les intentions de conversion à l'agriculture biologique exprimées lors du recensement agricole de 2010.
"Si l'orientation technique, le type de production et la surface agricole utile (SAU) de ces exploitations restent inchangées, environ 745.000 hectares (ha) supplémentaires seraient en conversion ou produiraient sous certification biologique à l'horizon 2015", estime le document.
La totalité atteindrait alors les 1,5 million d'hectares et représenterait 5,5% de la surface agricole utile française.
Le profil des futurs convertis s'avère proche des exploitants déjà en agriculture biologique (AB) aujourd'hui : une moyenne d'âge 4 à 5 ans plus jeune qu'en agriculture conventionnelle et un niveau de formation plus élevé. Autre similitude : 36% des exploitations qui souhaiteraient passer en bio ont recours aux circuits courts pour leurs ventes. En regard, 56% des producteurs bio et 18% des fermes conventionnelles utilisent le même schéma.
Si les intentions de conversion concernent l'ensemble des cultures, les surfaces utilisées pour de l'agriculture biologique seraient surtout des prairies temporaires et de grandes cultures.
Concernant l'élevage, le cheptel national pourrait progresser de 2,3% avec une plus forte proportion des ovins-caprins et des bovins.
Les régions les plus dynamiques ? Le Sud et l'Est de la France. Rhône-Alpes, Aquitaine, Midi-Pyrénées ou Languedoc-Roussillon présenteraient, selon l'étude, le nombre d'exploitations le plus important.
Les objectifs du Grenelle de l'environnement difficilement atteignables
Si ce doublement des surfaces bio semble remarquable, les objectifs du Grenelle de l'environnement seront difficilement atteignables. Le Gouvernement vise en effet les 6% de SAU en AB en 2012 et 20% en 2020. Avec environ 845 milliers d'hectares en 2010, la part de la SAU en AB en France (autour de 3,1%) s'avère plus faible que la moyenne communautaire (estimée à 5,1%) selon Eurostat et l'Agence Bio.
"La spécialisation régionale de l'agriculture française et les différences de niveau des aides agricoles selon les productions expliquent une partie de la forte hétérogénéité du développement de l'AB, selon une étude de l'Agence de services et de paiement", analyse Thuriane Mahé et Fabienne Portet du Centre d'études et de prospective.
Concernant la formation, selon elles, les soutiens publics au déploiement à grande échelle des réseaux (spécialisé et généraliste) des organismes de développement en AB accusent un retard par rapport aux autres réseaux de développement agricole. Comme l'évolution de l'agriculture biologique semble liée aux circuits courts, dans leur étude, les deux spécialistes du Cep conseillent également le développement de modules de formation adaptés à ces voies de commercialisation.
D'après la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique (Fnab), l'amélioration du service de conseil en agriculture biologique s'avère capitale pour la pérennité des conversions.
Selon l'étude "Les enjeux de la production d'agriculture biologique en France" du Cep, parmi les principaux facteurs de déconversion figure le manque d'accès à des connaissances des marchés, prix, volumes échangés, conditions de mise en vente, etc., les contraintes économiques et techniques de l'exploitation et du marché ainsi que le coût de la certification.
Développer la productivité
Autre levier pour développer l'agriculture bio selon l'étude du Cep : réaliser des efforts de recherche pour permettre des gains de productivité.
Pour disposer de données standardisées à grande échelle, un corpus de références techniques et économiques locales serait en cours de constitution.
"Des configurations orientées vers le partage des connaissances et des compétences entre conseillers, agriculteurs et chercheurs sont souhaitables et envisagées. La mutualisation des réseaux en AB est donc à poursuivre pour améliorer les échanges", assure le document.