Selon l'Agence bio : 80% des Français attendent des produits bio dans les restaurants, 89% des parents aimeraient qu'on propose des produits bio à leurs enfants. Des produits issus de l'agriculture biologique et dans la mesure du possible locaux, pour plus de sens, avoir un impact environnemental moindre et favoriser des emplois locaux, proches du lieu de consommation. C'est toute cette philosophie qu'essaient de mettre en place de nombreux acteurs sur le terrain. A l'image de Mylene Maurel, responsable agriculture au sein du Parc naturel régional du Luberon qui permet l'approvisionnement de produits locaux et bio dans une trentaine d'écoles.
C'est le cas aussi des cuisiniers qui jouent un rôle très important : ils s'organisent avec les producteurs pour des livraisons régulières avec une visibilité sur une année entière (contre cinq semaines dans des cas plus classiques). Ils concoctent des menus composés de produits de saison, ils innovent, prennent des risques, travaillent sur le gaspillage alimentaire pour réduire les surcoûts liés à une alimentation de meilleure qualité.
Approvisionnement, pénurie d'agriculteurs
Le modèle agro-industriel met en difficulté de nombreux agriculteurs. En France, près de 250 exploitations disparaitraient chaque semaine selon des chiffres du ministère de l'Agriculture. Aujourd'hui, il y a donc de moins en moins d'exploitations ou bien elles deviennent de plus en plus grosses, des fermes usines.
Ces dernières n'ont pas vraiment vocation à réaliser des livraisons locales mais plutôt à fournir en quantité la grande distribution. Cette dernière ne laisse que très peu de place à la production locale et achète à un prix très bas pour être en phase avec la concurrence internationale.
Petits producteurs en difficulté, artificialisation des sols
Entre 50.000 et 70.000 hectares de terres agricoles sont artificialisées chaque année. En particulier les terres autour des centres urbains, les terres les plus fertiles selon Robert Levesque, directeur du bureau d'études du groupe Safer (société d'aménagement foncier et d'établissement rural). "On continue à urbaniser ces meilleures terres, le projet EuropaCity se situe sur des terres qui font 5 mètres de limon (formation sédimentaire très favorable pour la fertilité des sols). Ce sont les terres les plus riches d'un point de vue agronomique pour la France".
Mais une fois encore, la demande est là et c'est bien ce qui peut faire bouger les choses. Et aussi grâce à des initiatives comme sur la commune d'Albi (Tarn), avec ses 50.000 habitants. La mairie annonce vouloir atteindre l'autosuffisance alimentaire grâce à un approvisionnement local dans un rayon de soixante kilomètres. Voir le reportage vidéo.
L'agence de conseil en développement durable, Utopies, a réalisé une étude qui montre que 97% des produits sont exportés un peu partout en France et à l'étranger avant même d'avoir répondu aux besoins locaux. Une aberration pour cette agence qui propose quelques solutions. Voir l'interview vidéo d'Annabelle Richard, en charge de l'étude.Des solutions existent donc pour doper cette agriculture locale et biologique, la demande est forte et de nombreux acteurs, élus, cuisiniers, associations et autres s'engagent peu à peu dans cette démarche. Toutefois, tous les territoires ne sont pas dotés des mêmes avantages agronomiques et climatiques. Ce modèle agricole pourrait donc avoir un avenir plus ou moins aisé en fonction des départements.