Plus de 120 hectares pour une cinquantaine de parcelles expérimentales. Autant d'hypothèses de recherche pour trouver des voies de transition vers une agriculture sans phytosanitaires. C'est l'ambition des chercheurs de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) qui expérimentent depuis 2018 de nouvelles méthodes de production agricole dans le domaine d'Époisses, situé à Bretenière dans la région de Dijon. Cette plateforme de recherche baptisée « CA-SYS », en référence au cassis, est l'acronyme anglais de « système agroécologique coconstruit ».
Plusieurs voies de recherche sont à l'essai, comme limiter le travail du sol ou mettre la faune et la flore au service des cultures pour gérer les insectes ravageurs. « On expérimente uniquement sur des grandes cultures comme le colza, la moutarde, l'orge de brasserie ou le blé. On teste aussi des associations de culture, comme le blé qu'on cultive avec la féverole pour que les espèces bénéficient l'une de l'autre pour l'azote par exemple ou pour la gestion des bio-agresseurs », précise Stéphane Cordeau, responsable de la plateforme CA-SYS.
Autre enjeu : la gestion des mauvaises herbes. Pour cela, plusieurs types de cultures intermédiaires sont expérimentés avec et sans labour. Et les chercheurs s'autorisent à utiliser de l'engrais, contrairement à ce qui est pratiqué en agriculture biologique. Mais les objectifs ambitieux de l'Inrae sont pour l'instant en dessous des espérances. « On a un potentiel de production de blé qui serait de 80 quintaux en agriculture conventionnelle. On arrive à produire avec nos systèmes 50 quintaux quand en bio le rendement serait de 40 quintaux. On est loin des objectifs qu'on avait assignés qui étaient entre 60 et 70 quintaux », regrette Stéphane Cordeau.
Par ailleurs, des agriculteurs sont associés aux recherches afin d'adapter les techniques testées à leur propre contexte agricole. Des pratiques qui devront être perfectionnées dans les prochaines années sachant que le plan Ecophyto II est censé imposer une réduction de 50 % des pesticides d'ici à 2025.