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Air : les pesticides sont présents, à la campagne comme à la ville

Airpairif a mesuré les pesticides dans l'air à Paris et en zone agricole. Une quarantaine de molécules ont été détectées sur chacun des deux sites. Toutefois, leur nature et leur concentration dans l'air peuvent varier sensiblement.

Agroécologie  |    |  P. Collet
Environnement & Technique N°359
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°359
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Des pesticides sont présents dans l'air toute l'année, que ce soit en ville ou en zone rurale. Néanmoins, le nombre de pesticides mesurés dans l'air et les teneurs déclinent depuis près de dix ans. Si la problématique reste principalement agricole avec une période "chargée" au printemps, l'enjeu pour les zones urbaines est tout aussi important puisqu'on y détecte autant de molécules qu'en zone rurale.

Tels sont les principaux résultats d'une campagne de mesures des pesticides dans l'air en région Ile-de-France, rendus publics ce mercredi 11 mai par Airparif. Intitulée "Pesticides des villes, pesticides des champs", l'étude se base sur des mesures réalisées sur un an en ville (18ème arrondissement de Paris) et en milieu agricole (Bois-Herpin en Essonne). Un premier document présente l'état des connaissances (1) et un second les résultats de la campagne (2) réalisée en 2013 et 2014.

Les mesures ont porté sur la détection de 171 molécules dans l'air francilien. Les pesticides recherchés étaient des phytosanitaires utilisés pour la protection des plantes et des biocides utilisés pour l'hygiène humaine ou animale (colliers antipuces, par exemple), la protection des matériaux, notamment des charpentes, ou encore la lutte contre les nuisibles. A noter que la concentration dans l'air n'est pas règlementée, ce qui ne permet pas d'indiquer des dépassements de seuils. L'étude classe donc les résultats en trois groupes, selon les concentrations mesurées : de 0 à 0,2 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d'air, de 0,2 à 1 ng/m3 et plus de 1 ng/m3.

Un constat qui peut paraître étonnant

Airparif avait réalisé une première étude en Ile-de-France au printemps 2006 (3) . En janvier dernier, la Cour des comptes recommandait de mettre en place une surveillance continue des pesticides dans l'air. Mais "les moyens financiers manquent", regrette Jean-Félix Bernard, président d'Airparif, qui plaide pour un financement pérenne qui pourrait être mis en place en allouant une partie de la taxe sur les pesticides aux associations agréées pour la surveillance de la qualité de l'air (AASQA). Airparif a toutefois pu réaliser une étude sur un an à partir de mesures réalisées sur deux sites.

Que montrent les résultats ? Sur les 171 pesticides recherchés, 48 ont été mesurés : 18 herbicides (sur 47 recherchés), 18 fongicides (sur 49) et 12 acaricides-insecticides (sur 65). Cette pollution concerne aussi bien les zones rurales et urbaines. En effet, 38 substances ont été décelées à Paris et 36 en Essonne, dont 26 communes aux deux sites. Le nombre de molécules similaires "peut paraître étonnant", commente Fréderic Bouvier, directeur d'Airparif, attirant l'attention sur la différence des molécules liée à la plus grande diversité d'usages en ville par rapport à la campagne. En ville, il y a plus d'acaricides-insecticides et en zone agricole plus d'herbicides. De même, les teneurs diffèrent. Parmi les plus fortes concentrations (celles supérieures à 1 ng/m3), 35 détections ont été réalisées en site agricole et 20 à Paris. En revanche, avec 176 détections en ville et 175 en zone rurale, les détections de molécules à une concentration comprise entre 0,2 et 1 ng/m3 sont similaires. Le constat est le même pour les concentrations comprises ente 0 et 0,2 ng/m3.

Fongicides et herbicides printaniers

Airparif constate aussi que les détections ont eu lieu tout au long de l'année, même si le printemps se démarque. Vingt-neuf substances ont été détectées en zone agricole et 26 en zone urbaine de mars à juin, principalement des fongicides (quatorze détections à Paris et treize en zone rurale) et des herbicides (respectivement huit et onze détections). Les acaricides-insecticides sont principalement détectés entre juillet et octobre et en ville (neuf mesures à Paris, contre une en Essonne). En synthèse, les zones agricoles présentent une pollution variable selon les saisons, avec une prédominance des herbicides et des fongicides. Les zones urbaines sont marquées par une pollution plus homogène sur l'année et en terme de composés.

Les cinq composés les plus récurrents sont des herbicides et des fongicides. Le chlorothalonil arrive en tête, avec des détections fréquentes sur les deux sites. Outre sa présence, les concentrations sont particulièrement élevées. En effet, ce fongicide totalise seize des 18 mesures supérieures à 1 ng/m3 relevées à Paris et 19 des 30 relevées à Bois-Herpin pour cette catégorie de pesticide. Quant aux teneurs observées, elles ont atteint des sommets en mai, avec des valeurs de 32 ng/m3 à Paris et 42 ng/m3 à Bois-Herpin. Le métolachlore (un herbicide) est lui aussi présent sur les deux sites de façon récurrente, avec une légère prédominance en zone rurale. La substance est pourtant interdite depuis 2003. Le pendiméthaline (herbicide), la fenpropidine (fongicide) et le prosulfocarbe (herbicide) complètent la liste des cinq principaux composés détectés.

Cette nouvelle étude permet de réaliser des comparaisons avec les résultats obtenus par Airparif en 2006. Globalement, le nombre de molécules mesurées en site agricole a diminué d'un quart, principalement pour les herbicides et insecticides. En revanche, le nombre de molécules en ville reste stable, mais les fongicides progressent, alors que les herbicides et les insecticides sont moins nombreux. Quant aux teneurs, elles sont en forte baisse sur les deux sites : -75% en ville et -70% en zone agricole. Cette baisse est particulièrement sensible pour les molécules dont la teneur était la plus élevée en 2006 (plus de 2 ng/m3) : le cyprodinil, le cyproconazole, le folpel et le fenproprimorphe voient leur teneur chuter sous les 0,2 ng/m3. A l'opposé, les teneurs maximales en métolachore ont quasiment doublé, atteignant 0,4 ng/m3 en zone rurale et 0,7 ng/m3 à Paris.

Enfin, quinze substances interdites ont été retrouvées dans les échantillons, principalement en site urbain avec 52 mesures sur 66. Airparif explique ce résultat par les usages plus variés en ville, le stockage par les particuliers de produits interdits et le décalage, généralement de deux ans, entre l'interdiction de vente et d'utilisation. Le lindane, interdit depuis 1998 pour les usages agricoles, est mis en avant par l'étude. Sa teneur a baissé de 75% en zone rurale et de 40% en ville. Une des explications pourrait être qu'il a continué à être autorisé pour le traitement des charpentes jusqu'en 2006.

1. Télécharger le doc
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-26783-rapport-pesticides-connaissances.pdf
2. Télécharger les résultats
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-26783-rapport-pesticides-resultats.pdf
3. Télécharger les résultats de l'étude
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-26783-airparif-actus-29.pdf

Réactions2 réactions à cet article

Formidable la science et la puissance des capacités d'analyse chimique décuplées d'année en année ! Ainsi une molécule peut être décelée à des concentrations de 1 ng/m3 voire moins...Un rapide calcul permet de constater qu'il est nécessaire de disposer de 1000 m3 d'air pour espérer retrouver 1 mg de cette molécule!
Hé oui, il n'y a pas de seuil admissible de concentration des pesticides dans l'air, mais qu'en est il des autres produits dits naturels pouvant potentiellement présenter des risques eux aussi ?
Il est vrai qu'on ne peut trouver que ce que l'on cherche !!

fouine | 12 mai 2016 à 12h09 Signaler un contenu inapproprié

Tant que la PAC ne sévira pas et que l'on n'empêchera pas d'avancer des techniques de malheur bienfaisantes à l'agro business...Sans respect de rotation , pas de PAC...Je lis des préconisations de blé/blé avec le cortège de fongicides, mais on est fou...Nous faisions 60 qx/ha (ou 6 T pour ceux qui ne savent pas lire) en 1955 avec des blés tel Capelle sans fongicide avec 0.75 L de 2-4 D; seul phyto sur la culture...On en est loin avec des techniques sans labour, sans rotation où on y va en veux tu en voilà à coup de phyto sans oublier les T1-T2-T3 voir T4 en fongi...Nos paysans preneurs de recettes toutes faites ne savent même plus compter...Incapable de calculer une Marge Nette...On leur a mis dans la tête que la marge Brute suffisait...Sommes nous tombés en régression intellectuelle ????

agregat | 12 mai 2016 à 12h12 Signaler un contenu inapproprié

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