Alors que la pêche reste rattachée à l'agriculture, le ministère des Transports et de l'Equipement est réparti entre le MEDAD et les ministères de l'intérieur et de l'Economie. Quant à la politique énergétique de la France, elle sera pilotée par deux ministères, à savoir le MEDAD et le ministère de l'Economie, des Finances et de l'Emploi.
Toujours selon le décret, le ministre en charge de l'Ecologie, du développement et de l'aménagement durables veille à l'intégration des objectifs de développement durable dans l'élaboration et la mise en œuvre de l'ensemble des politiques conduites par le Gouvernement ainsi qu'à leur évaluation environnementale. Il contribue au développement de la politique destinée à associer les citoyens à la détermination des choix concernant les projets ayant une incidence importante sur l'environnement ou l'aménagement du territoire, propose toute mesure propre à améliorer la qualité de la vie et contribue au développement de l'éducation, de la formation et de l'information des citoyens en matière d'environnement.
Il élabore la politique de lutte contre l'effet de serre et les changements climatiques, la politique de l'eau et la protection de la biodiversité. Il peut présider, par délégation du Premier ministre, le comité interministériel pour le développement durable.
Au titre de la politique de l'environnement, il est notamment responsable des actions de protection de la nature, des paysages et des sites ainsi que de celles concernant la protection du littoral et de la montagne. En outre, il participe à la réduction des nuisances sonores et à la préservation de la qualité de l'air, à la détermination de la politique d'aménagement de l'espace rural et de la forêt, à la détermination de la politique de la santé quand cette dernière est liée à l'environnement et à l'élaboration de la législation fiscale en matière d'environnement et d'énergie.
Il devra également assurer la coordination des actions concernant la prévention des risques majeurs d'origine technologique ou naturelle et élaborer conjointement avec le ministre chargé de l'industrie, la politique en matière de sûreté nucléaire, y compris en ce qui concerne le transport des matières radioactives et fissibles à usage civil.
Au titre de l'énergie et des matières premières, il élabore la politique de l'énergie et des matières premières, afin notamment d'assurer la sécurité d'approvisionnement, la lutte contre le réchauffement climatique et la compétitivité de l'économie. Il prépare les actions relatives à ce dernier objectif conjointement avec le ministre de l'économie, des finances et de l'emploi.
Au titre des transports et de leurs infrastructures, il élabore notamment la politique d'intermodalité et veille en particulier au développement des plates-formes multimodales ferroviaires et portuaires.
Pour faire face à ces très nombreuses attributions, Alain Juppé sera secondé par des secrétaires d'état. Celui, chargé des Transports a d'ores et déjà été nommé en la personne de Dominique Bussereau. D'autres viendront compléter l'équipe après les élections législatives.
De son côté, le ministre de l'économie, des finances et de l'emploi, Jean-Louis Borloo exercera, outre ses responsabilités traditionnelles en matière économique et financière, les attributions relatives à la défense et à la promotion de l'emploi et à la formation professionnelle. Il exercera également les attributions relatives aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et aux professions libérales ainsi que celles relatives au tourisme. Il est compétent en matière de stratégie industrielle et est associé à la définition et à la mise en œuvre de la politique dans le domaine des industries agroalimentaires et forestières.
Alain Juppé obtient donc un super ministère et le défi sera grand : imposer l'environnement au rang de priorité majeure et faire cohabiter de manière transversale des secteurs aux intérêts souvent divergents.
Toutefois alors qu'auparavant, le ministère chargé de l'écologie, peu prestigieux politiquement et doté de faibles moyens budgétaires, peinait à imposer ses vues, perdait souvent les arbitrages au sein du gouvernement, et se retrouvait à gérer les conséquences de décisions prises ailleurs (transports, industrie, énergie), le nouveau MEDAD bénéficie d'un budget et d'une puissance politique incarnée par Alain Juppé plus propice à imposer ses orientations.
Si les écologistes craignent légitimement de voir l'administration de l'écologie supplantée par celle des transports et de l'équipement, plus ancienne, plus puissante et plus nombreuse, Nathalie Kosciusko-Morizet garantissait dans une interview accordée à Actu-Environnement pendant la campagne présidentielle qu'un grand Ministère regroupant l'écologie, l'Énergie, les Transports, l'Équipement, c'est donc donner la possibilité à l'Environnement d'intervenir et d'être responsable des administrations en charge des décisions stratégiques comme celles des grandes infrastructures du pays par exemple ! Quelque part ce grand ministère sera celui en charge de changement climatique puisque l'Énergie, les Transports et l'Équipement sont au cœur de ce débat.
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy, et Alain Juppé, avaient reçu le 21 mai, les principales organisations environnementales non gouvernementales (WWF, Greenpeace, Les Amis de la Terre, la Fondation Nicolas Hulot, la LPO, FNE, RAC, la Ligue ROC et Ecologie sans Frontière), des scientifiques et des experts en matière de développement durable pour préparer le Grenelle de l'environnement qui se tiendra avant la mi-octobre. Le nouveau Ministre d'État sera donc chargé de conclure un accord les ONG environnementales, la société civile, les syndicats, les collectivités locales et organisations patronales sur la politique environnementale pour lutter contre le changement climatique (objectif de diviser par 4 les émissions de GES d'ici 2050), préserver la biodiversité et prévenir des impacts des pollutions sur la santé.
Notons qu'Alain Juppé, a annoncé la création d'une taxe carbone qui figurera dans la loi finance 2008.