Après la publication de l'étude du professeur Séralini dénonçant la toxicité à long terme des OGM présents dans l'alimentation (tests dits "vie entière" menés sur deux ans), la réglementation européenne a évolué. Un nouveau règlement, adopté en 2013, prévoit désormais la réalisation systématique d'études de toxicité sur 90 jours (tests dits à "court terme"), par administration orale de l'aliment à des rongeurs. Mais la robustesse de ces études scientifiques faisant toujours débat, le règlement prévoit une révision mi-2016, après la publication des conclusions du projet de recherche européen Grace, lancé en 2012 dans le cadre du septième programme cadre de recherche et développement (PC7).
Après avoir mené deux essais de 90 jours avec deux variétés différentes de maïs génétiquement modifié MON 810, Grace publie ses premiers résultats. Ils "montrent que le maïs MON 810, présent à un niveau pouvant aller jusqu'à 33% dans l'alimentation, n'a pas induit d'effets indésirables chez les rats mâles et femelles Wistar Han RCC après exposition subchronique", indique l'article publié à l'issue de ces tests. Mais, précise-t-il, ces premières conclusions devront être confirmées par une étude à long terme, et des études in vitro, menées actuellement dans le cadre du même programme.
Les résultats d'une étude d'un an attendus pour mai 2015
Ces deux études ont porté sur les variétés de MON 810 les plus cultivées en Catalogne (Espagne), mais aussi sur des variétés de maïs conventionnelles. Les conclusions se basent donc sur les différences toxicologiques détectées entre les régimes alimentaires incluant des variétés de maïs GM et des régimes sans OGM, selon les principes et orientations définis par l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) en 2011. A noter que l'Efsa a publié le 9 octobre de nouvelles orientations visant à clarifier l'objectif des études à court terme et donnant des instructions pour appliquer les principes définis en 2011.
L'analyse des différents régimes alimentaires a montré des "différences mineures", et pas considérées comme pouvant "porter atteinte à la santé des animaux de laboratoire", conclut Grace. Des différences statistiquement significatives ont bien été observées entre les groupes témoins et les groupes de rats ayant des régimes alimentaires avec 11 et 33% d'OGM. Cependant, ces différences "ne coïncident pas dans les deux essais d'alimentation", les chercheurs estiment donc qu'elles sont peu susceptibles d'être liées à une alimentation contenant du MON 810.
Cependant, souligne l'article, "une étude d'alimentation d'un an avec le maïs MON810 est actuellement réalisée par le consortium Grace. Les résultats de cet essai d'alimentation montreront si les différences observées après 90 jours sont reproductibles et si des effets toxicologiques pertinents surviennent après une exposition à long terme". Les conclusions de cette étude à long terme, lancée en janvier 2014, devraient être publiées en mai 2015.