Cinq ans après l'arrêt du rejet de résidus solides en mer et l'obtention de nouvelles dérogations pour ses effluents liquides, la société productrice d'alumine Alteo à Gardanne (Bouche-du-Rhône) rentre finalement dans les clous demandés par les normes européennes pour des rejets en mer.
Pour répondre à l'interdiction du rejet des boues rouges dans la méditerranée, l'industriel avait installé sur son site un système de déshydratation par filtre presse et stockait les résidus minéraux sur le site de "Mange-Garri". Il a ensuite investi dans une
Restaient alors deux paramètres qui sortaient toujours du cadre réglementaire : la demande biochimique en oxygène sur cinq jours (DBO5) et la demande chimique en oxygène (DCO). La dernière installation, une unité de traitement biologique, inaugurée vendredi 4 septembre permet désormais de régler cette question.
Une capacité de traitement de 300 m3 d'effluent par heure
« Cette unité, dispose d'une capacité de traitement de 300 m3 d'eau de process par heure. L'exploitation et la maintenance de ces ouvrages seront assurées par les équipes de Veolia pendant trois ans avec deux agents sur site, précisent dans un communiqué conjoint Alteo et Veolia. Les procédés mis en oeuvre et les outils de supervision garantissent la fiabilité du traitement et une maîtrise de la qualité des rejets équivalente à celle d'une station d'épuration des eaux usées communale ».
Selon l'entreprise, ce projet a nécessité un investissement de près de 6 millions d'euros, dont 4,9 dédiés à la construction de cet ouvrage.
« Nous sommes satisfaits : nous sommes arrivés à atteindre un résultat que nous attendions depuis des années, même si cela a pris plus de temps que ce que nous demandions, a réagi Pierre Aplincourt, vice-président du parc national des Calanques et président de France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d'Azur. Nous invitons désormais l'industriel à poursuivre ses études pour recycler dans le processus de fabrication, tout ou une partie des effluents encore rejetés en Méditerranée ».
Quelles suites pour l'entreprise placée en redressement ?
Certaines associations comme Union Calanques Littoral (UCL) souhaiteraient que les lignes bougent pour réduire la pollution au-delà des exigences communautaires. Elle considère que la procédure de redressement judiciaire du site et les propositions de reprise pourrait constituer une opportunité pour résoudre à la fois les pollutions en mer et sur terre.
« Sur les huit repreneurs potentiels : deux ont déclaré clairement l'abandon du traitement de la bauxite et son remplacement par le raffinage de l'alumine, deux pour son maintien, tandis que les quatre autres ne se prononcent pas clairement, précise Henry Augier président d'UCL. Il est impératif de privilégier les firmes qui proposent l'abandon du traitement de la bauxite (…) On solutionnerait ainsi (…) les problèmes d'environnement marin, d'empoisonnement de la vie marine du Parc national des Calanques, en arrêtant les rejets au large de Cassis, les problèmes d'environnement terrestre et de santé publique en arrêtant tous dépôts à terre et en supprimant les dépôts de déchets industriels sur le site de Mange Garri ».