« La philosophie de l'approche de l'Analyse du cycle de vie (ACV) a fait l'unanimité : nous comprenons tous l'intérêt de regarder les impacts environnementaux pas seulement au niveau local mais aussi global, sur le cycle de vie complet des infrastructures à réaliser, depuis l'extraction des matières premières pour leur fabrication, au traitement des déchets en fin de vie », assure Jean-Bonnie Gimie, chargé d'opération ingénieur assainissement au sein du conseil départemental de l'Hérault. L'Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture) a sollicité le conseil départemental pour confronter leur logiciel ACV 4 E à des cas concrets. Leur choix pour l'expérimentation s'est porté sur le schéma directeur d'assainissement d'une commune de la communauté de commune du Grand Pic Saint-Loup : Guzargues.
Les partenaires ont soumis les scénarios envisagés à l'analyse d'ACV 4 E. Parmi ceux-ci figuraient la réhabilitation de la station d'épuration, et le transfert des effluents vers la station d'épuration de la métropole de Montpellier avec plusieurs tracés possibles, via un ou deux postes de refoulement.
Si, au final, la solution pour le moment pressentie, sous réserves d'études complémentaires - à savoir le transfert vers Montpellier - n'a pas été celle mise en lumière par l'analyse du logiciel, cette expérimentation aura permis d'amorcer des réflexions et un intérêt pour la démarche. Classiquement, l'intégration de l'environnement dans l'analyse préalable au choix s'appuie uniquement sur une approche locale et réglementaire.
« ACV 4 E amène une donnée supplémentaire environnementale dans une analyse multicritère qui comprend notamment les performances techniques, les coûts globaux (investissement, exploitation, et amortissement sur 25 ans), ou encore l'amélioration de la qualité du service rendu, l'impact sur le prix de l'eau, etc., note Jean-Bonnie Gimie. »
Un effet boîte noire
Un frein à l'appropriation des résultats par les acteurs des services a pu être mis en évidence lors de l'expérimentation : le logiciel peut en effet apparaître comme une boîte noire.
Reste également la question du poids accordé à ce critère. « Les services techniques et les élus sont convaincus de l'intérêt de disposer de cette connaissance pour une aide à la décision la plus exhaustive possible, souligne Jean-Bonnie Gimie. Toutefois, il manque encore de la maturité à la fois concernant le développement de l'outil et la hiérarchie des critères au niveau des élus. »
Le conseil départemental de l'Hérault ambitionne toutefois, à l'avenir, d'intégrer une approche ACV dans le cahier des charges des schémas directeur d'assainissement.
Comme solution intermédiaire avant le développement complet du logiciel, il envisage de faire prendre en charge cette approche par ses services et de soumettre à l'analyse de l'outil les scénarios des schémas directeurs d'assainissement établis par les communes.