L'association regrette toutefois le rythme de réflexion imposé et ''l'urgence quasi permanente'' qui a prévalu pendant les travaux. L'association estime par ailleurs que les arbitrages réalisés par le gouvernement n'ont pas été expliqués et la concertation pas toujours respectée. ''Le dossier taxe carbone est en cela symbolique. Suite à la censure du Conseil Constitutionnel, les acteurs ont été appelés à réagir sur un livre blanc pour construire une réponse technique avant le 1er avril. La décision d'abandon de la taxe carbone annoncée par le gouvernement au lendemain des régionales a fait fi du processus de concertation en cours'', remarque FNH.
L'association reste toutefois convaincue de l'intérêt d'une gouvernance multiple et appelle à réformer les institutions et les procédures de décisions dans ce sens en débutant par le Conseil Economiques et Social devenu récemment le Conseil Economiques, social et environnementales (CESE). Pour l'instant le CESE n'en a que le nom puisque le projet de loi réformant sa composition n'est pas définitivement adopté.
Des avancées fragiles et insuffisantes
Sur le fond, le bilan reste mitigé. FNH se satisfait des engagements obtenus en matière de normes énergétiques sur le bâtiment, de soutien au développement des énergies renouvelables, de réduction de moitié de l'utilisation des pesticides d'ici 10 ans ou de trame verte et bleue. Selon elle, ces avancées ont remis à niveau la France par rapport à ces voisins européens, mais pour le reste les mesures restent insuffisantes : ''nous n'avons pas franchi le cap du passage d'une économie quantitative à une économie qualitative. L'exemple le plus évident est celui de la fiscalité écologique, avec l'abandon ou le report des mesures visant à taxer les pollutions et la surexploitation des ressources naturelles'', estime Cécile Ostria. Même regret pour le secteur agricole : ''s'il est proposé aux acteurs d'amorcer une mutation, certaines hésitations montrent un refus d'assumer le choix d'une autre agriculture, moins riche en intrants et plus riche en emplois''.
Un manque de cohérence évident
FNH constate surtout l'extrême fragilité des progrès accomplis au regard du scepticisme gagnant et de la résurgence des discours opposant compétitivité économique, emploi et préservation de l'environnement. ''Notre pays ne dispose pas encore d'une véritable vision intégrée de l'ensemble des politiques publiques structurée par les enjeux du développement durable'', estime FNH.
Un manque de cohérence et d'anticipation surtout visible en matière d'emploi et d'orientation économique. Il faut envisager les secteurs appelés à se transformer profondément voire à disparaître. Plus nous tarderons à organiser la décroissance des flux de matière et d'énergie, à accompagner la transition et la reconversion des secteurs intensifs en matière, plus les drames sociaux seront grands quand les ressources viendront à manquer, prévient l'association.
Pour l'instant, rien de tel ne semble se mettre en place. Pour preuve : la tenue simultanée en octobre 2009, des Etats généraux de l'industrie par le ministère de l'Economie et le lancement de groupes de travail sur les métiers de la croissance verte par le ministère de développement durable : ''ces processus se sont déroulés en même temps mais aucun lien n'a été fait entre les deux malgré les convergences évidentes ! N'y a-t-il pas là une énorme perte d'énergie, de temps et d'efficacité que ce soit pour les agents de l'Etat impliqués ou pour les acteurs mobilisés ?'', s'interroge FNH.
Pour l'association il est donc évident que le Grenelle ''n'est pas une fin en soi'' mais doit constituer ''une transition, une étape dans la construction d'une politique d'avenir''.