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Emmanuel Macron annonce le retrait de la France du Traité sur la charte de l'énergie

Le président de la République a décidé de retirer la France du Traité sur la charte de l'énergie pour mener sa stratégie énergétique sans craindre de représailles financières. Il suit ainsi les récentes recommandations du Haut Conseil pour le climat.

Energie  |  
Emmanuel Macron annonce le retrait de la France du Traité sur la charte de l'énergie

« Nous avons décidé de nous retirer du Traité sur la charte de l'énergie [TCE] car c'est cohérent avec les positions que nous avons prises, en particulier avec l'Accord de Paris », a déclaré Emmanuel Macron, à l'issue du Conseil européen du vendredi 21 octobre. Le président de la République prend donc le relai de l'Espagne, de la Pologne et des Pays-Bas, également décidés à sortir de cet accord international de commerce et d'investissement du secteur de l'énergie. « C'est une excellente nouvelle, suite à des années d'alertes, de sensibilisation et de mobilisation de la société civile », réagit le collectif d'ONG Stop-Ceta Mercosur. « Excellente nouvelle qui va nous rendre plus libres de mener nos politiques pour le climat », complète Pascal Canfin, député européen Renew Europe.

M. Macron craint surtout les indemnisations importantes que peuvent réclamer les énergéticiens aux États, s'ils estiment que ces derniers mènent des politiques énergétiques contraires à leurs intérêts. Par exemple, en septembre dernier, une entreprise allemande a fait une demande d'arbitrage contre l'État français pour la révision à la baisse, et de manière rétroactive, des tarifs d'achat pour le photovoltaïque. Les Pays-Bas (1) ont, de leur côté, été attaqués pour leur décision de sortir de manière anticipée du charbon. « Nous devons plutôt accélérer nos investissements en allant plus vite sur le renouvelable, plus vite sur l'efficacité énergétique, plus vite sur le nucléaire. La Stratégie de Belfort, celle que j'ai annoncée en février, est bonne pour la France et bonne pour l'Europe. Et aujourd'hui, je regarde avec inquiétude revenir, pas simplement les énergies de transition, mais les hydrocarbures et les énergies fossiles les plus polluantes », a déclaré le président.

Un traité incompatible avec les objectifs climatiques, selon le HCC

En annonçant le retrait de la France du TCE, Emmanuel Macron suit ainsi les recommandations du Haut Conseil sur le climat (2) (HCC). Dans un avis publié le 19 octobre, le comité d'experts estime que ce traité n'est pas compatible avec les objectifs et les calendriers de décarbonation des économies européennes : « Un retrait coordonné du TCE de la part de la France et de l'UE, couplé à une neutralisation de sa "clause de survie", apparaît comme étant l'option la moins risquée pour respecter les engagements nationaux, européens et internationaux sur le climat. » Le HCC pointe surtout le mécanisme de règlement des différends prévu par le traité qui permet à une entreprise ou à un investisseur d'attaquer un État qui modifie, de manière unilatérale, le cadre réglementaire ou législatif dans le secteur de l'énergie. « Ce mécanisme a généré un risque accru de perte de souveraineté pour les États signataires dans l'élaboration ou la mise en œuvre de leurs politiques énergétiques et climatiques, et entraîné une multiplication des contentieux et des sentences arbitrales en conflit avec les décisions des juridictions nationales et européennes », note le Haut Conseil pour le climat.

L'instance juge donc ce traité incompatible avec les politiques mises en œuvre pour respecter l'Accord de Paris sur le climat, qui nécessitent une décarbonation du secteur de l'énergie. Et le cycle de modernisation du TCE actuellement en négociation ne devrait pas changer la donne.

Le secteur de l'énergie doit être décarboné d'ici à 2035

Pour verdir ce traité, la Commission européenne négocie actuellement un mécanisme volontaire de flexibilité. Celui-ci prévoit de mettre fin à la protection des nouveaux investissements fossiles à compter d'août 2023. Pour les investissements existants, une période de transition est prévue. La protection serait maintenue pendant dix ans après l'entrée en vigueur du traité modernisé - qui pourrait prendre plusieurs années, voire ne pas aboutir, du fait des délais de ratification - et au plus tard jusqu'en décembre 2030, voire 2040 selon les investissements concernés, indique le Haut Conseil. Un calendrier peu compatible avec l'urgence de décarbonation des économies, rappellent les experts : « Selon le scénario Net Zero by 2050 de l'Agence internationale de l'énergie, ces désinvestissements doivent permettre une décarbonation complète du secteur de l'énergie dès 2035, et la fin d'exploitation des centrales à charbon dès 2030 dans les pays industrialisés. »

L'instance recommandait donc un retrait coordonné de la France et de l'Union européenne, couplé à une neutralisation de la clause de survie de ce traité. Avec cet arbitrage du président, la France fait donc partie des quelques États membres de l'Union européenne qui se sont officiellement décidés à sortir du traité. Ce choix devra être confirmé par un vote contre le projet de nouveau Traité sur la charte de l'énergie lors du prochain Conseil des ministres de l'énergie de l'UE. Prévu initialement le 25 octobre, ce vote a été repoussé en novembre. « La décision sera prise à la majorité qualifiée ; une opposition et/ou abstention de plusieurs pays pourraient empêcher son adoption », explique le collectif Stop-Ceta. Étape suivante : le 22 novembre 2022, date où tous les États membres du TCE doivent se réunir en Mongolie pour adopter le texte rénové ; si l'UE n'a pas mandat de voter « pour », le texte rénové ne sera pas adopté.

_

Sophie Fabrégat & Florence Roussel

1. https://www.actu-environnement.com/dit-aujourdhui/1036.html
http://En savoir plus
2. Télécharger l'avis du HCC sur le traité de l'énergie
[Supprimer]https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-40518-Avis-haut-conseil-climat-trate-energie.pdf

Réactions4 réactions à cet article

C'est bien mais cela aurait été encore mieux s'il avait été le premier pays européen à en prendre l'initiative et de sera encore encore mieux s'il est capable de tenir une ligne ferme par la suite si ça tourne mal. Là il serait pour une fois intéressant qu'il regarde comment procède son "ami" Poutine.

CHOCHO | 24 octobre 2022 à 09h44 Signaler un contenu inapproprié

Comme quoi, en ce bas monde, des miracles peuvent encore se produire ! Ou, plus prosaïquement, que la voix de la raison peut parfois l'emporter au sommet de l'Etat ("M. Macron craint surtout les indemnisations importantes que peuvent réclamer les énergéticiens aux États, s'ils estiment que ces derniers mènent des politiques énergétiques contraires à leurs intérêts").
Aller, encore un petit effort de lucidité pour s'apercevoir que ce raisonnement est également valable dans plein d'autres domaines : agriculture intensive (coûts réels exorbitants de ses cortèges de pollutions de l'eau, de l'air et des sols, destruction de biodiversité, laminage de la paysannerie, etc.), relance du nucléaire, pêche industrielle à la hollandaise, industrialisation extrême de la forêt, nanoparticules, chasse à la française, etc.
Reste à ce que l'UE suive bien ce mouvement vertueux amorcé par quelques états membres. Il faudra notamment surveiller, entre autres, le positionnement du commissaire Thierry Breton, courroie de transmission zélée des intérêts des industriels et de la finance contre ceux de la santé des européens.

Pégase | 24 octobre 2022 à 10h19 Signaler un contenu inapproprié

Parlons-en à nos amis Allemands qui réautorisent 27 centrales charbon-lignite pour tenter de remplacer le gaz de Russie. Et accessoirement nous vendre l'électricité ainsi produite à un "prix d'ami" du genre entubatoire.
Les anti-nucléaires alsaciens se réjouiront d'être chauffés et éclairés par du jus en provenance de la jolie centrale de Datteln, qui a avantageusement remplacé celui de Fessenheim, dont la "zone d'emplois verts" a carabistouillé plusieurs centaines de milliers d'euros pour... zéro emploi.
Et encore bravo !

Albatros | 25 octobre 2022 à 19h14 Signaler un contenu inapproprié

Eh oui, même le pire n'est pas sûr ! Bonne nouvelle en tout cas, qui montre que des chefs d'états se rendent enfin compte du danger (aussi bien pour leurs ambitions personnelles) qu'il y a à ce que les entreprises de l'économie mondialisée puissent être plus puissantes que les Etats eux-mêmes, auxquels elles imposent déjà trop souvent leurs vues.

petite bête | 29 octobre 2022 à 12h04 Signaler un contenu inapproprié

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