Un mix diversifié, associant énergies renouvelables et nucléaire : telle est toujours la feuille de route énergétique proposée pour les années à venir par le président de la République, ce jeudi 22 septembre, à Saint-Nazaire, en marge de la mise en service officielle du premier parc éolien offshore français. Une stratégie en droite ligne avec son discours de Belfort de février dernier, validée par les difficultés engendrées par la guerre en Ukraine et qui « correspond à la période », selon Emmanuel Macron.
Plus que jamais le nucléaire
Après avoir insisté sur les avantages d'une plus grande souveraineté énergétique, sur la nécessité de décarboner les usages et sur l'indispensable effort de sobriété que devra fournir le pays, à court et long terme, Emmanuel Macron est cependant revenu plus en détail sur ses projets en matière de nucléaire. Écartant la perspective de fermer les réacteurs en fonctionnement, « sauf raison de sureté », il a confirmé la possibilité d'ouvrir huit autres réacteurs, en plus des six déjà annoncés, sans préciser s'il s'agirait d'EPR ou de Small Modular Reactors (SMR).
Les renouvelables en renfort
Mais « la clef en matière d'énergie, c'est la diversification des modèles », estime Emmanuel Macron. Le président a donc rappelé ses objectifs dans le domaine des énergies renouvelables : 100 gigawatts (GW) d'énergie photovoltaïque à l'horizon 2050, avec « un juste équilibre entre toitures et solaire au sol », et le déploiement de 40 GW d'éolien en mer. Soit l'équivalent d'une cinquantaine de parcs. Pour ce qui concerne l'éolien terrestre, « on a ralenti l'évolution », admet Emmanuel Macron. Mais « si on veut atteindre nos objectifs de 2050, on devra faire de l'éolien sur terre ». À cet effet, il promet de « mieux concerter, mieux prévoir » et « d'ouvrir le jeu » pour éviter la concentration des installations seulement sur quelques territoires.
Attendu sur cette question, le président a également récapitulé les principaux points du projet de loi sur les énergies renouvelables, qui sera présenté, lundi 26 septembre, en Conseil des ministres : élargissement des espaces susceptibles d'accueillir des équipements photovoltaïques, délaissés autoroutiers, grands parkings ou bordures de voies ferrées, optimisation du raccordement, source de retards fréquents, et modification des procédures administratives, les dispositions relatives aux débats publics notamment. Objectif : gagner trois à six mois sur les délais d'enquête publique et autres autorisations environnementales. Concertation et accélération ne sont pas incompatibles, commente Emmanuel Macron : « Il faut créer du consensus au départ et essayer de bloquer le recours dilatoire. » Pas de quoi rassurer pour autant les ONG qui, comme la Fondation pour la nature et l'homme (FNH), craignent de voir la biodiversité et le droit de l'environnement faire les frais de cette méthode.
L'agrivoltaïsme au menu
Élaboré en concertation avec les exploitants, un amendement gouvernemental sera, par ailleurs, proposé, favorisant l'installation de projets d'agrivoltaïsme. Non pas pour « remplacer les troupeaux par les panneaux », précise Emmanuel Macron, mais pour combiner solaire et activités agricoles, en apportant un complément de revenu aux principaux concernés. Un éventuel soutien au photovoltaïque en autoconsommation pour les particuliers n'est, en revanche, pas évoqué.
À ce volet législatif, qui devrait être débattu au Parlement cet automne, s'en ajoutera un autre, réglementaire, visant à réduire les délais de contentieux. Délais qui peuvent s'étirer jusqu'à quatre ou cinq ans, avant de s'achever finalement par la validation de l'administration. Chaque niveau de juridiction – tribunal administratif, Cour d'appel – aura dix mois, au plus, pour se prononcer, soit deux ans et demi au total. De quoi donner plus de visibilité aux porteurs de projet et rassurer les financeurs. En cours d'examen et de finalisation, ce décret pourra être publié en même temps que la loi. Concrétisée par une
Deux fois plus vite
Le président espère ainsi réduire à trois ans la construction des projets photovoltaïques, voire moins pour les plus petits, et à six ans les projets offshore. « D'autres pays qui ne sont pas moins ambitieux que nous pour la biodiversité arrivent à faire des éoliennes en mer en cinq ou six ans, constate Emmanuel Macron. On doit pouvoir faire deux fois plus vite que ce que l'on vient de faire. C'est possible. »
Ces évolutions seront complétées par plusieurs exercices de planification. Actuellement en gestation, la nouvelle stratégie nationale bas carbone (SNBC) sera soumise au Parlement, déclinée en programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), puis adaptée par filière et par territoire. En engageant les élus et les acteurs de terrain, très en amont, et en aidant à pacifier les débats, ces mois de concertation et de planification à venir « vont nous faire gagner du temps, estime Emmanuel Macron. Le président a enfin insisté sur l'importance de développer les filières industrielles, créatrices d'emploi, notamment dans le secteur de l'éolien offshore, en s'appuyant notamment sur les stratégies de développement portuaire. Dans une quinzaine de jours, l'ensemble des gestionnaires des ports et les élus des territoires concernés seront réunis pour en débattre.