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Actu-Environnement

L'efficacité réelle des purificateurs d'air intérieur n'est pas démontrée

Si l'offre des épurateurs d'air intérieur s'est étoffée ces dernières années, leur efficacité réelle sur les polluants traités et l'innocuité de ces dispositifs ne sont pas prouvées, prévient l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Risques  |    |  R. Boughriet
Environnement & Technique N°375
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°375
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L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime que les dispositifs d'épuration d'air intérieur des logements n'ont pas démontré "leur efficacité" et "leur innocuité" en conditions réelles sur les polluants traités, selon les données disponibles analysées. L'Agence a recensé 500 dispositifs différents, des sprays "assainissants" contenant des huiles essentielles aux épurateurs d'air autonomes. Ces dispositifs utilisent diverses techniques de purification (filtration électrostatique, ionisation, ozonation, photocatalyse, plasma...) ou en combinant plusieurs.

L'Anses rappelle qu'il n'existe pas, à l'heure actuelle, de réglementation contraignante encadrant les dispositifs d'épuration de l'air (1) en France. Trois normes, dont deux expérimentales, permettent d'évaluer les performances intrinsèques des épurateurs d'air autonomes (norme NF B44-200, également applicable aux climatiseurs), l'efficacité des systèmes photocatalytiques sur les composés organiques volatils (COV) (norme expérimentale XP B44-013) et d'évaluer les matériaux photocatalytiques vis-à-vis de la dégradation des oxydes d'azote (norme expérimentale XP B44-011).

Alerte sur les dispositifs photocatalytiques

En 2014, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) remettait déjà en cause l'efficacité prouvée des épurateurs par photocatalyse : l'usure du photocataliseur et les écoulements d'air en intérieur ne permettant pas une adsorption suffisante des polluants. L'Ademe prévenait également des éventuelles émissions de particules de dioxyde de titane (TiO2) nanométrique par les photocatalyseurs et de la méconnaissance de leurs effets sur la santé. Dans son avis paru mardi 17 octobre, l'Anses appelle également à conduire des recherches complémentaires sur l'émission de nanoparticules dans l'air par les matériaux photocatalytiques, notamment lors de leur vieillissement, ainsi que l'étude de leur innocuité.

Les photocatalyseurs peuvent également être responsables de la formation dans l'air de sous-produits réactionnels "potentiellement dangereux", selon les études analysées. Les produits secondaires peuvent être des cétones, des aldéhydes ou des acides organiques qui "peuvent avoir des propriétés plus toxiques et/ou irritantes que les polluants initiaux", prévient l'Anses. Elle alerte aussi sur la formation de formaldéhyde, classé cancérogène avéré pour l'Homme par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), du fait d'une "dégradation incomplète" de l'éthanol par photocatalyse. Même si la technologie par photocatalyse reste "encore peu répandue" sur le marché français, l'Anses estime nécessaire de rechercher la présence de polluants secondaires et d'initier un processus de certification "afin d'éliminer les épurateurs les moins efficaces et ceux susceptibles d'émettre des polluants".

Les autres techniques également épinglées

L'utilisation d'autres dispositifs d'épuration (par ozonation, plasma, froid,…) peut aussi entraîner une dégradation incomplète de polluants, conduisant à la formation de composés potentiellement plus nocifs que les composés faisant l'objet d'un traitement, ajoute l'Anses. Des émissions primaires, "intentionnelles ou non", sont liées au fonctionnement même du dispositif (exemple : ozone émis par les ozonateurs mais également par les plasmas).

L'Anses prévient également de la formation de particules secondaires liée aux interactions entre les substances générées par l'épurateur et les polluants présents dans les environnements intérieurs (ex : réactions entre de l'ozone émis par un épurateur à plasma et des terpènes présents dans l'air intérieur). Des émissions secondaires peuvent en outre être liées aux interactions physiques, chimiques ou biologiques entre les polluants piégés dans l'épurateur et des polluants de l'air intérieur (ex : réactions de polluants de l'air intérieur avec de l'ozone piégé dans le filtre à charbon actif).

Les sprays, les plus vendus mais aussi les plus risqués pour les asthmatiques

L'Anses met également en garde contre les sprays "assainissants" contenant des huiles essentielles, ou d'autres substances actives revendiquant une action biocide contre les biocontaminants de l'air intérieurs (bactéricides, virucides, fongicides, acaricides et insecticides). Ces sprays, naturels ou de synthèse, sont pourtant les plus vendus et représentent 62% des parts du marché français. Or, plusieurs composés organiques volatils (COV), émis par ces sprays, peuvent avoir "potentiellement des effets nocifs sur la santé" (ex : COV terpéniques irritants pour les bronches).

De tels sprays "ne devraient pas être utilisés par des personnes asthmatiques", souligne l'Anses. "A terme", ces sprays devront faire l'objet d'une autorisation de mise sur le marché (AMM) de produits biocides "qui sera basée sur la démonstration, d'une part de l'efficacité du produit contre les cibles revendiquées, et d'autre part d‘un risque acceptable pour l'homme et l'environnement".

1. Télécharger l'avis et le rapport de l'Anses : Identification et analyse des différentes techniques d'épuration d'air intérieur émergentes.
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-29874-avis-rapport-anses-techniques-epuration-air-interieur.pdf

Réactions2 réactions à cet article

rien ne change sous le soleil! cette position taclant sans réserve les épurateurs sans pour autant se pencher sur le problème réel des émissions nocives/ toxiques à l'intérieur est insupportable. on nous parle du cout du diesel mais on ne se penche jamais sur le cout sanitaire et humain des matériaux. Certains épurateurs fonctionnent, il est nécessaire de dimensionner les choses correctement mais ce genre de position ne permet pas le développement de technologies fiables. A moins que cela permette de protéger certains systèmes bien en place. a votre disposition pour en parler plus longuement. je ne suis plus dans ce métier mais je vois que les avis n'évoluent pas et que l'on se voile la face sur le sujet de la QAI

jpricard | 19 octobre 2017 à 09h14 Signaler un contenu inapproprié

Pour rappel : il y a eu des décrets réglementaires contraignants sur la QAI (2011 et 2012) mais depuis 2015 il y a eu un allègement, l'implication financière étant trop lourde à supporter pour les ERP...

NDM | 21 octobre 2017 à 11h07 Signaler un contenu inapproprié

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