La préfecture de Mayenne a présenté jeudi 31 mars les résultats des analyses du lait, de la viande, du fromage et du fourrage provenant des exploitations agricoles situées dans une zone de 3 km autour de la société Aprochim (Grez en Bouère), filiale du groupe Chimirec. En janvier 2011, des traces de polychlorobiphenyles (PCB) supérieures à la norme réglementaire avaient été découvertes dans du lait produit à proximité de l'usine Aprochim spécialisée dans la collecte et le retraitement de déchets industriels contaminés aux PCB. L'arrêté préfectoral permet à l'usine de traiter jusqu'à 30.000 tonnes par an de matériaux solides et d'huiles minérales.
Huit exploitations concernées
Depuis janvier, 126 prélèvements ont été effectués dans 24 exploitations différentes. Dans 16 exploitations, les résultats des analyses sont conformes aux seuils réglementaires.
"Des résultats non conformes apparaissent dans 8 exploitations sur des produits carnés (bovins ou ovins) ou du lait", indique la préfecture précisant que "dans 2 exploitations, les résultats sur le lait sont redevenus conformes." La préfecture annonce que "dans les exploitations où des résultats d'analyse non conformes ont été détectés, les productions ont fait l'objet d'arrêtés interdisant leur commercialisation, tant que les résultats ne seront pas conformes."
La préfecture ne précise pas les teneurs en PCB des différents échantillons. En janvier elle indiquait qu'une exploitation, sur les 11 ayant fait l'objet de mesures, dépassait la valeur limite européenne fixée à six picogrammes de dioxines/PCB dioxin-like par gramme de matière grasse (pg/g MG). Le niveau constaté dans les échantillons de lait de cet exploitant est de 6,41 pg/g MG. De plus, trois exploitations présentaient des résultats compris entre le seuil d'investigation de 2 pg/g MG fixé par l'Union européenne et la limite européenne.
Ouest France rapporte enfin que les résultats des analyses sanguines effectuées par certains salariés révèlent des valeurs de PCB, dioxines et furanes qui, selon les rapports d'analyses de la médecine du travail et le CHU de Nantes, sont "très nettement supérieures à la valeur moyenne de la population générale et témoignent d'une imprégnation d'origine professionnelle importante et ancienne."
La direction départementale du travail est saisie de l'affaire par la préfecture et le ministère de la Santé.
Par ailleurs, "afin d'interpréter ces résultats, quatre experts spécialistes des contaminants chimiques en élevage ont été sollicités" et "sont intervenus sur les 6 exploitations dont les résultats restent non conformes dans la deuxième quinzaine de mars." Ils ont effectué des prélèvements d'herbe des pâturages et du fourrage utilisé pour alimenter le bétail.
"Leur rapport, attendu fin avril, devrait permettre de connaître les voies de contamination des productions animales, d'identifier les voies de décontamination et de maintien des élevages", annonce la préfecture.
D'autre part, des prélèvements d'air, d'eaux superficielles, de sédiments, de sols et de végétaux, ont été effectués "par des organismes privés agréés", indique la préfecture précisant que les premiers résultats "inégaux [...] montrent en certains endroits, à proximité d'Aprochim, des teneurs supérieures au bruit de fond national."
L'objectif de ces analyses est "de comprendre les mécanismes de la contamination de l'environnement les plus probables (diffus ou canalisés) et de mesurer l'impact sur le milieu." En particulier, il s'agit "de faire le lien entre les conditions d'exploitation, les émissions présumées et les constats dans l'environnement." Un travail qui "pourrait nécessiter une reprise temporaire des activités d'Aprochim à régime normal."
Fermer les portes et installer des filtres
Par ailleurs, suite à l'arrêté préfectoral du 21 janvier, prescrivant la réduction immédiate de moitié de l'activité d'Aprochim et "l'élaboration des mesures correctives destinées à diminuer de façon pérenne les émissions atmosphériques", l'entreprise a pris plusieurs dispositions.
Maintenant, "le travail s'effectue en ateliers fermés et non portes ouvertes comme auparavant." De plus, l'entreprise va renforcer les systèmes de filtration d'ici le mois d'avril. Un filtre à charbon actif en sortie de pompe à vide et un filtre finisseur en amont de la cheminée de 18 mètres vont être mis en place. Quant à la cheminée de 13 mètres, elle va être supprimée et les rejets seront évacués par la cheminée équipée du filtre finisseur.
Par ailleurs, Aprochim élabore "un plan de surveillance renforcée" de l'environnement. Le plan, qui doit être validé par les services de l'Etat, comprendra des analyses régulières de l'eau, de l'air et des végétaux.