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L'arbre en ville (1/2) : un allié de poids face au réchauffement climatique

Rafraîchissant, dépolluant, source de biodiversité, drainant, l'arbre présente d'une large palette d'atouts pour améliorer la vie urbaine. Premier volet sur ses avantages, avant d'aborder les obstacles et leviers pour son implantation.

Aménagement  |    |  D. Laperche
L'arbre en ville (1/2) : un allié de poids face au réchauffement climatique

Avec ses trente-trois jours de vagues de chaleur (1) , l'été 2022 a été suffocant pour les habitants des villes… et a laissé entrevoir à quoi pourront ressembler les prochaines saisons estivales si rien n'est entrepris pour modérer les envolées de température dans ces environnements minéraux. Dans la course à l'atténuation et à l'adaptation aux changements climatiques, l'arbre pourrait constituer un allié de poids.

Son premier atout – le plus visible – pour rafraîchir est son ombrage. Les rayons du soleil sont en effet en partie absorbés par l'arbre, et pour partie réfléchis par le feuillage. Résultat : le sol et les surfaces protégées chauffent moins. Le projet Cooltrees (2) , qui a étudié les effets des arbres sur le microclimat urbain, montre ainsi que la température de ces surfaces est réduite d'environ 7 °C par rapport à des espaces sans arbres. Pour un plus grand confort la journée, mais aussi la nuit, car cette quantité d'énergie n'est donc ni stockée ni restituée après le coucher du soleil, la température de l'air diminue donc plus vite.

Un arbre égale cinq climatiseurs

Un second phénomène accentue la sensation de fraîcheur : l'évapotranspiration de l'arbre. Pour éviter la surchauffe de son feuillage, ce dernier évacue l'énergie des rayonnements solaires en transpirant. Selon la température, il est capable de moduler l'ouverture de ses stomates, ces pores à la surface des feuilles impliqués dans les échanges gazeux avec l'extérieur. Cela lui évite également une perte d'eau trop importante lors de conditions extrêmes.

« Des mesures montrent qu'un arbre est l'équivalent de cinq climatiseurs qui fonctionnent pendant vingt heures, explique Jérôme Champres, directeur de projet Paysage écologie urbaine urbanisme au Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema). Mais il faut qu'il soit mature, planté dans les règles de l'art, avec une fosse généreuse et qu'il puisse puiser de l'eau. » Le sol d'accueil joue en effet un rôle capital pour que l'arbre remplisse cette fonction efficacement, mais également pour garantir sa longévité. Ce qui implique un changement dans la manière de gérer la pluie. « Dans les années 1950, le but était que la goutte d'eau qui tombe sur une route arrive le plus rapidement possible dans un réseau, puis dans une station d'épuration. L'inconvénient de cette approche est que nous ne nous appuyons pas sur le rôle tampon du sol, qui assure une meilleure recharge des nappes phréatiques, rappelle Guillaume Perrin, chef du service des réseaux de chaleur et de froid à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). L'arbre s'intègre dans cette logique de désimperméabilisation : il structure le sol et contribue au zonage tampon, pour pouvoir lui-même s'alimenter en eau. » L'arbre réduit ainsi le ruissellement en surface et augmente l'infiltration en zone urbaine. Il permettrait la rétention dans le sol de 25 % de l'eau de pluie (3) .

Un rôle de stockage du carbone et de dépollution

L'arbre joue également un rôle de purificateur de l'air. « Des études scientifiques montrent l'efficacité du couvert végétal pour réduire la pollution atmosphérique, a rappelé l'Ademe dans un guide sur l'arbre en milieu urbain (4) . Par exemple, une étude de l'université de Lancaster (Royaume-Uni) a démontré que la présence d'un alignement d'arbres réduit de 50 % la concentration des particules fines dans les logements. » Les particules sont retenues en surface par la végétation, elles tombent ensuite sur le sol avec les feuilles ou sont lessivées par la pluie. Le feuillage des arbres absorbe également certains polluants gazeux, comme l'ozone ou le dioxyde de soufre.

Par ailleurs, des racines jusqu'à la cime, les arbres constituent un refuge pour de nombreuses espèces et apportent au sol une quantité importante de matière organique. Ils contribuent aussi à améliorer le bien-être (5) pour les habitants. Enfin, ils participent également à l'atténuation du réchauffement climatique grâce à leur absorption, durant leur croissance, du dioxyde de carbone.

« La ville de New York a quantifié les apports écosystémiques des arbres : elle a pris en compte les économies d'énergie permises, celles liées au CO2, le traitement de la pollution urbaine, la gestion de l'eau lors d'averses, l'apport sur la valeur des biens immobiliers environnants ainsi que la valeur de l'arbre, indique Guillaume Perrin. Et pour un coût d'un dollar, les bénéfices engrangés étaient estimés à 5,60 dollars. »

Les bonnes espèces au bon endroit

L'objectif n'est toutefois pas de planter des arbres partout, mais de mettre les bonnes espèces au bon endroit, de trouver celles les mieux adaptées au climat et à ses changements, ainsi que de tenir compte de leur résistance aux conditions urbaines locales. « Les arbres agissent différemment selon leur essence, en fonction de la taille des feuilles, de leur armature, de leurs pores, etc. Grâce à tous les arbres qui existent, nous pouvons les panacher, en fonction des enjeux locaux et de leurs caractéristiques, choisir les plus adaptés : par exemple, dans une cour d'école, nous allons éviter les arbres avec des branches cassantes ou des épineux, ou encore des arbres produisant des fruits tachants… », illustre Jérôme Champres. Un panachage qui pourrait rendre plus vivable des quartiers mis à mal par l'évolution du climat, mais pas toujours simple à mettre en œuvre (lire notre volet 2).

1. Selon Météo-France, l'été 2022 est le deuxième été le plus chaud observé en France depuis 1900, avec un écart de + 2,3 °C par rapport à la moyenne 1991-2020. L'été 2003 reste le plus chaud (+ 2,7 °C), mais avec vingt-deux jours de vagues de chaleur.2. Télécharger les résultats du projet Cooltrees
https://www.actu-environnement.com/gestion/gestion_news/previsualisation/1662723898-cooltrees-resultats.pdf
3. Lire Managing Stormwater for Urban Sustainability using Trees and Structural Soils. Virginia Polytechnic Institute and State University, Blacksburg, VA/Day, S.D, and S.B. Dickinson (Eds.) 2008.<br />
https://www.researchgate.net/publication/303665373_GREEN_INFRASTRUCTURES_TREE_TRENCHES_FOR_STORMWATER_MANAGEMENT_IN_URBAN_ENVIRONMENTS
4. Consulter « L'arbre en milieu urbain, acteur du climat en région Hauts-de-France »5. L'Ademe rapporte dans son bilan « L'arbre en milieu urbain » les résultats de plusieurs études, dont celle de Roger Ulrich, de l'université A&M du Texas, qui a constaté que les patients hospitalisés dans une chambre avec vue sur jardin présentaient moins de douleurs et de complications et guérissaient 10 % plus vite.

Réactions1 réaction à cet article

A Sceaux, riche cité des Hauts-de-Seine, un vaste jardin magnifique avec des arbres sans doute centenaires vient d'être détruit pour construire une résidence de luxe... Tans que l'immobilier fera la loi, ces belles envolées seront totalement inutiles.

dmg | 12 septembre 2022 à 13h35 Signaler un contenu inapproprié

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