Neuf mois après qu'un employé d'un sous-traitant d'ArcelorMittal ait révélé avoir déversé des milliers de litres d'acide et de déchets non traités sur le "crassier" du site ArcelorMittal de Florange (Moselle), l'enquête piétine, déplorent 24 lanceurs d'alerte. Lundi 23 avril, ils ont rendu public un courrier adressé à la procureure de la République de Thionville et à Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique. Ils "[s'étonnent] des délais et retard pris, notamment pour les résultats des analyses des prélèvements" et regrettent qu'aucune poursuite n'aient été engagée.
Les signataires expliquent que pour le reportage "Pollution : Alertes citoyennes sur le net" diffusé le 2 avril sur Planète, les journalistes ont effectué des prélèvements et "ont obtenu rapidement les résultats qui démontrent la réalité des rejets interdits de produits dangereux". Pourtant, "l'enquête judiciaire n'a toujours pas livré ses conclusions", tout comme les résultats des analyses des prélèvements ordonnés par le Parquet.
Les auteurs de la lettre ajoutent que le reportage a confirmé que "les services de l'Etat avaient déjà signalé des manquements sur ce crassier". "Des salariés ou ex-salariés témoignent dans ce documentaire et confirment que la pratique de rejets non réglementaires était visiblement connue et courante". Enfin, "la direction d'ArcelorMittal (…) avait visiblement déjà réalisé une enquête interne bien avant cette révélation, dès qu'elle a été informée par un salarié".
Dans l'attente des conclusions de l'enquête ouverte par la Procureure, "monsieur Karim Ben Ali qui a révélé cette affaire par une vidéo personnelle diffusée sur les réseaux sociaux se trouve dans une situation difficile", déplorent les signataires. "Comme nombre de lanceuses et lanceurs d'alertes, [il] est aujourd'hui poursuivi alors que [le Parquet a] très probablement les mêmes éléments que ceux découverts par les journalistes d'investigation."