Arte revient sur le procés historique de l'amiante en Italue à travers un reportage diffusé mardi 29 novembre 2011 à 20h40.
Pendant des décennies, Monferrato Casale, ville piémontaise, a vécu sous l'emprise de l'amiante. Dans l'immense usine Eternit, spécialisée dans la fabrication de fibrociment, les ouvriers manipulaient ce minéral toxique sans protection. Le soir, ils ramenaient dans leur famille un bleu de travail couvert de poussière blanche. Constellée de morceaux de fibrociment fournis par l'entreprise, qui garnissaient les toitures ou les murs des maisons, la ville entière respirait un air vicié. L'usine a fermé en 1986, mais l'amiante continue ses ravages. En respirant ses fibres minuscules, on risque en effet deux maladies mortelles : l'asbestose, qui tue par étouffement, et le mésothéliome, cancer de la plèvre qui se déclare parfois trente ans après.
Grâce à la ténacité de simples citoyens et du procureur Raffaele Guariniello, le plus grand procès pénal jamais intenté en Europe pour une catastrophe environnementale s'est ouvert à Turin, en 2009. Pour la première fois, ce sont les propriétaires de la multinationale eux-mêmes - le Suisse Stephan Schmidheiny et le Belge Jean-Louis de Cartier de Marchienne - et non pas les responsables locaux, qui ont dû répondre de la mort d'environ 3 000 personnes, à Casale et ailleurs.
Cette procédure de grande ampleur constitue l'ossature du film. Les réalisateurs en montrent les coulisses, les comparutions clés et les témoignages poignants. Il suit aussi le parcours de Luisa Minazzi, directrice d'école de Casale, militante anti-amiante, qui, depuis 2006, lutte avec vaillance contre le mésothéliome dont elle est atteinte.
Le film enquête aussi en Inde ou au Brésil où l'amiante continue d'être produite et commercialisée, parfois au mépris de la légalité. Sur le mode du cinéma direct, il capte la réalité d'un drame industriel qui perdure, donnant chaire à une enquête très complète.