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Déchets nucléaires : la France doit lancer au plus vite ses projets de stockage, estime l'ASN

La France n'a plus le choix, estime l'Autorité de sûreté nucléaire : elle doit valider rapidement les solutions de stockage des déchets radioactifs, faute de quoi elle sera à court de solutions.

Risques  |    |  P. Collet

Le 5e plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) doit impérativement offrir une perspective de gestion complète des déchets nucléaires français, prévient Bernard Doroszczuk, ce jeudi 21 janvier. À l'occasion de sa traditionnelle conférence de presse de début d'année, le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) explique en substance que la France est maintenant au pied du mur et doit adopter un « plan des solutions ». Les études ont été faites et les solutions envisagées ont été débattues. Il est donc temps de prendre des décisions concrètes. Compte tenu des délais de mise en œuvre, si rien n'est décidé rapidement, la France ne sera plus en mesure de gérer convenablement ses déchets nucléaires à l'horizon 2035-2040.

Toutes les filières de gestion des déchets concernées

Pour le président de l' ASN, le PNGMDR doit dorénavant permettre de rentrer dans le vif du sujet. Le temps des études est révolu, des décisions doivent être prises si l'on veut disposer de solutions pérennes en 2035-2040. Ces échéances peuvent sembler lointaines, mais le temps de mise en œuvre des solutions de stockage de déchets nucléaires est si long qu'il faut valider les projets au cours du prochain PNGMDR qui couvre la période 2019-2021.

Toutes les filières sont concernées, prévient Bernard Doroszczuk. Le Cires (1) , qui accueille les déchets de très faible activité (TFA) à Morvilliers (Aube), devrait être saturé dès 2025. Le stockage peut y être optimisé, mais cela ne devrait repousser l'échéance qu'à 2028. Deux solutions sont sur la table : la valorisation de certains déchets pour réduire les volumes à stocker et la création d'un nouveau site de stockage. L'État envisage actuellement la première solution. Il existe par ailleurs des pistes pour créer de nouvelles capacités de stockage. « Il faut les concrétiser », plaide le président de l'ASN. Les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL) devront pour leur part être segmentés pour trouver les solutions de gestion adéquates, explique le président de l'ASN.

Bien sûr, le sujet concerne aussi les déchets radioactifs à haute activité, les plus dangereux. « On voit tous la difficulté d'avancer sur Cigéo », rappelle Bernard Doroszczuk, qualifiant le sujet de « redoutable ». Et de plaider pour le lancement du projet, celui-ci étant la solution reconnue internationalement pour la gestion de ces déchets. L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) s'apprête à déposer cette année une demande d'autorisation de création.

Dégradation de la radioprotection chez EDF

Pour le reste, le président de l'ASN juge que la sûreté des installations nucléaires se maintient à un niveau satisfaisant. Pour autant, Bernard Doroszczuk note « une dégradation de la radioprotection chez EDF ». Celle-ci a été constatée en 2019 et s'est accentuée en 2020. Interrogé sur le sujet, il explique qu'il s'agit d'un problème « assez répandu » constaté sur plusieurs sites. Les défaillances concernent aussi bien l'organisation des chantiers à risque que le comportement des travailleurs. Bernard Doroszczuk cite pêle-mêle des accès en zone à risque « pas totalement maîtrisés », « des absences de port du dosimètre », ou encore « une dispersion de la radioactivité sur certains chantiers ».

S'agissant des réparations des soudures de l'EPR de Flamanville (Manche), autre sujet important pour EDF, l'ASN explique que le dossier est toujours en instruction pour les huit soudures situées au niveau de l'enceinte de confinement. L'Autorité a déjà validé la phase préparatoire du chantier. Au premier semestre 2021, elle devrait donner son feu vert aux travaux. De son côté, EDF prévoit d'effectuer les réparations d'ici la fin de l'année. Quant aux autres soudures, elles sont traitées par lots : une dizaine ont déjà été réparées dans des conditions satisfaisantes, explique l'ASN, et la réparation des autres s'étalera jusqu'en 2022.

À noter que le constat globalement satisfaisant est aussi terni par le retard pris par le CEA pour démanteler ses installations à l'arrêt, et en particulier les plus dangereuses.

La Covid-19 pose des questions systémiques

Enfin, concernant, la crise sanitaire, l'ASN explique que les opérateurs ont correctement géré la situation en déployant rapidement leur plan de continuité de l'activité. Le principal impact concerne les « tensions » liées aux reports de certains arrêts de réacteur qui décalent la charge de travail et affectent leur disponibilité.

Pour l'ASN, la crise a surtout été l'occasion de revoir certaines modalités d'intervention avec notamment des contrôles à distance. La situation pose aussi des « questions systémiques », en particulier en cas d'accident nucléaire, explique Bernard Doroszczuk. Deux sujets interrogent l'ASN concernant la stratégie à déployer si un accident grave intervenait. La crise Covid-19 soulève d'abord la question de l'acceptation et du respect des mesures contraignantes qui devraient être imposées à la population. Comme pour la Covid-19, la réponse à un accident nucléaire passe par un confinement. Ensuite, la crise sanitaire révèle une certaine défiance vis-à-vis de la parole des experts, qui, là aussi, pourrait remettre en cause la portée des prises de parole de l'ASN.

1. Centre industriel de regroupement, d'entreposage et de stockage

Réactions3 réactions à cet article

Le confinement est décidément le substantif en vogue. Vous me direz, confinée pour cause d'accident nucléaire ou pour cause d'épidémie, la population commence à avoir l'habitude…
Cordialement,

Tonton Albert | 22 janvier 2021 à 10h17 Signaler un contenu inapproprié

C'est tellement rare une posture aussi volontariste ! Les solutions existent, seul manque le courage politique, dans une ambiance délétère créée par des opposants jusqu'au-boutistes. Et l'urgence est bien là : la pandémie nous rappelle la fragilité de nos sociétés, plus vite ces déchets seront inaccessibles mieux cela sera. Mais il serait bon d'avoir la même démarche pour tous les déchets toxiques, cette focalisation sur le nucléaire n'est pas de mise !

dmg | 22 janvier 2021 à 14h12 Signaler un contenu inapproprié

@dmg : je vous suis entièrement sur le principe d'une démarche volontariste pour tous les déchets toxiques. Mais attention de ne pas se tromper de solution : ce n'est parce que les déchets disparaissent de nos yeux qu'ils sont devenus inoffensifs. Enfouir en profondeur est une solution séduisante à première vue mais, ainsi que certaines anciennes mines de sel en Allemagne le montrent déjà sur le court terme, elle est loin d'être sûre. Il y aura tôt ou tard des infiltrations diffusant les polluants dans les nappes et le sol profond, des effondrements rendant les galeries inaccessibles, une altération des fûts qui ne seront alors plus du tout manipulables pour un nouveau conditionnement.
J'ai également en mémoire un reportage glaçant diffusé sur Arte relatif au coulage dans les mers d'Europe du Nord (Manche, Mer du Nord, Mer Baltique,...) de cargos remplis de munitions chimiques nazies par les Alliés après seconde Guerre mondiale afin de les faire "disparaître". Depuis, les obus et les bombes se sont corrodés sous l'action de l'eau de mer, diffusent dans l'eau de mer leur cocktails mortels et contaminent lourdement la chaine alimentaire. Certains sont parfois même remontés dans les filets des pêcheurs et brûlent les mains des marins. Et il ne semble qu'il n'y ait plus grand chose à faire tant la récupération des munitions à ce point corrodées est techniquement très difficile (et financièrement ahurissante).
L'industrie nucléaire produit trop de déchets hautement toxiques.

Pégase | 25 janvier 2021 à 11h56 Signaler un contenu inapproprié

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