Comme elle a pu le faire pour le réacteur n°1 de la centrale de Tricastin, les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim et le réacteur n°2 de la centrale du Bugey (01), l'Autorité de sureté nucléaire (1) (ASN) a décidé d'autoriser le réacteur n°4 de cette même centrale à tourner 10 ans de plus. "L'ASN n'a pas identifié d'éléments mettant en cause la capacité d'EDF à maîtriser la sûreté des réacteurs de 900 MWe jusqu'à quarante ans après leur première divergence", explique-t-elle. Ce feu vert est toutefois conditionné à la mise en œuvre de "prescriptions supplémentaires visant à renforcer le niveau de sûreté des installations."
Comme pour les autres centrales, l'examen de Bugey (2) a comporté deux phases : l'examen de conformité qui vise à vérifier qu'elle respecte bien l'ensemble des règles qui lui sont applicables, et la réévaluation de sûreté qui s'appuie sur des objectifs et des pratiques de sûreté plus récents prenant en compte le retour d'expérience national et international.
Les réacteurs 2 et 4 de la centrale du Bugey étant identiques, l'autorité a prescrit des modifications similaires : l'ASN fait ainsi état de défauts en matière de génie-civil notamment pour des charpentes métalliques (fixations manquantes ou rompues, absences d'éléments de charpente, traces de corrosion, fixations manquantes ou desserrées). L'ASN demande par ailleurs à EDF de mettre en place des procédures visant à garantir l'absence de matières inflammables dans le local lors des opérations de réception du combustible. L'exploitant va également devoir améliorer l'identification des risques d'explosion, les procédures liées aux risques de percement d'une cuve, modifier ses installations pour éviter, en cas d'accident grave, le rejet direct d'éléments radioactifs dans l'environnement, et résorber une fuite susceptible de fragiliser un local abritant des groupes électrogènes.
Dans le cadre des prescriptions fixées suite à l'accident de Fukishima, l'ASN doute de la procédure prévue par EDF pour assurer un arrêt sûr des réacteurs en cas de perte totale d'alimentation électrique et de source froide. "En effet, la centrale nucléaire du Bugey présente la particularité de ne pas disposer avec les seules capacités de stockage des bâches SER [ndlr : eau déminéralisée] de la quantité d'eau suffisante pour assurer un repli à l'état sûr de ses quatre réacteurs en situation de perte totale de la source froide", note l'ASN. EDF a prévu d'utiliser d'autres sources d'eau mais il lui est demandé de démontrer que les mesures prévues seront suffisantes. L'exploitant a également d'autres prescriptions issues du retour d'expérience post-Fukushima à mettre en place d'ici les prochains mois conformément aux échéances prévues.