Le 31 mars, l'Association des industriels de la construction biosourcée (AICB) a présenté les derniers chiffres du marché des isolants biosourcés qui connaît une « forte » progression. Entre 2016 et 2020, 130 millions de m2 de produits ont ainsi été mis en œuvre dans les bâtiments. Soit une hausse en volume de plus de 87 % et une augmentation de plus de 58 % du chiffre d'affaires en cinq ans. « La croissance en volume s'avère plus forte que celle du chiffre d'affaires car le marché se densifie et devient compétitif en termes de solutions et de prix », explique Olivier Joreau, président de l'AICB. Sur l'année 2020, 27 millions de m2 d'isolants biosourcés ont été installés, soit l'équivalent de 84 000 maisons individuelles isolées « totalement » avec ces produits, souligne M. Joreau. « Ce qui est très significatif par rapport au marché de la construction ».
Doubler la part de marché des produits d'ici 5 ans
Les biosourcés représentent désormais 10 % du marché de l'isolation en France. Une part qui pourrait « doubler d'ici cinq ans », soit 20 %, mise Olivier Joreau, avec l'arrivée en janvier 2022 de la réglementation environnementale (RE 2020) des bâtiments neufs. La filière des matériaux biosourcés est « en ordre de marche » pour répondre aux objectifs de la prochaine RE 2020, assure l'AICB. La RE 2020, qui vise à limiter l'impact carbone des constructions neuves, favorise en effet le développement des solutions biosourcées, dont le bois fait partie.
« La nouvelle réglementation va mettre en avant le stockage carbone (qui) est la particularité de nos matériaux, c'est un enjeu très important », rappelle M. Joreau. Il souligne que depuis 2016, 975 000 tonnes d'équivalent carbone (t eqCO2) ont été stockées par les isolants biosourcés. Ce qui correspond aux émissions de CO2 de « 620 000 m2 de bureaux », précise Olivier Joreau. « 1 m2 de bureau émet en moyenne 1,5 t eqCO2 par an ». Le stockage carbone « est donc évidemment un des atouts des matériaux biosourcés repris dans la RE 2020, et aujourd'hui on voit bien que c'est un impact très favorable sur les émissions de CO2 », met en avant M. Joreau.
Une filière « structurée et organisée »
Les filières industrielles biosourcées sont « au plus près » des bassins de production des gisements déjà existants, ajoute Olivier Joreau. À ce jour, la filière compte dix unités de production en France, et génère 4 000 emplois directs et indirects. « On fait travailler de l'emploi local ». L'AICB estime que les capacités de production pourraient doubler à l'horizon 2025. « Ce sont des développements qui vont se faire essentiellement sur les territoires où sont déjà présents les industriels et on peut penser qu'il y aura demain de nouvelles implantations avec de nouveaux emplois », précise le président de l'association.
La filière présente une diversité de ressources renouvelables pour répondre à la demande, ajoute-t-il. Il ne s'agit pas seulement du bois « qui est une ressource importante, mais aussi des coproduits issus de l'agriculture : le chanvre, le lin, la paille de riz qui arrive aujourd'hui et il y en aura d'autres », énumère Olivier Joreau. De même, chaque territoire « a ses particularités de sourcing, et aujourd'hui on est capable de faire des isolants avec différents types de coproduits comme ceux issus du recyclage comme le coton ou la ouate de cellulose à partir de papier recyclé ».
La filière est « structurée et organisée », réaffirme l'AICB. Elle est « prête pour répondre aux enjeux de la RE 2020 » et « massifier l'utilisation de matériaux biosourcés », assure M. Joreau. « On est sur des produits très techniques qui apportent « un plus » au bâtiment en termes de stockage carbone (…) et de confort de l'habitat », renchérit-il.
En France, la gestion des ressources est également « optimisée, même si nous avons besoin d'industrialiser certains secteurs de la transformation » souligne de son côté Dominique Cottineau, délégué général de l'Union des industriels et constructeurs bois (UICB).
Un surcoût « peu significatif » par rapport aux matériaux traditionnels
Les isolants biosourcés resteraient plus chers que les laines minérales et polystyrènes. Cependant, l'« écart de prix est peu significatif » par rapport aux produits traditionnels, défend le président de l'AICB. D'autant que les prix des produits biosourcés ont déjà baissé de 25 voire 35 % en 10 ans, rappelle Jacques Knepfler, administrateur de l'AICB.« Aujourd'hui, quand c'est bien pensé par l'architecte, on ne voit pas d'écart de coûts majeur », indique M. Joreau « À partir du moment où l'on construit en amont avec les produits biosourcés et le bois, ils sont compétitifs », souligne M. Knepfler. La massification du marché de la construction biosourcée va contribuer à « réduire les coûts globaux », ajoute Dominique Cottineau. Et favoriser « des prix très comparables à la construction traditionnelle », estime Olivier Joreau.
Par ailleurs, l'AICB a lancé un nouveau site internet (batiment-biosource.fr) dont la vocation est d'informer sur le bâtiment biosourcé et en particulier sur la filière industrielle et ses retours d'expériences.