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Actu-Environnement

Extension des consignes de tri (2/2) : comment Citeo compte gérer les plastiques peu ou pas recyclés

Citeo compte bien structurer des filières de recyclage pour les emballages en plastique qui en sont dépourvus. La répartition des volumes à recycler entre les différents acteurs en lice sera déterminante.

Décryptage  |  Déchets  |    |  P. Collet
Extension des consignes de tri (2/2) : comment Citeo compte gérer les plastiques peu ou pas recyclés

L'extension des consignes de tri (ECT) à tous les emballages ménagers en plastique s'est accompagnée d'une réforme de la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP). Citeo s'est vu confier la reprise de tous les plastiques peu ou pas recyclables. À la clé, une promesse : en centralisant les volumes entre les mains du principal éco-organisme de la REP emballages ménagers, de nouvelles filières de recyclage des plastiques vont émerger.

Alors que Citeo s'apprête à annoncer la liste des acteurs retenus pour recycler les emballages plastique peu ou mal recyclés, Actu-Environnement passe en revue l'organisation qui se met en place et ses principaux enjeux.

Trois centres de surtri

Maintenant que Citeo est le repreneur exclusif du flux en développement regroupant les emballages en plastique peu ou pas recyclés, il doit assurer un surtri pour séparer les cinq principales résines : le polyéthylène téréphtalate (PET) coloré, le PET opaque, le PET barquette, le polystyrène (PS) et les emballages souples en polyéthylène (PE) et polypropylène (PP). Jusqu'à maintenant, six à huit centres de tri le faisaient. Il s'agissait essentiellement d'installations non retenues dans le cadre de l'ECT ou disposant de capacités de tri excédentaires.

Mais, à long terme, cette situation n'est pas satisfaisante, explique Romain Lebegue, directeur du développement collecte et tri de Citeo. Tout d'abord, à mesure que l'ECT porte ses fruits et que les volumes collectés progressent, les capacités disponibles s'amenuisent. Ensuite, les centres n'ont pas forcément été conçus pour ce travail de tri qui impose notamment de pouvoir séparer de petits emballages. Conséquence, selon Citeo : le résultat de la valorisation de ce flux entre 2020 et 2022 n'est pas à la hauteur. Le taux de recyclage n'atteint que 70 à 75 %, pour un objectif règlementaire fixé à 92 % (et réduit à 90 % à partir de 2023).

Citeo a donc lancé un appel à manifestation d'intérêt (AMI) avec dialogue compétitif et retenu trois candidats, parmi une dizaine. Les lauréats, qui doivent adapter leur site (voire en construire un nouveau), les mettront en service progressivement au fil de 2023 : le site d'Environnement Massif central (EMC), à Mendes (Lozère), traitera 15 000 tonnes par an à partir du printemps ; celui de Bourgogne Recyclage, à Ruffey-lès-Beaune en Côte-d'Or, sera en service à partir de mai (avec une capacité annuelle de 30 000 tonnes) ; et celui de Suez, à Épinal dans les Vosges, ajoutera 25 000 tonnes de capacité annuelle en novembre.

Un AMI plutôt qu'un guichet ouvert

Cette solution, qui mise sur trois sites spécialisés, est une première source de critiques. Les professionnels des déchets déplorent la préférence affichée pour les appels à projets qui, en mettant en concurrence les opérateurs, entraîne mécaniquement une baisse de leurs marges. Ainsi, Christophe Viant déplore que Citeo n'ait pas proposé un guichet ouvert. Chaque centre de tri en capacité de trier le flux en développement aurait ainsi pu le faire en étant rémunéré en fonction du tonnage traité, explique le président de la branche plastiques de la Fédération des entreprises du recyclage (Federec). Le coût ? De l'ordre de 250 euros la tonne, estime-t-il. Ce montant est, semble-t-il, assez proche du coût des trois centres retenus par Citeo.

Mais, pour l'éco-organisme, la procédure par appel à projets n'est pas en cause. Il s'agit même de la règle pour cette activité, explique Romain Lebegue, rappelant que le code de l'environnement impose ce type de procédure transparente aux éco-organismes.

Que deviendront ensuite les résines triées ? En décembre, Citeo a déjà annoncé avoir retenu deux opérateurs pour recycler quelque 10 000 tonnes d'emballages en polystyrène (PS), soit 10 % du gisement français annuel de 100 000 tonnes. Eslava assurera pendant six ans le recyclage mécanique de 2 000 tonnes par an à Valence (Espagne). L'entreprise espagnole maintient ainsi un approvisionnement monté par Valorplast. Ce dernier organisait déjà le recyclage des emballages en PS triés par les collectivités territoriales qui lui en confiaient la reprise. La nouveauté est l'arrivée du recyclage chimique qui est censé assurer un retour du PS au contact alimentaire : le belge Indaver recevra 8 000 tonnes par an, en neuf ans, pour alimenter son usine en construction à Anvers. Le démarrage de cette installation, qui devrait absorber, à terme, 60 000 tonnes de polystyrène, est annoncé en 2024 (sa capacité annuelle initiale devrait être de l'ordre de 26 000 tonnes de PS et de polyoléfines).

L'arrivée de nouveaux acteurs change la donne

Citeo devrait annoncer prochainement les lauréats des appels d'offres lancés pour recycler les quatre autres flux (le PET coloré, le PET opaque, le PET barquette et les emballages souples en PE et PP). L'éco-organisme va offrir aux (heureux) lauréats un contrat d'approvisionnement de six à neuf ans, afin de leur « donner de la perspective dans la durée », explique Romain Lebegue.

Du côté des recycleurs, les craintes sont palpables. Et cela d'autant plus que les politiques en place (notamment la prime à l'incorporation en France) et à venir (les futurs taux d'incorporation européens) dopent la demande en matière recyclée. « On a vu bondir les carnets de commandes de certains recycleurs », constatait en janvier Vincent Coissard, sous-directeur Déchets et Économie circulaire au ministère de la Transition écologique, à l'occasion des Rencontres Amorce éco-organismes. Aujourd'hui, les acteurs ont le sentiment qu'on leur coupe l'herbe sous les pieds au moment même où leurs investissements passés portent leurs fruits.

Déjà, certains croient savoir que des acteurs historiques seraient plus ou moins bien servis. Les noms de Machaon [un spécialiste du recyclage des films PE basé à Châlons-en-Champagne (Marne)] ou de Freudenberg [un acteur historique de la production de fibre de polyester à partir de PET coloré basé à Colmar (Haut-Rhin)] fusent sans qu'il soit possible de savoir précisément s'ils ont réussi à convaincre Citeo (la confidentialité est de mise tant que les contrats ne sont pas signés). D'autres croient savoir que des sites étrangers de pyrolyse seraient en passe de gagner des parts de marché.

Recherche des procédés les plus qualitatifs

Surtout, les acteurs regrettent que Citeo soit devenu l'unique détenteur de la matière. Auparavant, explique Olivier Vilcot, le marché fonctionnait avec de multiples vendeurs et acheteurs qui s'entendaient autour de prix de reprise relativement stables. Avec les appels d'offres, explique le président du Syndicat des régénérateurs de matières plastiques (SRP), il faut proposer un prix « en aveugle » sans savoir ce que font les concurrents. Un prix trop bas prive le recycleur de matière et un prix trop élevé renchérit ses coûts et dégrade sa compétitivité. Et la question n'est pas anodine pour le syndicat : son groupe de travail « emballages » est le plus important, les emballages représentant 40 % de l'activité de ses adhérents et certains d'entre eux ne travaillent qu'à partir de ces déchets.

Les régénérateurs de plastiques craignent que les appels d'offres ne favorisent le lancement d'une filière de recyclage chimique (l'investissement annoncé serait de l'ordre de 7 milliards d'euros, à l'échelle européenne), au détriment du recyclage mécanique déjà établi. Cette orientation pourrait s'opérer par la sélection d'unités capables d'assurer un retour au contact alimentaire. « Ce critère est important, assez pondéreux dans la note finale, mais pas exclusif », nuance Romain Lebegue.

Le représentant de Citeo rappelle surtout que la montée en gamme des matières recyclées répond aux attentes des metteurs en marché. Ces derniers cherchent à rendre recyclables leurs emballages et veulent donc pouvoir bénéficier de ces efforts en intégrant de la matière recyclée. Et le recyclage mécanique n'est pas forcément évincé : il permet déjà le retour au contact alimentaire du PET clair et du PET opaque et il devrait bientôt le permettre pour le PET coloré (le procédé est en cours d'homologation par l'Union européenne).

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