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Adaptation au changement climatique : l'aide de l'Europe en faveur des pays vulnérables manque d'efficacité

Une initiative de la Commission européenne, mise en œuvre entre 2007 et 2020, devait aider les pays les plus vulnérables à s'adapter au changement climatique. La Cour des comptes européenne critique un dispositif trop complexe et peu pertinent.

Gouvernance  |    |  N. Gorbatko
Adaptation au changement climatique : l'aide de l'Europe en faveur des pays vulnérables manque d'efficacité

En 2007, la Commission européenne avait proposé l'instauration d'une Alliance mondiale contre le changement climatique (AMCC), financée par son instrument de coopération au développement et par le Fonds européen de développement. Objectif : aider les pays pauvres, les plus touchés et les plus démunis face à ce phénomène, à prévenir les catastrophes naturelles et à s'y préparer. Son approche reposait sur deux piliers : stimuler le dialogue et le partage de connaissances, d'une part, fournir un soutien technique et financier aux mesures d'adaptation, d'atténuation et de réduction des risques de catastrophes, d'autre part.

Dans ce but, l'Union européenne (UE) avait d'abord débloqué 50 millions d'euros (M€), prioritairement destinés aux pays les moins avancés (PMA) et aux petits États insulaires en développement (PEID), à compléter par les États membres. Les financements alloués à cette initiative se sont finalement élevés à quelque 729 M€, dont 309 M€ pour la première phase, entre 2007 et 2013, et 420 M€ pour la seconde phase, baptisée AMCC+, entre 2014 et 2020.

Des mesures mal évaluées

Selon un rapport de la Cour des comptes européenne, publié mercredi 15 février, cette initiative a bel et bien permis de soutenir une centaine d'actions dans plus de 80 pays, essentiellement situés en Afrique, notamment dans les secteurs de l'environnement et des ressources naturelles, de l'agriculture et de la sécurité alimentaire. Son audit portant sur une dizaine de projets montre pourtant que l'Alliance n'a pas tenu toutes ses promesses.

“ Il aurait été possible de réduire les coûts ” Cour des comptes européenne
Sur le plan de l'efficience, les actions menées à terme ont certes généralement produit les réalisations attendues, notent les auditeurs. « Mais il aurait été possible de réduire les coûts », soulignent-ils. Pour la plupart des programmes, ils reprochent à la Commission de ne pas avoir suffisamment analysé, en amont, la pertinence et l'adéquation des montants octroyés. Les coûts de gestion se sont par exemple avérés très variables, particulièrement élevés dans le Pacifique.

En aval, les actions n'ont pas non plus été suffisamment évaluées, faute d'indicateurs pertinents. L'aide apportée aux autorités nationales, régionales ou locales ne s'est par ailleurs pas assez transformée en mesures d'adaptation concrètes pour les populations. Les activités pilotes couronnées de succès auraient ainsi pu bénéficier à davantage de personnes.

Les populations ciblées peu touchées

Mais les auditeurs regrettent surtout que le soutien de cette Alliance n'ait pas d'abord aidé les États qui en avaient le plus besoin. Selon leur rapport, les critères d'affectation des fonds imposés par la Commission, notamment pour la deuxième phase de cette initiative entre 2014 et 2020, se sont traduits par l'octroi d'un soutien proportionnellement moindre aux pays les plus vulnérables. Compte tenu de la taille limitée des fonds dont disposait l'Alliance, des choix ont dû être faits quant aux pays à cibler, plaide pour sa part la Commission. « L'instabilité politique et institutionnelle dans certains pays et/ou l'absence de conditions de sécurité suffisantes sur le terrain, ainsi que la nécessité d'optimiser les résultats obtenus au cours de la première phase de l'initiative dans certains pays ont joué un rôle dans la sélection des projets dans certains pays plutôt que dans d'autres », explique-t-elle.

Cette discrimination a aussi produit des effets à l'échelle des populations. « En raison du coût lié à l'utilisation des nouvelles technologies, il a été plus difficile pour les ménages les plus pauvres de bénéficier du programme », soulignent par exemple les auditeurs. Peu d'actions ont par ailleurs visé spécifiquement les besoins des femmes. L'AMCC(+) n'était pas la seule source de financement destinée aux pays les moins avancés et aux petits États insulaires en développement, se défend en retour la Commission : « d'autres interventions liées au climat financées par l'UE et par d'autres donateurs ont été mises en œuvre pendant le cycle de vie de l'initiative AMCC(+) ».

Une mobilisation des fonds médiocre

Malgré la multiplicité des canaux utilisés pour communiquer sur l'initiative (publications, sites internet, chaînes YouTube, forums…), la visibilité de l'Alliance et la sensibilisation des parties prenantes à ses objectifs ont également posé des problèmes. Difficile à distinguer des autres actions de lutte contre le changement climatique soutenues par l'UE, cette initiative est restée méconnue dans les pays en développement, tout comme en Europe. Son efficience a aussi souffert de la complexité de son organisation, notamment, de la présence de doublons en matière d'appuis et de sources de financement. Tout au long de la période couverte, l'AMCC n'a ainsi pas permis de mobiliser les fonds supplémentaires prévus auprès des Vingt-Sept et du secteur privé.

Finalement, à l'échelle des pays et dans la durée, l'expérience n'a pas convaincu la Cour des comptes européenne. « Nous avons constaté que l'impact de l'initiative sur la résilience des pays au changement climatique n'était pas démontré », indiquent ces représentants. En 2020, la Commission avait décidé de ne pas la reconduire, préférant financer des actions via une aide thématique et géographique, pour la période 2021 à 2027,  au titre de l'instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale. Mais les leçons de l'expérience de l'AMCC pourraient lui servir. Pour ces futures initiatives, « la Commission européenne devrait se concentrer sur les populations les plus touchées par le changement climatique et tenir compte de l'expérience acquise », insiste Hannu Takkula, responsable du rapport au sein de la Cour des comptes européenne.

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