Le Groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire (Ensreg) a publié ses conclusions sur les stress tests européens réalisés par 17 pays (15 Etats membres de l'UE, la Suisse et l'Ukraine). Ce rapport clos la troisième et dernière étape de ces audits de sûreté à savoir l'examen par les pairs des rapports des autorités de sûreté de chaque état concerné. Les dix-sept rapports nationaux couvrant toutes les centrales nucléaires de l'UE et celles des pays participants ont été évalués par 80 examinateurs de 24 Etats et la Commission européenne.
L'Ensreg et la Commission européenne estiment que "le travail accompli depuis l'accident de Fukushima a été d'une qualité exceptionnelle tant d'un point quantitatif et qualitatif." Ces audits ont par ailleurs permis d'identifier des "domaines d'amélioration sur lesquels travailler" : publier des lignes directrices de l'association des Autorités de Sûreté de l'Europe de l'ouest (Wenra) en tenant compte de la meilleure expertise de l'UE et des lignes directrices existantes de l'AIEA ; souligner l'importance de l'examen périodique de la sûreté des installations nucléaires ; mettre en oeuvre des mesures reconnues pour protéger l'intégrité du confinement et réduire au maximum les accidents résultant de catastrophes naturelles.
Selon la Commission européenne et l'Enserg ces stress tests ont également permis de fournir de précieuses informations sur tous les événements déclenchant des accidents graves, y compris les accidents d'avions, risque régulièrement mis en avant par les associations défavorables à l'énergie nucléaire.
Le Commissaire Günther Oettinger a toutefois précisé que "des visites supplémentaires de centrales nucléaires vont être réalisées pour évaluer en détail certains éléments de sûreté". Seuls 38 des 147 réacteurs européens ont en effet pu être inspectés.
Les experts satisfaits des recommandations faites par l'ASN en France
Concernant les risques naturels, les experts confirment les conclusions de l'ASN de réaliser d'autres études afin de fournir une évaluation complète des marges de sécurité et des dimensionnements par rapport aux conditions atmosphériques extrêmes. Les inondations sont clairement visées mais pas seulement. Les experts recommandent à l'ASN d'inclure également les tornades, les précipitations lourdes, les températures extrêmes et toutes les combinaisons possibles. Ils recommandent de considérer les conditions météorologiques extrêmes dans la définition du "noyau dur" de sûreté proposé par l'IRSN.
Concernant le risque de perte d'approvisionnement en électricité, les experts constatent qu'il y a une redondance et une diversité dans les possibilités d'alimentation en électricité et en refroidissement pour assurer les fonctions de sûreté dans les centrales nucléaires françaises. Ils évoquent toutefois un risque "d'effet falaise", c'est-à-dire d'une dégradation brutale des conditions d'exploitation. Mais les travaux et mesures demandées par l'ASN aux exploitants les ont, semble-il, convaincus. En cas de coupure, les experts remarquent que les batteries de secours prévues ont une faible autonomie. Ils conseillent par conséquent à l'ASN de demander des batteries plus puissantes et de prévoir un moyen de les recharger.
Pour la gestion des accidents graves, les experts constatent que l'exploitant suit une approche basée sur les recommandations de la Wenra."Avant l'accident de Fukushima la philosophie française de sûreté n'a pas considéré qu'un accident grave peut être provoqué par un événement externe extrême", rappelle-t-il ; tout en constatant que l'ASN a désormais pris ces risques en considération en demandant des améliorations en la matière aux exploitants. Améliorations qualifiées "d'adéquates". Mais ils rappellent que ces mesures doivent être appliquées dès que possible, indépendamment des bilans périodiques de sûreté réglementaires.