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L'augmentation des émissions de méthane en 2020 renferme un paradoxe écologique

En 2020, malgré la crise sanitaire du Covid-19, la concentration du méthane dans l'atmosphère a augmenté de 50 %. Une nouvelle étude internationale a identifié deux coupables : le réchauffement climatique et l'amélioration de la qualité de l'air.

Gouvernance  |    |  F. Gouty
L'augmentation des émissions de méthane en 2020 renferme un paradoxe écologique

Une équipe de chercheurs américains, chinois, norvégiens et français a résolu un récent mystère particulièrement inquiétant pour le climat. Pour autant, une partie de la réponse n'est pas rassurante.

En 2020, la première année de la pandémie de Covid-19 a interrompu, avec son lot de confinements, la plupart des activités humaines à travers le monde, y compris toutes celles liées aux transports gourmands en combustibles fossiles. Pourtant, ce qui aurait pu constituer une aubaine accidentelle pour le climat n'en a pas exactement été une. En un an, la concentration moyenne du méthane (CH4), l'un des gaz à effet de serre au potentiel de réchauffement climatique les plus élevé, a bondi de 15,1 parties par milliard (ppb), soit une augmentation d'environ 50 %. Il s'agissait alors de la plus forte hausse annuelle observée par l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) depuis le début de ses mesures atmosphériques en 1984. D'après l'étude publiée le 14 décembre (1) dans la célèbre revue scientifique Nature, deux raisons sont à l'origine de ce phénomène : la première est naturelle et constitue l'une des conséquences directes du réchauffement climatique, mais l'autre est anthropique et rentre même en conflit avec l'amélioration de la qualité de l'air.

Premier coupable : la « transpiration » des zones humides

Selon les modèles et simulations statistiques réalisés par les chercheurs, notamment du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE (2) ), une première moitié (environ 47 %) de ce bond de méthane dans l'atmosphère se justifie par une modification des conditions météorologiques dans les zones humides dans les hautes latitudes nord et autour du tropique du Cancer. En 2020, une hausse globale de l'humidité et de la température a entraîné l'émission naturelle d'une plus grande quantité de méthane contenue dans les marais et autres tourbières de l'hémisphère nord – six millions de tonnes de plus en un an, plus exactement. Directement liée au réchauffement climatique, « cette augmentation des émissions de méthane dans les régions contenant des zones humides tropicales et septentrionales où les précipitations devraient augmenter à l'avenir pourrait amplifier le réchauffement climatique » dans une sorte de cercle vicieux, signalent par ailleurs les chercheurs.

Second coupable : l'amélioration de la qualité de l'air

“ Au vu de ce qui a été observé en 2020, la réduction des NOx pourrait à son tour accélérer la hausse de la concentration de méthane ” Auteurs de l'étude
La seconde raison émise par ces derniers, pour expliquer l'autre moitié (53 %) de cette augmentation historique de méthane dans l'atmosphère, est indirectement de nature anthropique. La réduction massive des transports, notamment urbains et aériens, en raison des mesures sanitaires, a entraîné une réduction temporaire des émissions d'oxydes d'azote (NOx) et de formation d'ozone (O3). Cependant, ces polluants atmosphériques amènent la présence de radicaux hydroxyles (OH), considérés comme les « principaux responsables de l'élimination du méthane dans l'atmosphère » par les climatologues. Les OH élimineraient environ 85 % du méthane émis dans le monde chaque année. La baisse des émissions de NOx a néanmoins conduit à une diminution estimée de 1,6 % des OH par rapport à 2019 et, ainsi, à une plus forte concentration de méthane dans l'atmosphère.

Paradoxalement, l'amélioration de la qualité de l'air pourrait donc passer par une accumulation de gaz à effet de serre. L'essentiel, selon les chercheurs, est avant tout d'attaquer le problème du méthane à la racine. « Les efforts réalisés dans le cadre de l'Accord de Paris pour réduire l'utilisation de combustibles fossiles, ainsi que l'adoption de mesures de réduction de la pollution de l'air diminueront probablement les émissions de NOx à l'avenir, en déduisent les scientifiques. Au vu de ce qui a été observé en 2020, la réduction des NOx pourrait à son tour accélérer la hausse de la concentration de méthane. Nous devrons donc adopter des mesures d'atténuation encore plus contraignantes sur le méthane. » Pour rappel, lors de la COP 26 en novembre 2021, plus de 100 pays se sont engagés à réduire d'au moins 30 % les émissions mondiales de méthane d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2020.

1. Accéder à l'étude publiée dans la revue Nature.
https://www.nature.com/articles/s41586-022-05447-w
2. Le LCSE est rattaché au Centre national de recherche scientifique (CNRS), au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et à l'université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.

Réactions4 réactions à cet article

Avec la spéculation frénétique actuelle portant sur les méthaniseurs agricoles industriels, générée par pur effet d'aubaine fiscal, comment va-t-on arriver à réduire les émissions de méthane dans l'atmosphère ? Car ces méthaniseurs fuient, tôt ou tard, et cela de façon tout autant industrielle.
Et l'on voit fleurir dans les villes les bus au "bio-gaz" tout bien repeint en vert : le greenwashing agro-industriel se porte très bien, merci pour lui !
La réalité climatique, quant à elle, n'a qu'à s'adapter, en somme.

Pégase | 20 décembre 2022 à 10h05 Signaler un contenu inapproprié

Il faut revoir les objectifs de développer des méthaniseurs en France, qui ont un certain pourcentage de fuites, les digestats relarguant aussi du méthane, de l'ammoniac. Ce méthane obtenu donnant qualifié de vert mais très foncé. En campagne ces super méthaniseurs devraient collecter des déchets végétaux sur plusieurs communes, donc trafic énorme de camions sur des routes de campagne pas adaptées, les intrants ne devraient pas être des récoltes (conflit d'usages) , mais qui contrôle ? Aujourd'hui selon France info 4/12/2019 T Baïetto "la législation interdit - en théorie- de mettre plus de 15% de cultures principales dédiées". Cultiver du maïs, très consommateur d'eau, d'engrais, traitements chimiques, et de gas oil pour les machines agricoles, tracteurs pour cultiver récolter pour en faire du gaz, est une aberration que ne devraient pas accepter les Chambres d'Agriculture. Le gaz méthane fossile a mauvaise presse, mais comme le pétrole, ils ne manquent à personne. C'est la banque énergétique, qu'il conviendrait de ne pas dévaliser ! Paradoxalement, les organismes COP. les gouvernements des pays riches, capitalistes, ne jurent que par les développements des énergies renouvelables, "nouvel eldorado" et plus il y a consommation des "vilaines" énergies fossiles. Le cynisme est de vouloir des explorations "avec vols humains" sur des planètes,ex. Mars, alors que des robots ont tout trouvé hydrates, va t-on ramener de l'eau à 1€/L ? STOP Ne Pas polluer la Terre d'abord!

J Cl M 44 | 20 décembre 2022 à 10h44 Signaler un contenu inapproprié

@ J CI M 44 : "[...] une aberration que ne devraient pas accepter les Chambres d'Agriculture." : celles-ci étant très largement toutes acquises aux intérêts de l'agro-industrie et de la finance, croyez-vous vraiment que les chambres ont un quelconque intérêt à juguler le gonflement de cette bulle spéculative ? C'est tout le contraire : leurs élus ont tout intérêt à ce que la corne d'abondance primes PAC à l'intensif + fiscalité de la méthanisation industrielle ne se tarisse surtout pas.

Pégase | 20 décembre 2022 à 11h01 Signaler un contenu inapproprié

Je ne suis pas d'accord avec vous. Si le réseau est bien structuré et bien pensé, la méthanisation est une excellente source d'énergie renouvelable. Cependant, il ne couvrira qu'un petite partie des besoins français. De mémoire, c'est entre 15 et 20%, mais il faudrait se renseigner.
On ne peut pas être contre tout. Il faut faire des choix qui ne satisferont jamais à tout le monde. C'est le principe de la démocratie représentative. C'est très imparfait, mais pour l'instant, on n'a pas trouvé mieux!

Erikk | 03 janvier 2023 à 17h00 Signaler un contenu inapproprié

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