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Harmon'Yeu : l'autoconsommation collective à l'échelle d'un quartier résidentiel

Sur l'île d'Yeu, une vingtaine de foyers ont testé l'autoconsommation collective pendant trois ans, comme producteurs ou consommateurs. Retour sur cette expérimentation, pilotée par Engie.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  S. Fabrégat
Harmon'Yeu : l'autoconsommation collective à l'échelle d'un quartier résidentiel
Environnement & Technique N°389
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°389
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L'autoconsommation collective connaît un succès croissant en France, avec une multiplication par deux du nombre de projets en un an. Fin février, 169 opérations étaient décomptées par Enedis, avec près de 300 projets à l'étude.

Le projet pilote Harmon'Yeu est l'un des premiers à expérimenter le partage de production photovoltaïque entre des particuliers. Lancé en 2020 par Engie sur l'île d'Yeu (Vendée), il a permis de tester des outils de pilotage, de stockage, mais aussi d'appréhender les évolutions de comportement chez les producteurs et consommateurs participant à une opération d'autoconsommation collective. Après trois ans, Engie se retire du projet, mais les membres de cette communauté énergétique ont souhaité poursuivre l'aventure. Les producteurs ont racheté les installations solaires et vont désormais tester la vente directe du surplus de production.

Une expérimentation à l'échelle d'un quartier

Vingt-trois maisons du quartier de Ker Pissot ont participé au projet : cinq producteurs et dix-huit consommateurs. Soixante-quatre panneaux ont été installés au total, pour une puissance de 23,7 kilowatts crête (kWc). « L'objectif était de réaliser des tests pour comprendre les rouages, les leviers et les freins de l'autoconsommation collective, mais aussi la perception, la compréhension et l'intérêt que pouvaient y trouver les particuliers, explique Audrey Dugal, directrice développement chez Engie. Nous avons également testé différentes technologies de pilotage dynamique du surplus de production. » Une batterie de 15 kWh a été installée pour absorber les surplus non consommés par la communauté. Six ballons d'eau chaude ont également été programmés pour se déclencher au moment de la production solaire.

Harmon'Yeu en chiffres

- 23 maisons individuelles situées dans le quartier de Ker Pissot ;
- 5 producteurs et 18 consommateurs ;
- 23,7 kWc, soit 64 panneaux solaires ;
- 96 % d'autoconsommation ;
- 28 % des consommations électriques couvertes ;
- un prix de revente fixé à 0,10 €/kWh.

Des résultats instructifs

Au bout de deux ans d'expérimentation, le taux d'autoconsommation moyen monte à 96 %, un chiffre particulièrement élevé. « La communauté est équilibrée : selon nos observations, en moyenne, un producteur peut supporter les besoins de trois ou quatre maisons, analyse Audrey Dugal. Par ailleurs, les membres ont progressivement fait évoluer leurs usages, en décalant certaines consommations pendant les périodes de production solaire. »

Une application avait été mise à disposition des participants pour qu'ils évaluent la part de solaire dans leurs consommations. « Mais ils l'utilisaient très peu, ils regardaient plutôt leurs factures d'électricité. Nous n'avons donc pas poursuivi dans cette voie. » Idem pour les outils de pilotage et de stockage qui étaient finalement très peu sollicités. « En concertation avec les membres, nous les avons retirés. »

L'opération, prévue pour deux ans, est entièrement financée par Engie : pose de panneaux et distribution d'électricité gratuites. « Mais rapidement, il y a eu un consensus pour continuer et essayer de faire grandir la communauté. Nous avons donc prolongé l'expérimentation d'un an et procédé à des simplifications techniques. Et nous avons travaillé sur le modèle économique pour que ce soit rentable pour chacun », raconte Audrey Dugal.

Les cinq producteurs ont racheté leur installation solaire. Ils vont désormais revendre le surplus de production à leurs voisins. Le début d'une nouvelle aventure.

Un modèle économique à éprouver

« On prend le risque de continuer, mais si on ne vend pas notre surplus, ce ne sera pas rentable », prévient Antoine Vinet, l'un des producteurs. Sur sa toiture, 5 kWc ont été posés. Une installation surdimensionnée par rapport à ses besoins, mais qui permet justement un partage du surplus. « Aujourd'hui, je peux me vanter de produire l'équivalent de ma consommation sur une année, 6 000 à 7 000 kWh par an. Mais cela ne veut pas dire grand-chose ! En ayant décalé certaines consommations, comme le lave-linge ou la recharge du véhicule électrique, je me situe autour de 25 % d'autoconsommation », explique l'Islais. La revente du surplus devrait lui assurer de rentabiliser son installation solaire.

« L'augmentation de 15 % du prix de l'électricité a convaincu tout le monde de poursuivre ! Nous procédons actuellement aux changements de statuts, détaille-t-il. Mais c'est assez complexe. Il faut que chaque producteur signe un contrat avec chaque consommateur. Les questions de facturation ne sont pas simples, nous allons donc faire appel à Enogrid, mais cela a un coût. »

Selon ses estimations, il faudrait entre dix et quinze producteurs et une trentaine de consommateurs pour que ce coût de facturation soit absorbé. « Mais être 30 ou 40 autour de la table, ça peut être compliqué ! » Les membres de la communauté doivent en effet s'entendre sur le prix de revente et les clés de répartition du surplus produit. « Le tarif a été décidé en assemblée générale. On s'est alignés sur le prix de l'obligation d'achat, 0,10 €/kWh, pour être attirant pour le consommateur. » La communauté entend également recruter de nouveaux consommateurs. L'un d'entre eux réfléchit à devenir lui-même producteur.

Engie planche sur d'autres typologies d'autoconsommation collective

Du côté d'Engie, le bilan est positif. « L'expérimentation a été lancée alors que l'autoconsommation était peu répandue en France et la réglementation incomplète. Nous avons pu participer aux réflexions sur les évolutions réglementaires », explique Audrey Dugal. Un décret a notamment mis en place, en 2021, un tarif de réinjection pour le surplus non autoconsommé, afin de sécuriser les modèles économiques. Par ailleurs, il n'est plus nécessaire d'être attaché à un même poste de distribution pour participer à une opération. « Il reste cependant la contrainte géographique de deux kilomètres entre les deux membres les plus éloignés. Des discussions sont engagées pour étendre ce périmètre à cinq kilomètres et augmenter la puissance installée totale, de 3 à 10 MWc. »

Engie compte aujourd'hui une trentaine de projets à l'étude, hors champ des particuliers. « Il y a une appétence forte des TPE et PME pour se protéger des fluctuations des prix de l'énergie. Ces opérations sont possibles dans des zones industrielles, des parcs d'activité… » Le logement collectif constitue une autre piste intéressante, « pour rendre accessible le photovoltaïque, y compris à des particuliers qui n'ont pas les moyens d'y accéder ». Enfin, de plus en plus de collectivités réfléchissent à solariser leurs bâtiments publics pour créer des communautés énergétiques patrimoniales.

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