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L'autoconsommation solaire innove en connectant les énergies

Batterie virtuelle, électromobilité, production d'hydrogène : l'énergie solaire autoproduite mais non autoconsommée a désormais l'avenir devant elle.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  F. Gouty
L'autoconsommation solaire innove en connectant les énergies

L'autoconsommation photovoltaïque séduit de plus en plus de particuliers, d'entreprises et de collectivités. Grâce à son cadre réglementaire plus permissif et encourageant, elle favorise la production et la consommation d'une électricité renouvelable, non seulement locale, mais également, par nature, décorrélée des prix du marché, en hausse. L'autoconsommation totale de son électricité autoproduite suppose cependant la réinjection et la revente d'un certain surplus. L'énergie solaire reste en effet intermittente, sur le plan journalier comme saisonnier.

L'énergie fournie au plus fort de l'été, à midi, excède bien souvent les besoins du consommateur, tandis que le manque de soleil, la nuit ou en période hivernale, le force à dépendre encore, partiellement, du réseau électrique. Comment alors gérer cette intermittence ? Par quels moyens valoriser ce surplus ? De nombreuses solutions, matérielles, logicielles et virtuelles, se développent actuellement pour y répondre.

Mieux gérer le surplus

L'intention première d'un autoconsommateur est de rentabiliser son surplus d'énergie afin de s'approcher du mieux possible de l'autoconsommation totale. « Le défi des énergies renouvelables, c'est la question de l'intermittence, confirme Ondine Suavet, directrice générale et cofondatrice de l'entreprise MyLight Systems. Mais elles dépendent de la météo et sont donc aussi prévisibles, grâce à de bons algorithmes. »

Dotée d'une équipe de 30 ingénieurs et informaticiens, MyLight Systems projette de lancer une solution logicielle, basée sur l'intelligence artificielle, l'année prochaine. Ce dispositif, inclus dans le forfait de l'installation photovoltaïque, permettra de notifier le consommateur, au jour le jour, sur les périodes de production d'énergie et ainsi de le conseiller sur les heures les plus favorables au fonctionnement, par exemple, de sa machine à laver. « L'être humain sait parfaitement s'adapter à l'intermittence s'il a suffisamment d'informations, affirme Ondine Suavet. Nous avons oublié cette connaissance depuis que l'énergie nucléaire nous abonde constamment en électricité. Il faut simplement réapprendre à consommer autrement. »

Aujourd'hui, l'entreprise propose également à ses clients son service MySmart Battery, qui se substitue à une batterie de stockage physique souvent très coûteuse (5 000 euros en moyenne, pour une capacité d'un peu moins de 10 kWh). Grâce à un compteur électrique intelligent relié à la base de données de MyLight Systems, le service comptabilise le volume d'électrons produits non utilisés dans le « cloud ». Lorsque l'autoconsommateur souhaite en bénéficier, le système quantifie ce besoin, le compare au stock virtuellement inscrit dans le « cloud » et traite alors les électrons du réseau d'électricité appelés comme s'ils provenaient du surplus.

La société EverWatt, spécialisée, quant à elle, dans l'autoconsommation collective, s'oriente plutôt vers la redistribution du surplus. Avec le cabinet d'architectes XTU, elle développe hamo+, un projet de reconversion de friches en écoquartier dont les habitants sont en autoconsommation collective grâce à des logements et parkings couverts de panneaux solaires. Le quartier, équipé d'un réseau électrique intelligent (ou « smart grid »), « redistribue efficacement le surplus d'électricité chez les voisins ou par le biais de bornes de recharge à l'extérieur des logements », explique André May, président d'EverWatt. Selon ce dernier, l'intérêt de l'autoconsommation collective dans la gestion du surplus, « c'est une baisse efficace du prix de l'électricité par l'effet du circuit court ». Néanmoins, ajoute André May, « cela nécessite du foncier, des toits et des friches, et donc l'appui des collectivités territoriales et de leurs élus ».

Valoriser le surplus

L'électricité autoproduite en excès peut également servir à alimenter d'autres usages. Actuellement, le surplus d'électricité peut, notamment, venir alimenter un chauffe-eau solaire, comme Stock-O de la société Systovi. Cela étant dit, « s'il n'y a qu'une innovation à retenir, c'est tout ce qui va concerner l'électromobilité », déclare Alexandra Batlle, secrétaire générale du bureau d'études Tecsol. Selon elle, le lien entre autoconsommation solaire et mobilité électrique se fera naturellement au fil de l'électrification massive des usages : « Avec de plus en plus de bâtiments solarisés, le plus intéressant sera que la consommation locale, par exemple en matière de mobilité, puisse provenir des bâtiments alentours. »

L'avenir pourrait donc être favorable à la borne de recharge pour véhicules électriques directement alimentée par les panneaux solaires de son parking, de sa maison ou de son lieu de travail. Des chercheurs de CentraleSupélec, dont Yannick Perez, imaginent déjà qu'en 2030, 50 % des véhicules électriques seront couplés aux panneaux photovoltaïques, qui équiperont eux-mêmes 70 % des toits de nos villes.

“ Le solaire a un rôle à jouer sur l'hydrogène vert
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Alexandra Batlle, Tecsol
L'autre grande solution de valorisation future réside dans l'hydrogène (ou plutôt, le dihydrogène, H2). « Le solaire a un rôle à jouer sur l'hydrogène vert », atteste Alexandra Batlle, évoquant un projet d'autoconsommation d'une zone d'activité économique (ZAE) sur lequel elle travaille. Ce projet consacrera une partie de son électricité pour alimenter les bâtiments et une autre pour produire de l'hydrogène, lequel sera consommé par des flottes de poids lourds ou de bus locaux.

Atlantech, pôle énergétique pilote de La Rochelle, a inauguré, le 27 octobre, un démonstrateur de boucle d'autoconsommation collective s'appuyant de la même manière sur l'hydrogène. Le bâtiment et le parking du laboratoire du site, Lab'In Tech, produisent de l'électricité photovoltaïque qu'ils autoconsomment. Le surplus d'électricité produite rebascule vers un électrolyseur hydrogène à proximité. « Aujourd'hui stocké dans des bonbonnes, l'hydrogène sera disponible à la pompe dans les mois qui viennent pour des véhicules du site équipés : voitures, vélos, vélos cargo, etc. », explique la direction du pôle Atlantech. Et à en croire les plans d'investissement du gouvernement, cette association entre énergie solaire (prioritaire parmi toutes les énergies renouvelables) et l'hydrogène, profitant déjà d'un investissement de 9 milliards d'euros, ne fait que commencer.

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