Cet avis fait suite à la demande de la Commission européenne d'évaluer les études récentes sur la nocivité du BPA. Les scientifiques de l'EFSA (groupe de travail sur les matériaux en contact avec les aliments) n'ont pas modifié leur avis rendu en 2008 et estiment ainsi que ''les données actuellement disponibles n'apportent pas d'éléments probants concernant une toxicité neurocomportementale du Bisphénol A à faibles doses''.
S'ils reconnaissent que certaines études font état ''d'effets indésirables chez les animaux exposés au Bisphénol A pendant leur développement'', (modifications biochimiques au niveau du système nerveux central, effets sur le système immunitaire, sensibilité accrue au cancer du sein) , ces effets sont ''à un niveau inférieur à celui utilisé pour établir la DJT actuelle'' . ''La pertinence de ces résultats par rapport à la santé humaine ne peut être évaluée'', soulignent-ils. Cependant, si de nouvelles données ''utiles sont rendues disponibles dans le futur, le groupe scientifique reconsidérera l'avis actuel''.
Alors que certaines études épidémiologiques humaines suggéraient ''des liens entre l'exposition au BPA, les maladies coronariennes et des troubles de la reproduction'', la conception de ces études ''ne permet pas de conclure si le BPA constitue bien la cause de ces effets sur la santé'', ajoutent les scientifiques alors qu'il est soupçonné d'être un perturbateur endocrinien.
Seul un expert a recommandé que la dose journalière tolérable soit ''temporaire'' tout en estimant ''qu'on ne puisse pas se baser sur ces études pour établir une DJT inférieure''.
Un avis contesté
Ce nouvel avis a provoqué un tollé chez les associations. Le Réseau Environnement Santé (RES) considère que l'EFSA a fait ''le choix de s'appuyer sur une poignée d'étude issues de l'industrie chimique au mépris de toutes les règles de déontologie de l'expertise qui consiste à prendre en considération toutes les études publiées''. ''Ce comportement de l'EFSA sur le BPA est exactement de même nature que celui qu'elle a sur la question des OGM. La nomination d'une ancienne lobbyiste proOGM ayant dissimulé ses liens d'intérêts à la présidence du CA de l'EFSA montre que l'EFSA est aujourd'hui plus un lieu de lobbying qu'une agence en charge de la protection de la santé des européens'', a dénoncé l'association. Cette dernière demande que ''le Parlement Européen forme une Commission d'enquête sur la déontologie de l'EFSA''.
De son côté, le Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC) regrette que le nouvel avis de l'EFSA ''ne prenne pas en compte l'effet cocktail des produits chimiques''. Le BEUC invite ''la Commission européenne à appliquer le principe de précaution et interdire le Bisphénol A des produits de consommation''.
Outre les biberons, rappelons que le Bisphénol A est aussi présent dans les canettes, boîtes de conserve, bouteilles réutilisables ou ciments dentaires. Pour des raisons sanitaires, la France a déjà interdit la vente des biberons contenant du Bisphénol A, qui est également banni au Danemark, au Canada, en Australie et dans plusieurs Etats américains.