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L'Ademe estime que le compostage du plastique compostable n'est pas du recyclage

L'Ademe considère que le compostage d'emballages en plastique compostable n'est pas de la valorisation matière. L'Agence fixe des conditions strictes à leur emploi et suggère de renforcer les normes et la réglementation.

Déchets  |    |  P. Collet
L'Ademe estime que le compostage du plastique compostable n'est pas du recyclage
Actu-Environnement le Mensuel N°437
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°437
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« Le compostage d'un emballage en plastique compostable ne peut être considéré comme du recyclage car la matière (…) n'est plus disponible pour fabriquer un nouveau produit. » Telle est la principale conclusion d'un avis rendu le 26 mai par l'Agence de la transition écologique (Ademe). Intitulé « Les limites des emballages en plastique compostable (1)  », l'Ademe y fixe deux conditions à leur emploi : les emballages destinés au compostage doivent « nécessairement » contribuer à augmenter les quantités de biodéchets valorisés et ne pas perturber les filières de traitement des déchets. Aujourd'hui, seuls les sacs (fournis ou non par la collectivité) utilisés pour la collecte des biodéchets ménagers et les capsules de café répondent à ces exigences. L'Agence estime aussi que les normes doivent être renforcées.

Cet avis s'inscrit dans la droite ligne des réserves émises depuis plusieurs années par plusieurs acteurs et autorités : l'Ademe, dès 2018, avec les résultats mitigés d'une expérimentation et, en 2019, dans un avis sur les sacs plastique pour les fruits et légumes ; Citeo, en 2019, lui aussi sur la base d'une étude ; l'Agence européenne pour l'environnement (AEE), en 2020 ; l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), en 2022 ; et la Commission européenne, en 2022.

La matière est transformée en CO2

En 2019, l'Ademe constatait déjà que les sacs en plastique compostables « n'apportent pas ou très peu, par eux mêmes, de bénéfice agronomique au compost permettant une économie de matières fertilisantes ». Aujourd'hui, « ce constat peut être généralisé à tous les emballages en plastique compostable ». En cause : le carbone contenu dans ces plastiques est transformé en CO2 lors de la décomposition. « L'emballage n'est donc pas recyclé par compostage », constate l'Ademe, qui estime que « le compostage de plastique compostable peut être considéré comme une élimination, et repositionné (…) dans la hiérarchie des modes de traitement des déchets ».

“ Le compostage de plastique compostable peut être repositionné (…) dans la hiérarchie des modes de traitement des déchets ” Ademe
Pour autant, l'emballage en plastique compostable « peut éventuellement présenter un intérêt », mais « dans le seul cas » où il facilite la collecte de biodéchets. En conséquence, la conception d'un emballage en plastique compostable doit être réalisée en ce sens et tenir compte des contraintes des filières de gestion des déchets d'emballages. Et, à ce sujet, l'Ademe rappelle que le décret 3R de 2021 impose que les emballages en plastique à usage unique disposent d'une filière de recyclage d'ici à 2025 et qu'ils ne perturbent pas les chaînes de tri et de recyclage.

Compostables, mais rarement compostés

Ces considérations réglementaires, couplées à l'extension des consignes de tri à tous les emballages et au tri à la source des biodéchets en 2024, ont des conséquences pratiques. Dans les faits, « les emballages en plastique compostables atteignent rarement une plateforme de compostage ». Ceux des ménages sont le plus souvent jetés dans le bac jaune (et éliminés en refus de tri) ou avec les ordures ménagères.

Ceux servant à la collecte des gros producteurs de biodéchets arrivent effectivement dans une plateforme de compostage. Mais ils sont souvent extraits des biodéchets avant compostage. La raison ? Faute de distinguer les plastiques compostables de ceux qui ne le sont pas, les gestionnaires de plateforme préfèrent les extraire pour éviter tout risque de pollution. Ils sont aussi supprimés parce que la durée de compostage des biodéchets n'est pas toujours compatible avec celle du compostage de ces sacs.

Éviter la présence de résidus dans le compost

Pour résoudre toutes ces difficultés, l'Ademe considère qu'il faut éviter que les plastiques composables ne perturbent les processus de compostage et de méthanisation et que des morceaux de plastique soient encore présents au moment d'épandre la matière sur les sols. « Même [en respectant les conditions retenues pour fixer les normes], des morceaux de plastiques inférieurs à 5 mm ont été observés au bout de douze mois en compostage domestique et au bout de six mois en compostage industriel », explique-t-elle. En outre, les normes n'abordent pas la méthanisation. « Il est donc primordial de renforcer les normes », estime l'Ademe.

Le code rural aussi doit évoluer pour prendre en compte l'évaluation de l'innocuité du retour au sol des résidus des plastiques compostables. Aujourd'hui, « l'impact des résidus de plastiques (additifs notamment) dans les matières fertilisantes n'est à ce jour pas connu ».

1. Télécharger l'avis de l'Ademe
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-41878-avis-ademe-emballages-plastique-compostable.pdf

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