''Les risques associés à la fabrication et à l'usinage de ces matériaux portent essentiellement sur la toxicité potentielle des fibres de carbone lors d'expositions cutanées ou respiratoires'', explique l'Afsset dans son avis. Un contact avec les constituants des matériaux composites notamment les résines époxydes peut en effet provoquer des dermites irritatives et allergiques. L'exposition respiratoire résulte quant à elle de la manipulation des composants. La fibre peut en effet se scinder en microfibrilles plus fines capables de pénétrer profondément dans les bronches lors de certaines opérations.
Certaines études animales montrent des interactions entre les fibres de carbone et le milieu biologique. Même si certaines sont éliminées naturellement de l'organisme, une persistance au niveau du poumon a été mise en évidence pour des fibres supérieures à 20 µm chez le rat. Mais les données sur la toxicité de ces fibres sont encore trop peu nombreuses. De même, les quelques études expérimentales in vitro de cytotoxicité, de mutagénicité et de génotoxicité donnent des résultats contradictoires, en fonction de la nature des fibres testées.
Mettre en place une démarche de prévention des travailleurs
L'agence recommande toutefois de faire le nécessaire pour mieux connaître les expositions des travailleurs et invite les employeurs à se saisir du sujet. Elle préconise surtout de privilégier les mesures collectives pour éliminer ou réduire les risques : substitution des produits les plus dangereux, recours aux moyens d'aspiration et de filtration ou à défaut déployer les équipements de protection individuels adaptés.
L'Afsset appelle par ailleurs à la multiplication des études sur le sujet surtout pour mettre au point une métrologie des nombreux polluants recensés dans la filière et mieux connaître les effets sanitaires. ''Le carbone et le graphite font l'objet d'une obligation d'enregistrement au sens de la réglementation Reach avec, à terme, la mise à disposition de données sur leur toxicité mais cette réglementation devrait s'appliquer aux fibres commercialisées et non à celles plus fines générées par l'usinage'', remarque l'Afsset.
L'Agence s'interroge également sur la présence de nanotubes de carbone dans certaines fibres de carbone en cours de développement et recommande d'intégrer ces produits dans les programmes de recherche en cours comme le programme Génésis visant à évaluer les risques sanitaires et environnementaux liés à la production de nanotubes de carbone.