Des voitures électriques mais surtout moins de voitures sur les routes. C'est bien comme ça que la question de la pollution de l'air liée au trafic routier devra être traitée selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire et environnementale. L'Anses publie un nouvel avis rédigé à la demande des ministères de la Santé et de la Transition écologique. Elle y met à jour les connaissances sur les effets sanitaires des particules présentes dans l'air ambiant et analyse leurs évolutions à l'aune des nouvelles technologies de mobilité.
Trois nouveaux indicateurs sanitaires à suivre
De nouvelles données confirment également l'effet sanitaire des poussières en provenance de déserts (silice), notamment sur la santé respiratoire de l'enfant.
Enfin, l'Anses souligne la nécessité de poursuivre les efforts de recherche sur les effets sur la santé associés à l'exposition à d'autres sources de particules telles que l'agriculture, le transport maritime, l'activité aéroportuaire pour lesquelles peu de données sont disponibles actuellement.
L'Anses signale également un possible impact sur la santé neurologique et la santé périnatale : "Le corpus d'études sur ce sujet est encore limité et les nouvelles indications sont faibles et suggèrent un effet du carbone suie et des particules ultrafines sur le développement des performances cognitives de l'enfant, ainsi qu'un effet du carbone suie sur le faible poids de naissance."
Pour l'agence, il y a donc "nécessité d'agir" sur ces sources pour limiter les pollutions et intégrer les trois polluants que sont les particules ultrafines, le carbone suie et le carbone organique dans les indicateurs d'évaluation des politiques publiques de qualité de l'air, en complément des indicateurs de particules PM2,5 et PM10 actuellement en vigueur.
Les évolutions technologiques du parc automobile auront des effets bénéfiques…
Conformément au deuxième axe de sa saisine, l'Anses a évalué l'évolution de la qualité de l'air selon différents scénarios de transformation du parc automobile en zone urbaine dense. Elle a concentré ses scénarios sur l'Ile-de-France, et a fait varier, à l'horizon 2025, la part des évolutions technologiques : généralisation du filtre à particules, recul des motorisations Diesel au profit de l'essence ou de l'électrique, etc.
Résultats : l'Anses note une "évolution favorable" de la qualité de l'air ambiant, quels que soient les scénarios envisagés. "Les simulations se traduisent par une baisse des concentrations moyennes annuelles, importante pour des polluants du trafic comme le carbone suie et le dioxyde d'azote. Les diminutions sont plus limitées pour les particules en masse totale (PM2,5 et PM10) et leurs fractions organique et inorganique provenant de diverses autres sources et de processus de transformation dans l'atmosphère." Néanmoins, les valeurs guides de l'OMS pour une exposition à long terme aux PM2,5 restent dépassées sur la quasi-totalité du territoire, fait savoir l'agence qui apelle par conséquent à réduire le trafic routier.
…mais pas suffisants
Un scénario plus ambitieux, associant la promotion des véhicules électriques en zone urbaine et une réduction du trafic routier, conduit à des réductions d'émission plus marquées localement en zone urbanisée et plus densément peuplée. Ainsi, les émissions annuelles de carbone suie et de PM2,5 par le trafic seraient réduites d'au moins 30 %. "Les évolutions de technologies du parc de véhicules permettront une diminution plus ou moins marquée de la pollution de l'air ambiant selon les scénarios, mais elles seront insuffisantes pour améliorer, à elles seules, la qualité de l'air ambiant dans les agglomérations", conclut l'Anses.
L'agence recommande ainsi d'encourager la promotion des technologies alternatives et surtout la réduction du trafic, à travers notamment le renforcement des autres modes de mobilité, dans le cadre des politiques d'amélioration de la qualité de l'air. "La réduction du trafic peut, entre autres, être encouragée par le renforcement des transports en communs, de l'intermodalité (différents moyens de transports lors d'un même trajet tels que l'automobile, transports en commun, modes de transport actifs, …) et de modes actifs de transport (marche à pied, vélo, …)", rappelle l'agence.