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Actu-Environnement

Déchets radioactifs : le retard pris dans la gestion des déchets d'Iter inquiète l'ASN

La gestion des déchets d'Iter inquiète l'Autorité de sûreté nucléaire : le site d'entreposage ne sera pas prêt à temps et les volumes attendus sont mal évalués. Elle appelle à la création d'un groupe d'experts rassemblant toutes les parties prenantes.

Risques  |    |  P. Collet

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s'inquiète de l'absence de solution de gestion des déchets contenant du tritium. Les déchets métalliques tritiés posent d'autant plus problème que leur volume va centupler avec Iter et que la solution de gestion initialement prévue ne sera pas prête. Elle souhaite que l'étude des solutions de gestion de ces déchets soit confiée à un groupe ad hoc rassemblant toutes les parties prenantes.

Telles sont les points saillants de l'avis relatif aux 1 350 m3 de déchets radioactifs dits « sans filière » rendu par l'ASN dans le cadre de l'élaboration du cinquième plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR). Cet avis traite de déchets nécessitant des filières de gestion spécifiques : déchets contenant du tritium (dits « déchets tritiés ») ; sources scellées usagées ; huiles et liquides organiques ; déchets radioactifs d'établissements hors secteur électronucléaire produits en très faibles quantités.

30 000 m3 de déchets tritiés

Pour la plupart de ces déchets, l'avis ne formule pas de remarque  particulière, hormis un appel renouvelé à « poursuivre activement » les travaux pour mettre en œuvre des filières de gestion adaptées, et cela, dans le cadre d'« un calendrier robuste, précisé dans le PNGMDR ». Dans ce contexte, la gestion des déchets tritiés se démarque, tant l'autorité multiplie les critiques. Le sujet n'est pas nouveau, puisque dans un avis d'août 2009, elle recommandait déjà « que les besoins en capacité d'entreposage des déchets tritiés soient anticipés et qu'une démarche de précaution soit développée ».

Au cœur des inquiétudes figure la gestion de ceux produits par Iter. Le PNGMDR 2016-2018 prévoyait que ces déchets solides fortement tritiés soient entreposés à Cadarache (Bouches-du-Rhône) dans une installation du CEA appelée « Intermed ». Mais aujourd'hui les modalités de gestion de ces déchets et le calendrier de construction d'Intermed « apparaissent incertains ». Les incertitudes liées à certains aspects d'Iter ont retardé le projet d'entreposage et « la décision d'en engager la construction n'a pas été prise ».

En conséquence, elle « recommande » une mise à jour de l'inventaire des déchets qui seront produits par le projet de réacteur expérimental international de fusion nucléaire pour que les caractéristiques définitives d'Intermed puissent être arrêtées. Ce travail doit être fait « dans les meilleurs délais » et concerne aussi bien les déchets produits lors de l'exploitation d'Iter que ceux générés par son démantèlement.

Jusqu'à récemment, l'estimation du volume de déchets tritiés d'Iter était d'environ 30 000 m3. Mais ce chiffre fait l'objet d'« incertitudes importantes ». À titre de comparaison, l'ensemble des petits producteurs gêneront quant à eux « moins d'une centaine de m3 »

La durée d'entreposage des déchets tritiés inquiète

L'Autorité ne s'inquiète pas uniquement pour l'avenir. Elle tacle aussi la gestion actuelle des déchets tritiés des petits producteurs qui sont entreposés dans une installation nucléaire secrète située à Valduc (Côte-d'Or). Cet entreposage « n'est pas justifié par d'éventuels besoins de protection des informations au titre de la défense ». Et puisque Intermed ne sera probablement pas disponible en 2033, comme prévu initialement, l'autorité recommande que l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) prenne le relais et mette en place des capacités d'entreposage. Et cela, « dès que possible ».

Plus globalement, l'ASN demande que l'analyse des scénarios de gestion des déchets tritiés fassent l'objet d'une procédure pluraliste. Celle-ci passe par la création d'un groupe de travail qui associe l'ensemble des parties prenantes concernées ou susceptibles de l'être.

Parmi les sujets à mieux prendre en compte figure la mobilité du tritium dans l'environnement. Et de rappeler que cette propriété impose des « moyens adaptés, tels qu'un confinement approprié [des] systèmes de traitement de l'air extrait des installations [d'entreposage] ».

La durée d'entreposage envisagée est aussi critiquée. Celle-ci pourrait être « supérieure à 50 ans », relève l'Autorité qui s'inquiète que « l'inventaire des déchets tritiés concernés ainsi que la durée d'entreposage associée ne [soient] pas précisés, ni justifiés ». Elle demande donc qu'un entreposage sur de telles durées « [soit] dûment justifié et, en tout état de cause, limité aux déchets tritiés pour lesquels cette option est adaptée ».

Enfin, l'ASN tacle le CEA au sujet d'un scénario qui prévoit l'incinération de ces déchets à l'issue de l'entreposage. « Dans son principe, l'incinération de l'ensemble des déchets tritiés, qui conduirait à rejeter dans l'environnement le tritium qu'ils contiennent sous ses différentes formes, n'est pas acceptable du point de vue environnemental », rappelle-t-elle.

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